Encouragés par les responsables, expérimentés depuis 3 ans à l'HEGP, les pôles exercent leur magnétisme à l'AP-HP. Didier Houssin, Directeur de la Politique Médicale, explique tout l'intérêt d'une mise en commun d'organisations, d'équipements et de systèmes de maintenance. Et Jean-Yves FAGON, Président du Comité Consultatif Médical de l'Hôpital Européen Georges Pompidou, rappelle les enjeux qui ont présidé à la création de Fédérations de gestion commune et leur évolution au cours de ces dernières années...

Encouragés par les responsables, expérimentés depuis 3 ans à l’HEGP, les pôles exercent leur magnétisme à l’AP-HP.Didier Houssin, Directeur de la Politique Médicale, explique tout l’intérêt d’une mise en commun d’organisations, d’équipements et de systèmes de maintenance. Et Jean-Yves FAGON, Président du Comité Consultatif Médical de l’Hôpital Européen Georges Pompidou, rappelle les enjeux qui ont présidé à la création de Fédérations de gestion commune et leur évolution au cours de ces dernières années…

Quand l’Assistance Publique rime avec Arctique ou Antarctique !
Il y a bientôt cent ans que Robert Peary et Roald Amundsen atteignirent, l’un le pôle nord, l’autre le pôle sud. A l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, aussi, la « course aux pôles » est lancée.

Le camp de base est le service. (…) Les camps de base sont nombreux : 736 services à l’AP-HP, les plus petits rassemblant quelques personnes ou, pour les services cliniques, quelques lits. A l’heure où la médecine doit organiser des circuits de prise en charge complexes et nécessairement coordonnés, des fédérations ont été imaginées qui en général associent, dans un esprit de coopération, des services de disciplines différentes, mais voisines, telles que les équipes médico-radiologico-chirurgicales.

Alors que (…) la mise en commun d’organisations, d’équipements et de systèmes de maintenance apparaît de plus en plus souhaitable, et le périmètre du service se révèle trop limité. Il faut voir plus grand, aussi avec un oeil neuf. Sans nier les bienfaits du service ou ceux de la coopération entre services dans une logique médicale, chacun ressent la nécessité de faire naître un nouveau mode d’organisation de la vie hospitalière.

Qu’on l’appelle pôle, département, ou centre de responsabilité, il ne faut cependant pas se tromper. Le pôle ne nie pas le service ; il cherche à compléter ce que le service n’a pas, du fait de sa taille, tous les moyens de faire : l’utilisation commune, intelligente et efficiente de certains moyens. Il ne faut pas non plus le méconnaître, des évolutions s’imposeront, pour les médecins, en termes de formation ; pour les hôpitaux, quant à leur aptitude à adapter les fonctions liées aux finances, aux ressources humaines et aux systèmes d’information.

Des explorateurs seront nécessaires, prêts à ajouter à leurs compétences de médecins, le dévouement à un intérêt collectif. Comme certains choisissent, à un moment de leur parcours, d’assumer des fonctions de président d’un CCM, d’une société savante ou d’une association, ou de direction d’une UFR ou d’un laboratoire de recherche, il faut souhaiter que certains feront l’effort de concevoir, puis d’animer, les pôles, et qu’ils aimeront la fonction de responsable de pôle, comme d’autres ont aimé ou aiment celle de chef de service.

Didier HOUSSIN
Directeur de la Politique Médicale

L’EXPERIENCE EN COURS A L’HOPITAL EUROPEEN GEORGES POMPIDOU

Plus de 3 ans avant son ouverture, le Conseil d’Administration de l’AP-HP a approuvé l’organisation de l’HEGP en services ou départements regroupés en pôles d’activité médicale. Les pôles ont été définis comme des Fédérations de gestion commune (FGC) avec comme objectif de négocier et gérer les moyens autour d’objectifs partagés. On privilégia le regroupement autour de thématiques médicales plutôt que de grandes disciplines (médecine, chirurgie, biologie…) ou de modes de prise en charge (hospitalisation conventionnelle, hospitalisation de moins de 24 heures, réanimation…). On recommanda également la création de structures de grande taille (de l’ordre de 200 à 250 lits pour les pôles cliniques) donnant de réelles marges de manoeuvres. L’idée était de mettre en avant la gestion de proximité : révision des équipements, des emplois médicaux, des structures, proposition et négociation avec les instances et la direction, évaluation de l’activité, organisation de la prise en charge des patients, coordination des activités d’enseignement et de recherche.

Les « règles du jeu » n’avaient pas été précisées et, par voie de conséquence, ni les missions des pôles ni l’organisation hospitalière résultant de leur création : la place du pôle dans la définition de la stratégie de l’établissement, la fonction d’arbitrage inter-pôles, le rôle du pôle dans l’organisation de la prise en charge des patients à côté des services ou départements centrés sur une compétence et une activité médicale, restaient à définir.
Une collaboration étroite entre le directeur et le président de CCM a permis de faire vivre, de façon encore bien partielle aujourd’hui, ce qui n’était alors qu’une idée. La première étape a été de rédiger un règlement intérieur précisant le cadre de fonctionnement des pôles, celui-ci a été validé par la CME et le Conseil d’Administration.

Les points essentiels en sont : l’élection du coordonnateur de pôle et de 2 coordonnateurs-adjoints par les médecins titulaires du pôle, la création d’un bureau de pôle regroupant, outre les coordonnateurs médicaux, un coordonnateur de soins et un contrôleur de gestion. Les coordonnateurs ont été élus pour 3 ans.

Le bureau du Comité Consultatif Médical (CCM) a été modifié : constitué pour l’essentiel des coordonnateurs de pôles, il est chargé de l’arbitrage inter-pôles, de résoudre d’éventuels conflits et de définir et d’actualiser, dans le cadre du projet médical d’établissement et du plan stratégique de l’AP-HP, la stratégie de l’HEGP. Les données (bilan d’activité médicale, analyse médico-économique) sont produites par pôles. Les coordonnateurs de pôle jouent un rôle majeur dans la diffusion de l’information.

Trois ans après leur création, le bilan des pôles doit être fait en détail par un oeil extérieur. Aujourd’hui, tout le monde à l’HEGP souhaite que cette expérience se poursuive et se développe. A l’occasion de la nouvelle élection des coordonnateurs de pôles, de nouveaux éléments de gestion sont introduits autour d’indicateurs partagés, une meilleure organisation des filières de prise en charge, une mise en commun de moyens, l’actualisation du projet médical de pôle.

Au moment où de nombreux hôpitaux se lancent dans de tels projets, où des textes sont en préparation, il nous paraît essentiel de poursuivre à l’HEGP, à notre rythme et à partir des options que nous avons choisies, cette aventure qui nous fait progresser ensemble.

Jean-Yves FAGON
Président du Comité Consultatif Médical de l’HEGP

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