Le bois, 4ème matière première en circulation dans le monde, est largement utilisé en construction et en aménagement intérieur. Récemment, des études ont démontré les effets bénéfiques d’un environnement en bois sur la santé et le bien-être de ses occupants. Cependant peu d’établissements hospitaliers l’utilisent en raison de sa surface poreuse présentée comme inappropriée dans des environnements sensibles aux infections microbiennes (nettoyage, contamination croisée, maladies nosocomiales…). Ces craintes sont-elles justifiées ?
Pour apporter de nouvelles connaissances à la filière bois une étude scientifique « Bois H 2 » est lancée à Nantes en coopération avec le CHU d’Angers. Objectif : observer l’activité bactéricide et/ou bactériostatique (qui inhibe la multiplication des bactéries sans les tuer) du bois, son activité antifongique (qui détruit ou empêche le développement de champignons microscopiques (moisissures) en milieu contaminé.
Les interactions entre le bois et les bactéries, dans le domaine alimentaire ont été prouvées, reste à démontrer son activité antibactérienne
« Nous avons réussi à établir que des interactions existaient lors de la mise en contact de bactéries avec le bois. A ce jour, plusieurs essences ont été testées vis-à-vis d’une trentaine de souches bactériennes, sensibles ou non aux antibiotiques. Les premiers résultats prouvent déjà une activité forte pour des couples essence de bois – souche bactérienne » révèle Christophe Belloncle, Directeur de la recherche au sein de l’Ecole Supérieure du Bois de Nantes (ESB). Ces résultats sont le fruit d’une première collaboration menée en 2016 entre l’ESB, Oniris Nantes-Atlantique et YouR ResearcH Bio-Scientific SAS. Cette préétude démontre que certaines essences de bois ont une influence sur les micros-organismes.
Une équipe scientifique pluridisciplinaire mobilisée pour 3 ans
L’équipe du consortium est composée d’une quinzaine de chercheurs, d’un doctorant et de plusieurs étudiants en master. Ensemble, ils partagent leurs connaissances sur les domaines du bois, de l’alimentation et du domaine hospitalier. Hélène Pailhories est Maître de conférences des universités-praticien hospitalier (MCU-PH). Elle contribue à ce projet dans le cadre de ses recherches pour le Laboratoire de Bactériologie-Hygiène du CHU d’Angers. Au sein du consortium, elle encadre les tests bactériologiques afin de mettre au point une méthode standardisée qui permettra d’analyser le bois, un matériau différent car vivant, de manière optimale. « Nous travaillons sur la notion de spectre d’activité et les premiers résultats sont très intéressants. Une souche peut être fortement impactée par un type d’essence en particulier et ne montrer aucune réaction au contact d’un autre. A terme, notre objectif est de trouver comment fonctionne cette activité et à quoi elle est attachée afin de découvrir au bois de nouvelles propriétés, de contribuer à sa réhabilitation dans le milieu de la santé et de prouver que ce matériau peut être utilisé, notamment dans l’environnement hospitalier. » précise Hélène Pailhories, Maître de conférences des universités-praticien hospitalier (MCU-PH).
La recherche est menée par l’Ecole Supérieure du Bois de Nantes accompagné par la Région Pays de la Loire. L’Ecole forme des chercheurs, ingénieurs et techniciens supérieurs en sciences et technologies du matériau bois. L’étude menée en partenariat avec l’Université de Nantes, le CHU d’Angers, a été sélectionnée par la Région Pays de la Loire dans le cadre de l’appel à projets “Paris Scientifiques Régionaux”. Le consortium bénéficiera d’un accompagnement financier pour étudier les propriétés antimicrobiennes du bois dans les établissements médicalisés.