Insuffisance cardiaque : le CHU de Caen confirme l’efficacité du télé-suivi à domicile

Le CHU de Caen se félicite des bons résultats du télé-suivi à domicile des patients insuffisants cardiaques. Avec à la clé une diminution de 46% des réhospitalisations et des décès. Le dispositif de "Suivi Clinique à Domicile" (SCAD) par télémédecine est proposé aux patients dans les suites d'une hospitalisation pour décompensation cardiaque sur une durée de 3 mois.
Le CHU de Caen se félicite des bons résultats du télé-suivi à domicile des patients insuffisants cardiaques. Avec à la clé une diminution de 46% des réhospitalisations et des décès. 
Le dispositif de "Suivi Clinique à Domicile" (SCAD) par télémédecine est proposé aux patients dans les suites d’une hospitalisation pour décompensation cardiaque sur une durée de 3 mois.
En pratique, un questionnaire interactif est envoyé quotidiennement au patient sur sa tablette relatif à ses symptômes, son alimentation, son traitement, son activité physique, etc. L’ensemble de ces informations se trouvent ainsi immédiatement transmises à une équipe référente du SCAD, sous la direction du Dr Rémi Sabatier et du Dr Annette Belin, cardiologues au CHU de Caen, pour analyse et suivi de l’évolution. En retour, le patient reçoit des messages automatiques d’encouragements et/ou de mise en garde, ainsi que des rappels éducatifs, complétés par des contacts de l’équipe de suivi.
Un taux de réhospitalisation diminué de moitié
Ce type de prise en charge, mis en place depuis 2005 au CHU de Caen, montre un bénéfice significatif sur l’état de santé des patients, selon l’étude randomisée SEDIC (suivi éducatif à domicile de l’insuffisant cardiaque) dont l’établissement est promoteur. "Nous avons observé une diminution des réhospitalisations et des décès de 46%, souligne le Dr Rémi Sabatier. Ceci est surtout le résultat d’une diminution de la gravité des réhospitalisations lorsqu’elles surviennent dans l’année suivant le SEDIC, grâce à un changement de comportement durable des patients." L’étude révèle ainsi un taux de ré-hospitalisation diminué de moitié (26,7 % vs 53, 4 % pour les patients non suivis par le dispositif SCAD télémédecine).
Le suivi de 200 patients par an
L’insuffisance cardiaque reste la cause d’hospitalisation la plus fréquente chez les patients âgés de plus de 65 ans. Selon la Fédération française de cardiologie, le coût socio-économique de sa prise en charge est estimé à près de 1,5 milliards d’euros par an en France.
"On considère qu’un patient hospitalisé pour insuffisance cardiaque aiguë sera de nouveau hospitalisé dans l’année dans 50 % des cas, explique le spécialiste. Plus de la moitié de ces réhospitalisations pourraient être évitées par une meilleure éducation des patients à la gestion de leur maladie." 
Le dispositif est actuellement développé dans plusieurs hôpitaux (CHU de Caen, Clinique de la Miséricorde à Caen, Cherbourg, St Lô, Lisieux, Flers, Avranches-Granville) et des centres de rééducation (Hôpital Côte Fleurie, Centre William Harvey). Il permet ainsi de suivre 200 patients par an sur la Basse-Normandie, et sera dans l’avenir élargi à d’autres populations de patients. 
Étendre cette prise en charge à d’autres maladies
"L’éducation thérapeutique et le suivi par la télémédecine permet au patient de mieux reconnaître les signes d’alerte de l’insuffisance cardiaque et de le rendre proactif dans le suivi de sa maladie", insiste le Dr Rémi Sabatier, qui déplore que moins de 30 % des patients insuffisants cardiaques bénéficient d’un suivi optimal post-hospitalisation.
La région souhaite s’inscrire dans une démarche de pérennisation et d’extension du SCAD qui pourrait prévoir de nouveaux protocoles de prise en charge pour d’autres maladies chroniques (Diabète, insuffisance respiratoire ou rénale, etc.). L’objectif vise à soutenir l’interrégionalité avec un rapprochement naturel vers les autres régions comme par exemple la région Centre Val de Loire.
Le SCAD est promu par l’Association régionale APRIC (Amélioration de la Prise en Charge de l’Insuffisance Cardiaque), soutenue et financée par le Conseil Régional de Basse-Normandie, et l’ARS, et organisé par le GCS TéléSanté. 

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