À l’heure de la révision des lois de bioéthique, la question de la représentation de l’embryon humain est centrale. Mais ce n’est que très récemment, à l’échelle de l’humanité, que celui-ci est devenu visible ; la première échographie fœtale remontant à 1958*. Les progrès de l’imagerie ont donné corps à un développement qui jusqu’alors demeurait caché. Depuis, de nombreux artistes contemporains se sont interrogés sur la place de l’embryon et du fœtus dans nos sociétés, les dépeignant tantôt en objets de science, tantôt en êtres en devenir, fantasmés ou sacralisés. Et vous quelle représentation en avez-vous ?
Afin de mieux connaitre la perception des Français, confrontés ou non aux difficultés d’avoir des enfants, le centre d’Assistance médicale à la procréation (AMP) du CHU Dijon Bourgogne a réalisé un questionnaire en ligne portant sur l’embryon humain. Chacun est invité à le renseigner. Ce questionnaire est totalement anonyme et le renseigner ne prend que cinq minutes. L’analyse de ses résultats, permettra de dresser un état des lieux de la représentation des embryons dans la société française et fera l’objet d’études et de publications scientifiques.
« En tant que médecins dans un centre d’Assistance médicale à la procréation (AMP), nous observons quotidiennement les embryons et restons fascinés par cette merveille que nous offrent la nature et la science » annoncent le Pr Patricia Fauque, cheffe du laboratoire de Biologie de la reproduction-CECOS, responsable du centre d’AMP du CHU Dijon Bourgogne, et le Dr Céline Bruno, praticienne hospitalière dans le service.
Pour les couples ayant bénéficié d’une cryoconservation**, les embryons représentent avant tout un espoir mais aussi des interrogations « En effet, dans le cas où ils n’ont plus de projet parental, le cadre législatif français leur impose de choisir entre l’arrêt de la conservation, le don à la recherche ou le don à un autre couple. Ce choix n’est pas toujours simple et la représentation qu’ils ont de l’embryon est déterminante » indique le Pr Fauque. Dès lors, plusieurs questions peuvent se poser : l’embryon est-il une chose ? Une personne potentielle ? Un enfant ? Un projet ? Un amas de cellules ? La vie ? « Chacun d’entre-nous à sa propre réponse (ou combinaison de réponses) et, dans une société en perpétuelle évolution – que ce soit d’ordre médical ou sociétal – s’interroger sur la représentation de l’embryon humain permet d’appréhender les nombreuses questions éthiques qui l’accompagnent » ajoute le Dr Bruno.
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*elle fut suivie 20 ans plus tard de la première fécondation in vitro
**Les techniques de congélation embryonnaire ultra performantes (notamment la vitrification) assurent des chances supplémentaires d’être enceinte sans prendre les risques de multiples stimulations hormonales ou de grossesses multiples.