Le monoxyde de carbone indicateur fiable du niveau de pollution et de sa nocivité

Une seule unité de monoxyde de carbone en plus dans l’air expiré et la mortalité totale augmente de 3% et la mortalité par cancers de 4%. Tels sont les résultats auxquels sont parvenus des chercheurs toulousains à l’issue d’une étude incluant 2 232 sujets âgés de 35 à 64 ans suivis pendant 16 ans. Leurs travaux viennent d’être publiés dans la revue internationale Preventive Medicine*.
Une seule unité de monoxyde de carbone en plus dans l’air expiré et la mortalité totale augmente de 3% et la mortalité par cancers de 4%. Tels sont les résultats auxquels sont parvenus des chercheurs toulousains à l’issue d’une étude incluant 2 232 sujets âgés de 35 à 64 ans suivis pendant 16 ans. Leurs travaux viennent d’être publiés dans la revue internationale Preventive Medicine*.
A deux mois de la COP 21 (Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques) qui aura lieu à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015, une étude toulousaine interpelle sur les dangers de la pollution environnementale et sur l’urgence de revoir nos habitudes de vie.
Une première mondiale 
C’est la première fois au monde qu’une étude sur les effets cliniques du monoxyde de carbone (CO) à long terme chez l’homme est réalisée. 2 232 sujets âgés de 35 à 64 ans ont été suivis pendant 16 ans afin de connaître les conséquences des différents facteurs de risque cardiovasculaire classiques ou méconnus. A l’inclusion dans cette étude en 1994, une longue liste de marqueurs de risque a été recueillie ainsi qu’une collecte systématique de facteurs pouvant être potentiellement en relation avec le risque cardiovasculaire comme le monoxyde de carbone connu comme un marqueur fiable du tabagisme actif. Les auteurs ont donc analysé le monoxyde de carbone expiré lors de la participation à cette étude à l’aide d’une méthode éprouvée (analyse du souffle).
Les résultats de l’étude : le CO comme marqueur de la mortalité
Après avoir tenu compte et éliminé l’effet propre de chaque facteur de risque chez chaque individu (tabac, cholestérol, diabète, facteurs socio-économiques, hypertension artérielle, gamma GT, etc….), l’effet du CO a pu être apprécié de manière sûre et indépendante. Ainsi à l’issue de ces 16 ans de suivi, 195 décès ont été enregistrés dont 19% suite à des causes cardiovasculaires et 49% de cancers pour lesquels le CO a sa part de responsabilité. En effet, à chaque augmentation d’une unité dans l’échelle de mesure du monoxyde de carbone dans l’air expiré, on enregistre une augmentation de 3% de la mortalité totale et une augmentation de 4% de la mortalité par cancers.
Cette étude montre que le monoxyde de carbone reste un indicateur fiable du tabagisme actif et de l’augmentation de la mortalité qui lui est associée. Elle prouve aussi que le monoxyde de carbone dans l’air expiré est un marqueur fiable à la fois de la pollution atmosphérique et de sa production endogène par l’organisme lorsqu’il est atteint d’inflammation chronique.
Ce test simple permet donc de repérer les patients les plus à risque de mort dans le suivi. Au total, l’enregistrement simple du CO expiré doit être considéré comme un nouveau marqueur de risque de la mortalité à long terme et par cancers.

Pr Jean Ferrières – services de cardiologie du CHU de Toulouse et chercheur à l’Inserm – CHU de Toulouse
Une recherche conduite par deux équipes toulousaines 
L’équipe de cardiologie préventive de la Fédération de Cardiologie du CHU de Toulouse et celle d’épidémiologie cardiovasculaire de l’unité Inserm UMR 1027. C’est grâce à une forte cohorte de sujets du projet MONICA, registre de l’infarctus du myocarde soutenu par l’InVS (l’Institut national de Veille Sanitaire) et l’Inserm, porté par le CHU de Toulouse depuis 1985, que les cliniciens et chercheurs du CHU de Toulouse ont pu analyser l’impact du monoxyde de carbone sur la mortalité à l’issue de 16 ans de suivi.
Le monoxyde de carbone, un tueur insidieux et silencieux 
Le monoxyde de carbone (CO) est un gaz très dangereux qui ne se voit pas et ne se sent pas mais lorsqu’on le respire, il prend la place de l’oxygène.
Trois sources de pollution au CO sont bien identifiées :
la pollution atmosphérique due aux usines, moteurs de voiture, chauffages défectueux, etc….
le tabac, par la fumée expirée.
l’organisme : beaucoup moins connu pour être une source de CO, l’organisme d’une personne porteuse d’une maladie inflammatoire ou chronique (hypertension, cholestérol, etc…) et exposée au stress « fabrique » du CO qui se transforme en gaz carbonique dans l’air expiré.
*Bérard E, Bongard V, Dallongeville J, Arveiler D, Amouyel P, Wagner A, Cottel D, Haas B, Ferrières J, Ruidavets JB. Expired-air carbon monoxide as a predictor of 16-year risk of all-cause, cardiovascular and cancer mortality. Prev Med 2015 Sep 9;81:195-201. doi:10.1016/j.ypmed.2015.09.001.

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