Le NIDCAP : Soins sur mesure pour les 150 prématurés accueillis au CHU de Besançon

La prématurité demeure un problème de santé publique puisque 7 % des naissances surviennent avant terme soit avant la 37ème semaine d’aménorrhée (SA) et 1 % des naissances concernent des enfants de moins de 32 semaines (nés au cours des 6 premiers mois de grossesse). La France compte 830 000 naissances annuelles et la Franche-Comté 14 500. Environ 150 grands prématurés sont soignés chaque année dans les services de réanimation néonatale et de néonatologie du CHU de Besançon. Ils bénéficient des soins de développement sur mesure du programme NIDCAP.

La prématurité demeure un problème de santé publique puisque 7 % des naissances surviennent avant terme soit avant la 37ème semaine d’aménorrhée (SA) et 1 % des naissances concernent des enfants de moins de 32 semaines (nés au cours des 6 premiers mois de grossesse).
La France compte 830 000 naissances annuelles et la Franche-Comté 14 500. Environ 150 grands prématurés sont soignés chaque année dans les services de réanimation néonatale et de néonatologie du CHU de Besançon. Ils bénéficient des soins de développement sur mesure du programme NIDCAP.
Durant les 30 dernières années, d’importantes innovations thérapeutiques ont transformé le pronostic de ces nouveau-nés fragiles, tant en matière de mortalité que de morbidité : l’organisation des services de réanimation néonatale grâce aux décrets de 1998, la maturation pulmonaire du fœtus par les corticoïdes maternels, le transfert des mères en menace d’accouchement prématuré vers le CHU (transfert in utero), l’instillation intra-trachéale de Surfactant qui stabilise la fonction pulmonaire en quelques minutes, l’amélioration technologique des respirateurs artificiels…
Autant de progrès qui ont fait augmenter de façon spectaculaire le taux de survie de ces enfants fragiles qui atteint aujourd’hui 95 % de survie à 32  semaine d’aménorrhée. Mais, ces enfants vulnérables et au cerveau encore très immature restent fragiles et ne sont pas à l’abri de complications pouvant grever leur avenir moteur, sensoriel ou neuro-comportemental à long terme.
Suite aux travaux de BRAZELTON sur l’observation comportementale du nouveau-né, Heidelise ALS de l’Université de HARVARD (BOSTON – U.S.A.) a émis en 1986 l’hypothèse que les très nombreuses agressions que subit le prématuré en réanimation comme la douleur, l’excès de bruit ou de lumière, les nombreuses manipulations, les perturbations du sommeil et la séparation de la mère… pouvaient être des stimuli nocifs, car non filtrés par un système nerveux très immature.
Heidelise ALS explique ainsi que le très grand prématuré se retrouve dans une situation d’inadéquation entre les attentes sensorielles de son cerveau immature et les afférences sensorielles provenant de l’environnement agressif des unités de soins intensifs.
Ainsi, en plus des recommandations sur l’amélioration de l’environnement du bébé en réanimation appelées « soins de développement », est né le « Programme néonatal individualisé d’évaluation et des soins de développement » ou NIDCAP (Neonatal Individualized Developmental Care and Assessement Program).
Ce programme novateur considère le prématuré comme acteur de son propre développement, aidé par des soins individualisés grâce à des observations comportementales très fines et codifiées, en collaboration avec les parents qui deviennent co-acteurs de ces soins. Cette nouvelle philosophie de soins ajoute de l’humanité aux soins conventionnels sans nuire à leur sécurité.

Le NIDCAP est implanté depuis plus de 20 ans en Amérique du Nord, en Scandinavie, en Belgique et en Angleterre. Il en existe une association internationale. En France, c’est l’équipe du CHU de BREST le (Pr Jacques SIZUN et le Dr Nathalie RATYNSKI) qui, la première, a importé le NIDCAP dans les années 1990 et est devenue centre formateur certifié, le seul en France. Depuis, la diffusion du NIDCAP s’opère progressivement puisqu’aujourd’hui, 12 services de Pédiatrie y adhèrent (9 CHU et 3 CHG).

Au CHRU de Besançon, les services de réanimation pédiatrique et de néonatologie ont instauré les soins de développement depuis plus de 10 ans en améliorant l’environnement du prématuré en réanimation. Très récemment, en mai 2011, 5 soignants du service ont été certifiés après 2 ans de formation à cette philosophie de soins, grâce aux crédits de la formation continue : 3 puéricultrices, 1 kinésithérapeute et 1 pédiatre. Cet enseignement a été assuré par le Centre NIDCAP de BRUXELLES (Delphine Druhart).
En pratique, il s’agit de mener, en présence des parents, une observation comportementale très soigneuse avant, pendant et après un soin qui permet d’évaluer l’adaptation de ce nouveau-né : une synthèse et des recommandations sont ensuite inscrites dans le dossier pour individualiser les soins en fonction du comportement de l’enfant. Cette synthèse est expliquée aux parents. Il s’agit d’une véritable EPP ciblée sur un patient, afin de permettre des soins adaptés à ses compétences physiologiques.
Ce travail précis impose une bonne coordination entre l’équipe médicale et para-médicale.

Les nombreux atouts de NIDCAP

Comme toute technique de soins, ses promoteurs ont tenté d’évaluer son impact à court et moyen terme :           
A court terme, les enfants NIDCAP bénéficient d’un séjour hospitalier plus court avec une meilleure croissance, leur durée de ventilation artificielle et l’oxygénothérapie sont réduites ; ils font moins d’apnées et de régurgitations.
A moyen terme (18 mois), le comportement neuro développemental est meilleur.
En ce qui concerne les parents, on retrouve une meilleure relation d’attachement, une meilleure confiance des parents, un allaitement maternel prolongé, et de meilleures conditions de retour à domicile du prématuré.
L’objectif est également de diminuer les troubles du comportement et les difficultés d’apprentissage, plus fréquents chez les anciens prématurés. Actuellement nous manquons de recul pour que des études puissent avoir confirmé ce but essentiel.
A la fois nouvelle philosophie de soins du prématuré et concept éthique et humain, le NIDCAP place l’enfant et sa famille au centre du soin. Le NIDCAP entre tout à fait dans le cadre de l’évaluation des pratiques professionnelles et de la démarche qualité.
Le CHRU de Besançon se félicite de figurer parmi les 1er CHU à développer ce concept nouveau qui ne peut se concevoir que dans une démarche commune : infirmière, médicale, administrative et parentale. Grâce à un environnement technique amélioré, le NIDCAP gagnera encore en efficacité lors de l’emménagement du service de réanimation infantile sur le site de l’hôpital Jean Minjoz en 2012.

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