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La greffe de rein entre dans une nouvelle ère

A l’occasion de la journée mondiale du rein le 10 mars prochain, Réseau CHU fait le point sur les besoins en matière de greffe rénale et livre les résultats d’une étude sur l’état d’esprit et de santé des donneurs vivants. A découvrir également une avancée déterminante qui rend possible la greffe rénale entre vivants même quand le groupe sanguin du donneur est incompatible avec celui du receveur. Focus sur le CHU de Toulouse qui a adopté la technique innovante d’immunoadsorption.

A l’occasion de la journée mondiale du rein le 10 mars prochain, Réseau CHU fait le point sur les besoins en matière de greffe rénale et livre les résultats d’une étude sur l’état d’esprit et de santé des donneurs vivants. A découvrir également une avancée déterminante qui rend possible la greffe rénale entre vivants même quand le groupe sanguin du donneur est incompatible avec celui du receveur. Focus sur le CHU de Toulouse qui a adopté la technique innovante d’immunoadsorption.
Au 1er janvier 2012, le nombre de malades souffrant d’insuffisance rénale terminale en attente de greffe s’élevait à 8 942 contre 5 942 au 1er janvier 2006. Mais par manque de greffons, seuls 35% d’entre eux auront la chance d’être transplantés, les autres devront poursuivre leur dialyse. Des données qui suscitent une forte mobilisation de l’agence de biomédecine, d’autant que la liste de ces patients ne cesse de s’allonger du fait du vieillissement de la population avec pour triste conséquence une prolongation du délai avant de bénéficier d’une première greffe rénale : 14,5 mois en 2008, 22,5 mois en 2011 et 40 mois en 2012 *
Pour répondre à ces besoins, le plan greffe 2012-2016 prévoit une progression de la greffe rénale – près de 3 000 en 2011 dont 12% réalisées à partir de donneurs vivants –  notamment en encourageant ces dernières.
Considérée comme LE traitement de référence des patients atteints d’insuffisance rénale chronique à un stade terminal, la greffe de rein peut être effectuée à partir de donneurs décédés ou vivants. Mais les réticences à prélever un rein sur une personne en bonne santé sont nombreuses. Pour faire évoluer l’opinion et permettre à la France de rattraper son retard**,  l’agence de biomédecine a réalisé une enquête nationale sur la qualité de vie de ces généreux donateurs : Qui sont ces personnes particulièrement altruistes ? Que deviennent-elles ? Comment se portent-elles physiquement et mentalement ? Cette étude, la première en France, se révèle riche d’enseignement. D’abord le taux de retour de 74 % témoigne de l’implication de ces personnes à faire connaître un vécu encore peu partagé sur la scène médicale et sociale.
Ces résultats font d’abord apparaître que le donneur est principalement une donneuse (61% de femmes contre 39% d’hommes, souvent un parent donnant un rein à son enfant (36 % des cas). Viennent ensuite  les dons entre frères ou sœurs (33 %), puis entre conjoints (26 %). Aujourd’hui 97 % des donneurs jugent leur santé excellente, très bonne ou bonne. Des déclarations très rassurantes même si 26 % font état de douleurs physiques résiduelles à distance du don. Sur ce point, les néphrectomies réalisées sous cœlioscopie épargnent douleurs et complications post-opératoires. Et malgré les séquelles parfois pénibles, 98% des donneurs seraient prêts à le refaire***.  Enfin les études révèlent que  le nombre de personnes insuffisantes rénales chroniques chez les donneurs (3/1 000) est nettement inférieur à la moyenne (3/100), grâce à un suivi médical post-don régulier, annuel et obligatoire
Et si la greffe de rein à partir d’un donneur vivant fête son 61ème anniversaire en 2013, il convient aussi de célébrer un progrès scientifique majeur, la maîtrise technique des greffes ABO-incompatibles via deux procédés : l’immunosuppression, traitement pour lever l’incompatibilité et la découverte d’un anticorps permettant d’éviter l’ablation de la rate arrivé voici 13 ans sur le marché du médicament le rituximab. Ces avancées ouvrent une nouvelle ère à la greffe rénale puisque le potentiel de donneurs vivants devient alors très important sachant que l’âge maximal du donneur est de 75 ans dans la mesure où il n’est pas porteur d’une maladie grave.
Principaux acteurs opérationnels, les CHU apportent leur contribution à l’augmentation du nombre de greffe rénale entre vivants grâce à leur implication.
Ainsi, le CHU de Toulouse, respectant la législation qui, depuis 2010, autorise la greffe avec incompatibilité de groupe sanguin donneur/receveur appelée greffe ABO-incompatible, réalise une mise en compatibilité par la technique la plus innovante : l’immunoadsorption.  Cette épuration extra-corporelle consiste à extraire du sang les "mauvais anticorps", en les fixant sur une colonne (filtre) et à conserver les « bons anticorps». Ce procédé a considérablement simplifié et sécurisé la "mise en compatibilité donneur/receveur" : plus sélective et moins risquée, l’immunoadsorption remplace avantageusement la technique des échanges plasmatiques utilisée durant des années malgré une menace hémorragique lors de la chirurgie de greffe rénale ; cette technique extrait du plasma aussi bien "les mauvais anticorps" que "les bons" ainsi que des facteurs de coagulation.

Seul frein au déploiement de l’immunoadsorption : son coût (2 000 à 4 000 euros par colonne) en sachant qu’une colonne n’est pas réutilisable et qu’il faut en moyenne 4 séances avant une transplantation. On estime ainsi que le surcoût d’une greffe rénale ABO-incompatible à  20 000 euros. Néanmoins, ce surcoût est vite amorti quand on sait qu’une année d’hémodialyse coûte environ à la société 65 000 euros, qui est également le coût moyen de la première année de greffe rénale. Au-delà de la première année de greffe rénale, le coût annuel de la greffe est de l’ordre de 20 000 euros, tant pour les greffes rénales ABO-compatibles que pour les greffes rénales ABOincompatibles.
Depuis avril 2011, 17 greffes rénales ABO-incompatibles ont été réalisées au CHU de Toulouse. Pour la même période en France, le nombre total de ces greffes, incluant celles de Toulouse, est de 20 à 25. Ce bon score est aussi le fruit de la volonté, de la réactivité et de l’excellente collaboration des médecins et chirurgiens des équipes de néphrologie-transplantation, d’urologie, d’immunologie, d’anesthésie, de virologie et de l’équipe de coordination des prélèvements sans oublier les personnels paramédicaux.

* source agence de biomédecine in La greffe rénale, une thérapeutique reconnue pour traiter l’insuffisance rénale terminale- 2012
** La France se situe encore en deçà de certains pays européens En 2010, en France 43% des patients insuffisants rénaux étaient porteurs d’un greffon fonctionnel contre 71% en Norvège, 59 %  aux Pays-Bas et en Finlande, 56 % en Suède (source : registres ERA-EDTA, rapport annuel 2010).
L’activité de greffe rénale à partir de donneur vivant en France ne représente que 10 % du total des greffes rénales, ce qui est proche de celle de l’Espagne et de l’Italie mais reste très inférieure à celle observée pour les pays anglosaxons ou scandinaves (37 à 40 %), voire des Pays-Bas (51%).
***Donneurs vivants de rein, quelle qualité de vie ? – Agence de biomédecine 2012

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