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Le CHU de La Réunion a pris la vague rose

La seizième édition de la Run Odysséa Réunion s’est tenue les 4 et 5 novembre sur le site de l’Étang-salé, dans l’ouest de la Réunion, et ce malgré une météo capricieuse qui a bien failli compromettre l’opération. 275 000 euros ont été récoltés. Un succès auquel est associé le CHU de la Réunion, partenaire pour la première fois cette année, et dont le baptême de l’eau a été placé sous le signe de la prévention. Reportage.

Au cœur de la forêt de l’Étang-salé, filaos, eucalyptus et autres tamarins d’Inde ont assisté, comme ils en ont l’habitude depuis seize ans, au déferlement de la vague rose. Ils étaient en effet des milliers, femmes, hommes, enfants, jeunes ou moins jeunes à venir des quatre coins de l’île pour participer à la Run Odysséa et ainsi soutenir la lutte contre le cancer du sein. Marche décontractée ou course chronométrée, il y en avait pour toutes les paires de baskets. Et peu importe si ces dernières étaient détrempées avant même de prendre le départ.

C’est bien pourtant la pluie qui a failli gâcher la fête. Vendredi, on apprenait que les courses qui devaient se dérouler le lendemain matin étaient annulées ou reportées en raison du mauvais temps. Finalement, si les éléments auront aussi eu raison des courses marmailles, les parcours phares, à savoir marche de la diversité et les dix kilomètres chronométrés, ont été maintenus. Du côté des bénévoles, il a fallu s’adapter. « Ceux qui avaient prévu de venir ce matin ont décalé et ceux prévus cet après-midi sont arrivés plus tôt pour prendre leur poste. Je les ai remerciés parce que sans eux on ne peut pas assurer cette manifestation« , raconte Nathalie Bourcier, présidente de l’association Run Odysséa à la Réunion

Le CHU, nouveau partenaire

Les nombreux partenaires de l’événement ont eux aussi répondu présent. Parmi eux, l’ARS et le CHU de la Réunion, deux institutions de poids se retrouvant pour la première fois dans ce rôle. « C’était une évidence pour le CHU d’être partenaire d’un événement sportif qui réunit énormément de monde à la Réunion et qui soutient la lutte contre le cancer du sein avec des dons récoltés pour financer des soins de support mais aussi la recherche » , explique Sabrina Wadel, secrétaire générale du CHU et participante de la marche des solidarités. 

 

A ses côtés, abritée par le Barnum réservé pour l’établissement, se tient Phuong Lien Tran, gynécologue obstétricienne à Saint-Pierre, sur le site Sud du CHU. Venue faire les dix kilomètres, celle qui n’en est pas à son premier run a également pris soin de conserver sa casquette de médecin : « On est venu sur ce stand pour proposer aux patientes des explications concernant la prévention du cancer du sein. Le dépistage organisé, c’est de cinquante à soixante-quatorze ans. Les femmes reçoivent par le Centre régional de dépistage des cancers une invitation à réaliser une mammographie tous les deux ans. Sinon, on leur propose de faire une surveillance personnelle par autopalpation dès l’âge de vingt-cinq ans. », décrit le Dr Tran, bien que cette dernière reconnaisse volontiers que la plupart des personnes présentes sont, de façon logique, déjà bien informées sur le sujet. 

Le Dr Tran travaille depuis quatre ans à Saint-Pierre, sur le site sud du CHU. Crédit Photo : Adrien Morcuende

Stéphane Diagana en parrain 

15H00. Après un échauffement en musique, c’est un silence de cathédrale qui s’abat sur la foule de marcheurs prêts à parcourir entre 2,5 et 5 km. Tendues haut, des centaines de mains anonymes se reconnaissent et se serrent en signe de solidarité, tandis que le speaker invite l’assemblée du jour à fermer les yeux et avoir une pensée pour « toutes ces personnes en train de se battre contre cette foutue maladie » et « celles et ceux qui nous ont quitté. » 

Moins de deux heures plus tard, c’est en présence de Stéphane Diagana, ancienne gloire de l’athlétisme français, qu’une « ola » viendra lancer, dans une joie déterminée, le départ de l’épreuve la plus attendue des runners : les dix kilomètres. Comme toujours lorsqu’il s’agit de courses au profit de malades, le chrono arrive en deuxième position. La preuve encore ce samedi, avec un passage simultané de la ligne d’arrivée des trois premiers « finishers » au bout de 34’50 minutes d’effort. Derrière l’écume solidaire, le reste de la vague suivra. Et sur les 1350 participants, nombreux sont ceux qui aborderont un sourire de satisfaction, emprunt de fierté d’avoir joué le jeu pour la bonne cause. « On est tous sensibilisés au cancer du sein. J’en ai moi-même dans ma famille, donc c’était important d’être solidaires. Je pense que les gens [atteints du cancer] traversent des trucs beaucoup plus difficiles que de courir sur la pluie et dans les flaques. », déclare Agnès, le mascara fuyant et le souffle encore un peu court.

Sur les deux jours, 18 000 courageux ont bravé la pluie pour la bonne cause. Crédit Photo : Adrien Morcuende

Un cancer qui peut aussi toucher les hommes 

Avec près de dix-mille participants lors de la deuxième journée, ce sont au total dix-huit mille personnes qui se sont mobilisés pour la cause, faisant de l’événement la deuxième course Odysséa de France et permettant de collecter 275 000 euros (soit 38 000 euros de plus que l’an passé). Une somme qui contribuera aux soins des personnes malades, dans une grande majorité des femmes. Le Dr Phuong Lien Tran, revenue le dimanche avec ses collègues de service, précise que le cancer du sein peut également toucher des hommes. « Je me souviens d’un patient qui avait senti une boule sous son sein. C’était un cancer. Il a eu les traitements classiques, chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie. C’est peu connu car peu fréquent mais cela peut arriver. « 

Adrien Morcuende

Le cancer du sein en chiffres 

Sources : Institut national du cancer / Santé Publique France / ARS

  • 61 214 nouveaux cas de cancer du sein en France métropolitaine en 2023
  • Âge médian au moment du diagnostic : 64 ans
  • Taux d’incidence : entre 1990 et 2018, le nombre annuel de nouveaux cas de cancer du sein chez la femme a presque doublé, passant de 29 970 à 58 400 cas annuels, soit +1,1 % par an en moyenne ; entre 2010 et 2023, la progression a été plus faible, estimée à +0,3 % par an.
  • 12 146 décès en 2018, en baisse de 1,6 % par an entre 2010 et 2018
  • Âge médian au moment du décès : 74 ans
  • En 2018-2019, la participation au programme national de dépistage est similaire à celle enregistrée dans l’hexagone (sauf pour la Guyane) avec d’environ 46,5 % à La Réunion, 46 % en Martinique et Guadeloupe, et 23 % en Guyane. Entre 2006 et 2019, ces taux augmentent en Guadeloupe et diminuent dans les trois autres DROM.
  • En 2020, à La Réunion, 1630 patientes étaient soignées pour un cancer du sein actif et 2880 étaient suivies pour surveillance d’un cancer du sein traité soit un total de 4510 prises en charge pour un suivi du cancer du sein.

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