A travers l’observatoire SIGAPS et SIGREC, Patrick Devos, biostatisticien au CHRU de Lille, a développé une expertise quasiment unique en France des publications scientifiques. Avec Lesya Baudoin, Chargée de Mission Bibliométrie au CNCR, ils font partager leur analyse aux lecteurs de RESEAU CHU : l'anglais devenu incontournable, l'augmentation des publications des équipes françaises dans des revues de forte notoriété, le succès des revues en Open Access...
A travers l’observatoire SIGAPS et SIGREC, Patrick Devos, biostatisticien au CHRU de Lille, a développé une expertise quasiment unique en France des publications scientifiques. Avec Lesya Baudoin, Chargée de Mission Bibliométrie au CNCR, ils font partager leur analyse aux lecteurs de RESEAU CHU : l’anglais devenu incontournable, l’augmentation des publications des équipes françaises dans des revues de forte notoriété, le succès des revues en Open Access…
Entre 2005 et 2009, 73% des revues étaient publiées en anglais et ce taux est passé à 83% entre 2010 et 2014. Dans le même temps le pourcentage d’articles publiés dans des revues françaises a reculé de 27% à 19%. « C’est à la fois le résultat de l’internationalisation croissante de la recherche médicale en France, par le biais des collaborations, des échanges et des projets communs mais aussi des choix stratégiques motivés par les critères d’évaluation favorisant la publication en anglais, – précise Patrick Devos. Pour autant la publication dans des revues de langue française permet le transfert de connaissances scientifiques auprès des étudiants et professionnels de la santé en France et dans d’autres pays francophones ».
Parmi les revues publiant le plus fréquemment les articles des équipes des CHU (groupe des revues qui concentrent les 25% d’articles), on retrouve une majorité de revues françaises, même si la langue de publication puisse être anglaise. Toutefois, le nombre des revues françaises dans ce groupe diminue avec le temps. Parallèlement, en termes de qualité de revues, le nombre de titres de catégorie E a baissé entre 2005-2009 et 2010-2014, alors que le nombre de celles classées A a augmenté passant de 36% à près de 42%.
Comparaison de la répartition des publications des CHU par catégorie de revues entre les périodes 2005-2009 et 2010-2014 – CNCR fév 2016
Le facteur d’impact (A,B,C,D,E, NC – A étant le plus élevé) correspond à la notoriété d’une revue par rapport aux autres revues du même domaine d’étude (Subject Category). Les catégories sont listées dans le Journal of Citation Reports (JCR) de ®Thomson Reuters.
La révolution de l’Open Acces (OA)
Depuis la naissance, dans les années 1990, du mouvement des chercheurs pour un accès libre aux contenus scientifiques, l’univers de la publication scientifique a connu des profonds bouleversements. Des analyses réalisées par une équipe finlandaise estiment l’augmentation annuelle, au niveau mondial, du nombre de publications dans les revues OA (revues en ligne, sans restriction d’accès, basées sur le modèle « auteur payeur ») de 30% et le nombre de titres de périodiques en OA – de 18%.
Rapidement adoptées par la communauté scientifique des CHU, les revues en OA deviennent un support de publication de plus en plus fréquent pour les chercheurs hospitaliers : si en 2005 on décompte moins de 200 publications dans les revues OA, en 2013 et 2014 elles s’élèvent à plus de 1300 par an. Parmi elles la revue PLoS One occupe une place prépondérante. En 5 ans elle a supplanté les Archives de Pédiatrie, La Presse Médicale et La Revue du Praticien.
PLoS One : un modèle innovant de « Méga-Revue »
Cette revue électronique multidisciplinaire en OA base sa sélection d’articles sur les seuls critères de la robustesse méthodologique et scientifique, sans tenir compte de son intérêt supposé par le comité éditorial comme c’est l’usage dans les revues classiques. Grâce à ce mode de sélection et au potentiel de publication quasi-illimité du média électronique, le taux d’acceptation d’articles dans PLoS One est plus élevé que ceux des revues classiques et le nombre de publications par an atteint des volumes jamais vus auparavant : en 2013 ce chiffre a dépassé les 30 000.
Cette revue électronique multidisciplinaire en OA base sa sélection d’articles sur les seuls critères de la robustesse méthodologique et scientifique, sans tenir compte de son intérêt supposé par le comité éditorial comme c’est l’usage dans les revues classiques. Grâce à ce mode de sélection et au potentiel de publication quasi-illimité du média électronique, le taux d’acceptation d’articles dans PLoS One est plus élevé que ceux des revues classiques et le nombre de publications par an atteint des volumes jamais vus auparavant : en 2013 ce chiffre a dépassé les 30 000.
L’offre actuelle des périodiques en OA est caractérisée par un fort taux de renouvellement et une qualité de revues contrastée, avec des modèles économiques différents. Il convient donc d’anticiper l’évolution du marché de l’OA et développer les politiques locales adaptés.