Itinéraires sensibles d’une mémoire collective

A l'heure où Strasbourg se prépare à inaugurer son nouveau CHU qualifié de plus grande réalisation hospitalière du début du XXIème siècle (85 000m², 712 lits...), une artiste, Catherine Gier, accompagne l'établissement dans sa profonde mutation culturelle. En 2008, l'institution plusieurs fois centenaire se métamorphosera en un vaisseau amiral prêt à combattre toutes les formes de pathologies. 400 000 consultants et hospitalisés et 9 000 personnels sont concernés par ce changement.

A l’heure où Strasbourg se prépare à inaugurer son nouveau CHU qualifié de plus grande réalisation hospitalière du début du XXIème siècle (85 000m², 712 lits…), une artiste, Catherine Gier, accompagne l’établissement dans sa profonde mutation culturelle. En 2008, l’institution plusieurs fois centenaire se métamorphosera en un vaisseau amiral prêt à combattre toutes les formes de pathologies. 400 000 consultants et hospitalisés et 9 000 personnels sont concernés par ce changement.

Devant tant de gigantisme, l’intervention de l’artiste s’est fait légère, quasi aérienne. Catherine Gier est partie à la rencontre de la mémoire collective qui habite les espaces de vie et de travail. Une contemplation des us et coutumes de chaque lieu avec pour repère une carte sensible de l’hôpital civil, de ses odeurs, ses bruits, de ses visions insolites ou irréelles, belles ou choquantes…

Du 6 au 18 octobre 2005, 47 lieux tirés au hasard ont fait l’objet de 14 heures et 36 minutes de contemplation par 212 regards. Les contemplateurs, patients ou personnels, ont découvert ou redécouvert le territoire à travers cette approche sensible. A l’issue des séances, ils ont rempli un questionnaire dont la traduction plastique vient colorer un livre intitulé « poème statistique ». Dans cet ouvrage original, les données statistiques recueillies sont détournées des logiciels au profit d’une ligne graphique, de pages de couleurs, d’arc-en-ciel, de cercles, comme autant d’empreintes de la vie et de l’écoulement du temps en ces lieux.

Pour Patrick Guillot, Directeur Général des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, ce travail décalé interroge la mécanique bien huilée du fonctionnement hospitalier : «Parallèlement à notre exigence d’efficacité et de rentabilité traduite souvent par des données mathématiques et objectives, notre communauté doit continuer à transformer ses contraintes afin de donner du sens, de la rencontre, de l’hospitalité ».

Diplômée de l’Ecole des Arts décoratifs de Strasbourg, Catherine Gier réalise des projets impliquant une relation au public durant le processus de réalisation. Elle crée des espaces spécifiques (bureau, dortoir, bureau de vente immobilière) qui prennent l’aspect lisse et contrôlé des services liés au bien-être ou à l’administration publique. Elle propose au spectateur d’entrer dans le dispositif afin de ressentir sa singularité et de porter un regard différent sur son environnement. Les données sensibles collectées au cours de ces performances sont souvent traitées statistiquement et prennent une forme plus conceptuelle (tableaux chromatiques, diagrammes …).  » Elle intervient également depuis fin 2004 au sein du collectif Interiméquipe d’artistes dont elle est membre fondateur et participe au projet Précaritas lancé par le Syndicat Potentiel en avril 2007.

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