Quand la vie d’autrui est en jeu, que les professionnels sont amenés à réagir en urgence, la mise en situation par la simulation enseigne les réflexes fondamentaux et apporte la confiance indispensable à la cohésion de l’équipe. C’est la seule méthode qui associe apports théoriques, gestes techniques et gestion émotionnelle du stress. Enjeu majeur de la formation des médecins et infirmiers, cet enseignement est porté par le CHU de Nîmes et la faculté de Médecine Montpellier-Nîmes avec en perspective la création d’un centre d’apprentissage par la simulation…
"Au bloc opératoire, M Dupont, patient au CHU de Nîmes allongé sur la table, respire par un masque d’anesthésie « Quand vous allez vous endormir, on va vous appuyez sur le cou, c’est normal » rassure le médecin anesthésiste. M Dupont ferme les yeux. Le scope indique une fréquence cardiaque normale, la saturation augmente, le patient est hypertendu ce qui n’est pas surprenant au vu de ses antécédents. M Dupont a 78 ans, il présente une obésité et un diabète insuliné. Cela fait 12 heures qu’il vomi. Pour l’équipe, c’est une urgence digestive. Prise de tension toutes les trois minutes, la pression du ballonnet est vérifiée mais très vite M. Dupont présente « un drôle de tracé ». Le médecin annonce « Il est en fibrillation, on choc ! »
Cette scène pourrait être réelle sauf que M. Dupont est un mannequin de simulation. Mardi 19 juin 2012 à la faculté de Médecine de Montpellier Nîmes, une démonstration était retransmise aux professionnels de santé de la Région en partenariat avec le CHU de Nîmes. L’objectif de l’apprentissage de la simulation est simple : jamais la première fois sur le patient « C’est la première fois que j’ai un choc anaphylactique, et c’est vrai que je préfère que ce soit avec un mannequin » s’exclame spontanément l’interne en Anesthésie pendant le débriefing de la séance.
Si la simulation est un concept très ancien dans le domaine de l’aviation par exemple, le CHU l’intègre depuis 2001 dans ses programmes de formations initiales et continues en urologie, gynécologie, en digestif ou pour les gestes d’urgence. La formation par simulation au bloc opératoire permet à toute l’équipe médicale et paramédicale de tester son fonctionnement et les prises de décisions avec un réalisme surprenant et ainsi de renforcer la communication et la coordination.
Concrètement, au cours de l’opération, l’ordinateur va déclencher une crise complexe ou non, concernant un problème matériel, médical ou de gestion de l’équipe. La simulation est destinée aussi bien à l’étudiant en médecine lors de l’apprentissage des sutures par exemple, qu’au praticien confirmé qui souhaite acquérir de nouvelles techniques de pointe comme la chirurgie robotique. Certaines de ces formations peuvent être ouvertes aux personnels paramédicaux : IDE (infirmiers), IBODE ((infirmiers de bloc opératoire), IADE (infirmiers en anesthésie), puéricultrice. Le débriefing a été mené par les Dr Lara Zoric et Dr Laurent Mattatia, anesthésistes-réanimateurs au CHRU de Nîmes.
Les disciplines concernées sont les urgences, la pédiatrie, la réanimation, la gynécologie-obstétrique, l’ORL, le digestif, l’urologie, la gastro-entérologie… Cette pluridisciplinarité fera la force de ce centre tout comme le projet spécifique de simulation de situation de crise, la disponibilité de personnel déjà formé pour porter ce centre, la fédération des équipes autour de ce projet commun et l’activité déjà en place du CESU (Centre d’Enseignement aux Soins d’Urgences).
« Lors d’une situation de stress, on doit s’occuper du patient mais aussi de l’équipe, le timing doit être précis. » estime le Professeur Michel Prudhomme, chef du service de chirurgie digestive et coordonnateur de l’enseignement. La simulation permet de recenser les événements, de les analyser et d’apporter les informations pédagogiques nécessaires. « C’est un apprentissage actif participatif » complète le Pr Jacques Ripart, Chef du service Anesthésie Douleur partie prenante du projet. Cette approche est soutenue par la Direction du CHU de Nîmes : « Les enjeux sont multiples : sécurisation des soins, enseignement des techniques de base jusqu’au techniques de pointe comme sur le robot chirurgical, et aussi enjeux de partenariat entre bien sûr l’Hôpital et l’Université mais aussi entre le CHU et les Partenaires Industriels, c’est pourquoi nous mettons tout en œuvre pour la création du centre de simulation Nîmois. » conclut Nicolas Best Directeur général adjoint au CHU de Nîmes. La synergie entre les équipes et les disciplines autour du projet et la proximité du CHU et de la faculté sont des gages de réussite, reste à trouver le financement."
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A l’occasion de la deuxième édition du CHU Healtech Connexion Day, qui s’est tenu à Marseille le 20 novembre dernier et rassemblé près de huit-cents personnes, dix-neuf projets lauréats de recherche hospitalo-universitaires (RHU) ont été annoncés. La majorité d’entre-eux ont été directement coordonnés par un CHU.