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Juin 2018 : situation financière des hôpitaux et polémique sur l’accès aux greffons rénaux

Réactions au déficit des centres hospitaliers universitaires et polémique sur la répartition des greffons rénaux ont marqué le mois de juin 2018. Suite à la communication des résultats financiers 2017 des CHU par la Conférence des directeurs généraux de CHU, de nombreux titres se sont fait l’écho du déficit des centres hospitaliers universitaires qui s’élève en 2017 à 268 millions d'euros, contre 52 millions en 2016.
Réactions au déficit des centres hospitaliers universitaires et polémique sur la répartition des greffons rénaux ont marqué le mois de juin 2018. 
Suite à la communication des résultats financiers 2017 des CHU par la Conférence des directeurs généraux de CHU, de nombreux titres se sont fait l’écho du déficit des centres hospitaliers universitaires qui s’élève en 2017 à 268 millions d’euros, contre 52 millions en 2016.
Les lourdes "pressions financières" pesant sur les recettes et les dépenses des hôpitaux ont été détaillées par la presse quotidienne nationale, régionale et professionnelle (Ondam limité à 2%, baisse des tarifs des séjours, explosion des dépenses des molécules onéreuses, hausse de la masse salariale suite au dégel du point d’indice ou au plan attractivité des carrières médicales…)  tout comme la réalité contrastée des CHU puisque « 50 % des CHU sont en déficit et 50 % en équilibre, voire en excédent sur leur budget principal ».
De fait, « si 15 CHU ont connu une dégradation en 2017, il convient de souligner que 17 CHU ont amélioré leur résultat. Enfin, précisons que plus de la moitié du déficit hospitalier consolidé des CHU en 2017 se concentre sur un nombre très réduit d’établissements », indique le communiqué de la Conférence des directeurs généraux de CHU diffusé sur Réseau CHU.
« Comment résoudre la quadrature du cercle, à savoir en 2017 une baisse de -0,9 % des tarifs de séjours, une progression de la masse salariale de +2,2 % et une désincitation financière pour les établissements qui s’inscrivent dans le virage ambulatoire ? », interroge Gilles Noussenbaum dans Décision Santé le 14 juin pour qui l’aggravation des résultats financiers est à mettre au crédit des pouvoirs publics qui ont opté pour le redressement des comptes de l’assurance maladie au détriment de la réduction des déficits hospitaliers et au détriment, aussi, de l’investissement. « Dans le même temps, tous les CHU ne sont pas soumis à ce même résultat. 50 % sont en déficit, 50 % en équilibre, voire en excédent. Enfin, plus de la moitié du déficit des CHU se concentre sur un nombre très réduit d’établissements. N’y aurait-il donc pas de fatalité au déficit ? ».

Déterminés à préserver leur expertise en matière d’innovation et de recherche, les CHU ont annoncé les priorités financières suivantes :
– le financement de la masse salariale, particulièrement contrainte par les mesures nationales.
– la poursuite des investissements.
– le maintien d’un financement dédié à la recherche médicale, le recours et l’innovation et notamment pour les actes innovants de biologie et génétique hors nomenclature.
– la sécurisation des conditions de financement des hôpitaux de jour.

Les efforts des hôpitaux reconnus

« Le déficit des hôpitaux proche du milliard d’euros en 2017 » titrait aisi les Echos le 18 juin. Le lendemain, Le Parisien reprenait l’information, soulignant : « Avant la réforme du financement des hôpitaux, la Fédération hospitalière de France (FHF) révèle que le déficit des hôpitaux publics est passé de 470 millions d’euros en 2016 à un milliard en 2017. » Et poursuit : « Plus grand hôpital d’Europe, l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (qui n’a pas encore publié ses comptes) est responsable à elle seule de 199 millions d’euros de ce déficit, selon le Conseil de surveillance de l’AP-HP. »
Avec comme corollaire la baisse de la dépense globale d’investissements passée en 2017 « sous la barre des quatre milliards d’euros, loin des six milliards injectés chaque année entre 2008 et 2011. » Pourtant, les efforts des hôpitaux pour maîtriser les dépenses sont soulignés : « la masse salariale n’a progressé que de 2,2 % malgré des mesures réglementaires de revalorisation. Autre chapitre sur lequel les hôpitaux n’ont pas la main, les dépenses de médicaments et produits médicaux n’ont progressé « que » de 3,6 % sous la pression des médicaments innovants dont les prix se sont envolés de 12 %. « Le reste des dépenses a baissé », se félicite la FHF. »
Les annonces d’Emmanuel Macron relatives à « une profonde réforme du système de financement des hôpitaux » – avec la fin partielle de la tarification à l’activité au profit d’une rémunération au parcours de soins ou au forfait – sont donc particulièrement attendues : « La nouvelle baisse de 0,8 % sur les tarifs des séjours hospitaliers en 2018, ainsi que l’économie annoncée à 5 ans de 1,2 milliard d’euros sur les dépenses de personnel, risquent encore d’aggraver la situation financière des établissements de santé », prévient toutefois Frédéric Valletoux. 

Polémique sur les greffes de rein en raison des délais d’attente 

L’association de patients Renaloo, qui dénonce une iniquité territoriale dans la répartition des greffons, a également eu les échos de la presse. Elle a publié sur son site une infographie précisant le nombre de mois d’attente selon les hôpitaux.
« Il y a zéro équité dans l’accès aux greffons rénaux », confirme en écho Lionel Rostaing, transplanteur au CHU de Grenoble.
 

Lionel Rostaing @Renaloo
Dans son édition du 18 juin, Le Monde indique : « Alors que la 18e Journée nationale de réflexion sur le don d’organes et la greffe, le 22 juin, prévoit de mettre en avant le sens du don, Renaloo vient de saisir le Défenseur des droits pour « iniquité et discriminations » dans la répartition des greffons rénaux. L’association alerte aussi le ministère de la santé et le Comité national ¬consultatif d’éthique. » Motif : « Le délai pour recevoir un greffon varie quasiment du simple au quintuple selon le lieu où l’on est inscrit. Des disparités déjà connues, mais qui s’aggravent, s’inquiète Renaloo. En 2013, 41,8 mois séparaient la région où le délai est le plus court de celle où il est le plus long, l’écart est désormais de 52,9 mois. Selon le bilan d’activité 2016 de l’Agence de biomédecine, 5 des 33 centres effectuant des greffes du rein chez l’adulte ont une durée médiane d’attente inférieure à 18 mois, et 4 affichent des durées supérieures à 4 ans. » « Or, plus la période de dialyse s’allonge, plus la qualité de vie du patient risque d’être dégradée. De plus, les chances de succès de la greffe diminuent, notamment parce que les centres qui subissent une forte pénurie acceptent des greffons de moins bonne qualité », pointe Magali Léo, de Renaloo.

La pratique du « rein local » qui consiste à « sanctuariser » l’un des deux reins prélevés dans l’établissement, l’autre étant proposé à l’échelon national est mise en cause. Interrogée par Le Monde, l’Agence de biomédecine juge le sujet « complexe » : « Le rein local représente 44 % des greffes, parce qu’à caractéristiques égales, nous privilégions le transport le plus court pour réduire le temps d’ischémie du greffon », explique le professeur Olivier Bastien, de l’Agence de biomédecine. Et de souligner par ailleurs « d’autres facteurs d’hétérogénéité : les patients sont plus ou moins rapidement inscrits en liste d’attente selon les équipes. Le recours aux greffes à partir de donneurs vivants (15 % à l’échelle nationale) est aussi très variable selon les centres. »
Hélène Delmotte

 

                                                      Relay H, un réseau très hospitalier

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