L’épidémiologie au service du progrès thérapeutique

La veille épidémiologique aide à mieux cerner les populations à risque et à mesurer l'efficacité de leurs prises en charge. S'appuyant sur des registres et des bases de données uniques en France, le service de neurologie et le laboratoire d'exploration du système nerveux du CHU de Dijon conduisent des recherches dans deux domaines prioritaires : les accidents vasculaires cérébraux (AVC) sous la direction du Pr Giroud et la sclérose en plaques (SEP), sous la responsabilité du Pr Moreau. Ces travaux débouchent sur des recommandations en matière de prévention et de traitement et sur des essais cliniques d'envergure internationale (notamment sur la SEP), en partenariat avec d'autres équipes hospitalières et universitaires, l'industrie pharmaceutique et les médecins libéraux.

L’épidémiologie au service du progrès thérapeutique
La veille épidémiologique aide à mieux cerner les populations à risque et à mesurer l’efficacité de leurs prises en charge. S’appuyant sur des registres et des bases de données uniques en France, le service de neurologie et le laboratoire d’exploration du système nerveux du CHU de Dijon conduisent des recherches dans deux domaines prioritaires : les accidents vasculaires cérébraux (AVC) sous la direction du Pr Giroud et la sclérose en plaques (SEP), sous la responsabilité du Pr Moreau. Ces travaux débouchent sur des recommandations en matière de prévention et de traitement et sur des essais cliniques d’envergure internationale (notamment sur la SEP), en partenariat avec d’autres équipes hospitalières et universitaires, l’industrie pharmaceutique et les médecins libéraux.

AVC : le Registre Dijonnais publie cet été les résultats de 20 ans de veille épidémiologique
Créé en 1985 et bénéficiant de la « culture registre » impulsée par le Pr J. FAIVRE, le Registre Dijonnais des Accidents Vasculaires Cérébraux établit une surveillance exhaustive et continue des données épidémiologiques des AVC survenant au sein de la population de la ville de Dijon (150 000 habitants) et pris en charge au CHU (dans 85 % des cas), en cliniques et à domicile.
Inédits en France, les travaux indiquent que malgré l’augmentation de la population à risque, c’est-à-dire des patients âgés de plus de 75 ans, l’incidence des AVC est restée stable, traduisant un effet bénéfique certain de la prévention primaire marquée essentiellement par la forte diminution de la prévalence du tabagisme, et un meilleur contrôle de l’hypertension artérielle (HTA). Si la prévalence de l’HTA traitée n’a pas changé, le contrôle de l’HTA traitée s’est amélioré au sein des AVC. Ces études révèlent également que la baisse de l’incidence des AVC cardio-emboliques, reflet de l’efficacité de la prévention des complications cardio-emboliques, a été neutralisée par l’augmentation de l’incidence des AVC lacunaires secondaires à l’augmentation de la prévalence du diabète. Quant à la chute de 25 % de la mortalité des AVC à 1 mois, elle traduit l’amélioration de la prise en charge des AVC en phase aiguë. Enfin, le critère le plus pertinent est l’augmentation de l’espérance de vie sans AVC, de 5 ans chez l’homme et de 8 ans chez la femme, reflet de l’amélioration de l’état de santé des dijonnais et du dépistage et du traitement précoces des facteurs de risque vasculaires.

Par ailleurs, le registre gère avec le service de gériatrie l’Etude des 3 Cités, surveillant 10 000 français de plus de 65 ans (2 500 à Bordeaux, 2 500 à Montpellier, 5 000 à Dijon) sur le plan des démences et des AVC. Il anime aussi un réseau européen de registres de population sur les AVC appelé EROS (European Registries Of Stroke), dont les travaux sont financés par l’Union Européenne.

Sur le plan clinique, l’équipe participe aux essais thérapeutiques PROGRESS, CHARISMA et MATCH sur la prévention secondaire des AVC, ainsi qu’à l’étude EVA-3S sur la valeur des stents carotidiens.

Sclérose en plaques : approches épidémiologique et clinique en cours.
Depuis 10 ans maintenant, des avancées épidémiologiques sur les connaissances de l’histoire naturelle de la maladie, sur les critères diagnostiques et surtout sur les traitements sont apparues. Dans ce nouvel environnement, une base de données utilisant le logiciel internationalement validé « EDMUS » (European Epidemiology of Multiple Sclerosis), a recueilli toutes les caractéristiques des malades bourguignons ayant eu contact avec le CHU. Ainsi, 940 malades sont aujourd’hui inclus dans la base de données bourguignonne, ce qui constitue l’une des 10 plus importantes bases de données de malades SEP d’Europe. A partir de cet outil, plusieurs axes de recherche ont été établis :
– la détermination de marqueurs prédictifs pronostiques, dès le début de la maladie, d’un handicap à terme,
– la détermination de marqueurs prédictifs pronostiques de réponse aux traitements aujourd’hui disponibles,
– l’établissement d’une équation pour un individu donné dès le début de sa maladie sur son risque évolutif pour guider le neurologue dans sa stratégie thérapeutique,
– l’approche originale neurocognitive dans la SEP avec détermination d’un test écologique de la SEP : le test des commissions, mise en place d’un test musical pour la détection précoce de l’atteinte cognitive et évaluation de l’intérêt d’une stimulation cognitive chez les malades avec une plainte neuropsychologique.

Les études sont menées par une équipe d’une dizaine de personnes qualifiées en recherche clinique (médecins, biostatisticiens, neuropsychologues, secrétaires), et sont facilitées par la Clinique Bourguignonne de la Sclérose en Plaques (CliboSEP) dans le domaine de l’évaluation des soins.

De plus, dans le cadre d’essais thérapeutiques de phase III internationaux contrôlés par la Food and Drug Administration, différents traitements innovants sont actuellement étudiés : l’interféron béta, acétate de Glatiramer dès le début de la maladie, et à fortes doses, des anticorps monoclonaux bloquant l’entrée des lymphocytes dans le système nerveux central (TYSABRI®), de nouveaux immunosupresseurs (TERIFLUNOMIDE), et un nouvel agent immuno-actif (FTY 720) séquestrant les lymphocytes au sein des organes lymphoïdes.
Enfin, un anticorps monoclonal anti-sélectine au cours d’une étude de phase II est à l’essai.

Le service de neurologie du CHU prend en charge les maladies du cerveau, de la moelle, des nerfs et des muscles. Il comprend 2 centres référents, un pour la maladie d’Alzheimer partagé avec le service de gériatrie (Centre Mémoire, Ressources et Recherche ou CMRR) et un pour la sclérose latérale amyotrophique. Il participe à 3 réseaux de soins régionaux pour la sclérose en plaque (Réseau Bourguignon de la SEP), les accidents vasculaires cérébraux (Réseau Bourgogne-AVC) et la maladie d’Alzheimer (RESEDA). Il inclut également une consultation pluridisciplinaire pour la sclérose en plaques (CliboSEP).

D’après un article du Pr Giroud paru en octobre 2006 dans « Avis de recherche », journal commun au CHU, à l’UFR Médecine et au Centre de Lutte Contre le Cancer de Dijon. Publié deux fois par an ce semestriel présente les productions scientifiques du site hospitalo-universitaire

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