Le CHU de Rennes a réussi à augmenter de 37% le taux de couverture vaccinale de son personnel en concevant une campagne sur mesure qui s’appuie sur les motivations des personnels et lutte contre les idées reçues. Explications…
Chaque année, plus de 800 patients atteints de grippe sont hospitalisés au CHU de Rennes. Compte tenu de leur proximité avec les malades, les professionnels de santé sont susceptibles de contracter cette infection virale très contagieuse et de la transmettre. Malgré cette exposition très importante, ils sont encore peu nombreux à se faire vacciner contre la grippe. Enjeu majeur pour la protection de tous les usagers de l’hôpital, le CHU a lancé une vaste enquête afin d’identifier les freins et les motivations liés à la vaccination. A la lumière des enseignements obtenus, il lance une opération de communication pour contrer les idées reçues.
Bien qu’au-dessus de la moyenne nationale, le taux de couverture vaccinal du personnel du CHU en 2017/2018 peinait à attendre les 24% d’après les statistiques du service de santé au travail. Pourtant en première ligne face au risque de contagion, pourquoi les trois quarts des soignants refusaient-ils de se faire vacciner contre la grippe? Pour comprendre ce paradoxe et mieux organiser la campagne de vaccination anti-grippe 2019-2020, que le CHU de Rennes a lancé une étude auprès de ses professionnels.
Une enquête pour comprendre les freins et motivations liés à la vaccination contre la grippe
En septembre 2018, une première phase d’enquête auprès des soignants et professionnels au contact des patients était lancée par les services de santé au travail, de maladies infectieuses et de santé publique. Ainsi 985 soignants (69% de taux de réponse) ont pu être interrogés via un questionnaire anonyme, administré directement au sein de 30 unités de soins tirées au sort. Réaffirmant l’enjeu de la vaccination pour la protection des patients, cette étude a permis d’estimer la couverture vaccinale du personnel du CHU à environ 33,5%.
Vaccination contre la grippe : de fortes disparités entre catégories de professionnels.
Les « médecins-internes-sages-femmes » étaient les plus nombreux à se faire vacciner à 87%, suivi par les « cadres de santé-infirmiers » à 31%, et les « autres personnels de soins et médico-techniques » à 25%. Et ce taux n’atteignait que 17,8% chez les « aides-soignants et brancardiers » pourtant en contact permanent avec les patients.
Afin de mesurer les effets des actions engagées lors de la campagne vaccinale 2018-2019, et améliorer encore l’organisation des campagnes vaccinales de l’établissement, une seconde enquête a été conduite en juin 2019 auprès de 1056 personnels répondants (taux de réponse 70%).
Les principaux enseignements retirés : l’augmentation de la couverture vaccinale du personnel (+37%), la persistance de carences sur la connaissance de la grippe et l’existence de nombreuses craintes sur son vaccin.
Ainsi, 83 % de non-vaccinés doutent de l’efficacité du vaccin et 48% craignent d’attraper la grippe en se faisant vacciner… Principales craintes des non-vaccinés 83% doutent de l’efficacité du vaccin 62 % craignent des effets indésirables 56% estiment avoir une immunuté suffisante 48% ont peur de se faire inoculer la grippe par la vaccin 21% avouent avoir un manque de connaissance sur la grippe 30% pensent que les mesures barrières (port du masque…) sont suffisantes
Fort de ce constat, le CHU de Rennes a lancé une campagne d’affichage pour lutter contre les idées reçues sur le vaccin contre la grippe
En amont de la campagne vaccinale 2019 et pour convaincre davantage de professionnels de la nécessité de se faire vacciner compte-tenu de la gravité potentielle de la grippe pour eux-mêmes, leur entourage et les patients fragilisés (enfants, femmes enceintes, personnes âgées, immunodéprimé-e-s…), le CHU a initié, dans les services et sur son intranet, une campagne d’affichage destinée à combattre les idées reçues sur le vaccin contre la grippe.
Les messages
"Pour protéger les patients, il suffit que je mette un masque à l’arrivée des 1ers symptômes"
FAUX
Un adulte infecté est contagieux 24 à 48h avant l’arrivée des symptômes de la grippe
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"Se faire vacciner contre la grippe ne sert à rien apparemment le vaccin n’est pas efficace"
FAUX
Le vaccin réduite moitié les formes graves de grippe et sauve 2 000 vies par an
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Autres mesures : les lieux de vaccination ont été étendus notamment aux restaurants du personnel, et des passages renforcés dans les services viennent compléter ce dispositif.