La « réa » au CHU de Nîmes : plongée photographique dans un service mis à rude épreuve

Face à une situation des plus critiques en réanimation depuis le début de la crise sanitaire, le CHU met en lumière la technicité et l’engament de son personnel soignant grâce à une exposition photos.

Face à une situation des plus critiques en réanimation depuis le début de la crise sanitaire, le CHU met en lumière la technicité et l’engament de son personnel soignant grâce à une exposition photos.
Presque 33 000 patients COVID actuellement hospitalisés en France, dont plus de 3500 en réanimation… Malgré la succession des chiffres, difficile de s’habituer une information qui, au fil des vagues, aura fait entrer la « réa » dans le quotidien des Français. Mais pour beaucoup d’entre-deux, cette dernière reste un secteur de l’hôpital mal connu.
De manière schématique, il faut savoir que la réanimation se divise en deux. D’une part, se trouve le service de réanimation chirurgicale, qui intervient autour d’une intervention chirurgicale. D’autre part, le service de réanimation médicale, qui correspond à la prise en charge de patients ayant au moins deux organes vitaux défaillants et qu’il faut maintenir en vie à l’aide de diverses machines et traitements. Cet environnement, où vie et mort se côtoient, n’a rien d’un long fleuve tranquille pour ceux qui y travaillent. Malgré des semaines parfois lourdes, tant du point de vue des horaires que des situations et pathologies rencontrées, les professionnels de la réanimation s’adaptent constamment. « On a une polyvalence très large et c’est ce qui fait la particularité de notre métier », explique  Benjamin Clouzeau, médecin au service de réanimation médicale du CHU de Bordeaux depuis 2004. Dans un service de réanimation comme dans d’autres, on n’économise ni son énergie, ni son engagement. Un don de soi qui implique la nécessité de maintenir une distance émotionnelle. « Il faut être bien avec soi-même et savoir faire la part des choses dans ce métier », ajoute le médecin.
La réanimation, c’est l’exigence d’un personnel soignant extrêmement formé et compétent (onze années d’études sont nécessaires pour être anesthésiste-réanimateur) ; ce qui peut expliquer aussi la difficulté, toujours selon Benjamin Clouzeau, à ouvrir de nouveaux lits… On y compte en moyenne une infirmière pour 2,5 patients. Bref, la « réa » reste quoi qu’il arrive un service sous tension, à l’image des professionnels mis à rude épreuve ces vingt-quatre derniers mois.

Une exposition pour rendre hommage

« A cœur de la Réanimation », c’est le nom de l’exposition composée de 47 clichés en noir et blanc et visible depuis le 12 janvier dans le hall de l’hôpital universitaire de Carémeau de Nîmes. Un projet né de la volonté du CHU, qui a décidé de rendre hommage au service de réanimation et à ses soignants dans cette période de crise qui les a, de manière indirecte, projeté en pleine lumière. Menée par Rémi Targhetta, un ancien médecin au CHU de Nîmes aujourd’hui à la direction de la communication, cette exposition nous plonge dans un récit sans parole, montrant l’engagement et l’humanisme qui règnent au sein du service du Professeur Laurent Muller. « La réanimation et les soins critiques du CHU de Nîmes ont réalisé des transformations profondes ces trois dernières années, afin de garantir aux patients le meilleur niveau de soin […] Au-delà des considérations techniques et malgré les mesures d’isolement imposées par la crise, cette exposition témoigne du fait que le lien physique entre les patients et les soignants reste au cœur des soins. », explique ce dernier.
Secteur d’ordinaire inaccessible et invisible du grand public, la réanimation ouvre donc ses portes tout en pudeur et en instants capturés, loin des clichés des séries TV. Surtout, cette exposition met en évidence l’abnégation sans faille des médecins, infirmières, aides-soignants et agents hospitaliers qui, chaque jour, chaque nuit, malgré la fatigue et les aléas de la vie de chacun, font vivre cet univers particulier. Et ce à l’heure où le COVID n’est toujours pas derrière nous…
La rédaction avec le CHU de Nîmes

Commentaires

Il n’y a pas encore de commentaire pour cet article.

Sur le même sujet

A Lyon, l’IA prédit désormais des résultats d’essais cliniques

Le 11 septembre dernier, le groupe pharmaceutique AstraZeneca a publié les résultats d’un essai clinique sur un traitement pour soigner le cancer du poumon. Jusqu’ici, tout paraît à peu près normal. Ce qui l’est moins : trois jours avant cette publication, une intelligence artificielle a permis de prédire avec justesse les résultats de ce même essai. Une grande première au niveau mondial.

Dossier : l’Accident Vasculaire Cérébral (AVC)

L’Accident Vasculaire Cérébral touche 150 000 personnes par an. Responsable de 110 000 hospitalisations selon le ministère de la santé, cet arrêt soudain de la circulation sanguin à l’intérieur du cerveau représente la troisième cause de décès chez l’homme et deuxième chez la femme, soit au total 30 000 décès par an. En France, plus de 500 000 Français vivent avec des séquelles suite à un AVC.

AVC : la promesse d’une prise en charge en moins de dix minutes

Les conséquences d’un Accident Cardiovasculaire (AVC) peuvent être lourdes, voire fatales. Première cause de dépendance et troisième cause de mortalité en France, cette pathologie due à une mauvaise irrigation du cerveau fait de plus en plus de victimes. Face à cette réalité alarmante, le CHU de Montpellier a annoncé fin août la mise en place d’un nouveau plateau technique offrant aux patients un parcours de soins optimisé. Et de promettre désormais une “prise en charge en neuf minutes”.

Coup d’oeil sur le métier d’infirmière formatrice

Isabelle Teurlay-Nicot est infirmière formatrice auprès des aides-soignants à l’IMS (Institut des Métiers de la Santé) du CHU de Bordeaux. Un métier qui ne se limite pas seulement à la notion d’apprentissage. En juillet dernier, elle a accepté de revenir sur cette profession ou se mêlent expertise médicale et pédagogie.

Hépatite C : à Strasbourg, Frédéric Chaffraix dirige le service qui l’a soigné

C’est tout près de l’hôpital Civil (Hôpitaux Universitaires de Strasbourg) que nous avons croisé la route de Frédéric Chaffraix, Responsable du Service Expert de Lutte contre les Hépatites Virales en Alsace (SELHVA). Ce service, l’homme de 42 ans le connaît bien. Car avant d’en prendre la tête – lui qui n’est pas médecin -, Frédéric l’a côtoyé en tant que patient, après avoir vécu vingt-trois ans, et sans le savoir, avec le virus de l’hépatite C. Rencontre.