A l’issue de leurs XIIIèmes Assises de Bordeaux, les CHU ont présenté 15 propositions pour relever le défi d’un parcours de soins plus fluide où les interventions des médecins de ville et des hospitaliers seraient davantage coordonnées au sein d’un maillage territorial qui irriguerait jusqu’aux déserts médicaux. L’enjeu : servir au mieux un patient plus âgé, souffrant de maladies chroniques et prendre en compte ses attentes en matière d’information et d’implication dans les soins et les organisations. Pour dessiner le CHU de demain, les directeurs généraux, les présidents de CME et les doyens des facultés de médecine ont exploré de nouvelles pistes pour une approche plus transversale, plus décloisonnée du chemin clinique du malade. Un changement de paradigme où les mots pouvoir et centrisme ont été remplacés par pilotage, maillage et coopération.
« Pour conserver l’excellence des CHU, sachons sortir de certains schémas » recommande Alain Hériaud, président de la conférence des Directeurs généraux de CHU, qui invite ses pairs à placer résolument le patient au cœur de leurs préoccupations. Un programme « plus dit que fait ! ». Le directeur général du CHU de Bordeaux note aussi avec satisfaction qu’il n’a jamais autant été question de recherche que lors de ces assises. Cette dimension longtemps accessoire a été reconnue par tous comme « un objectif prioritaire » nécessaire au maintien des CHU au plus haut niveau de qualité. «La recherche intégrée aux activités des CHU font de leurs unités les terrain de finalisation des nouveaux produits, des nouveaux médicaments et cette dynamique sera renforcée par une contractualisation avec les hôpitaux ».
Pour le Pr Guy Moulin, président de la Conférence des présidents de commissions médicales d’établissement de CHU « ces assises témoignent de la maturité des CHU et de ceux qui les conduisent. » Le Président de la CME de l’AP-HM défend les principes d’un décloisonnement externe et interne tout en préservant le rôle du CHU-référent : « Qui mieux que le CHU peut mettre la richesse de ses compétences au service de chemins cliniques parfois recomposés mais toujours innovants et humanistes ? Qui mieux que le service public hospitalier, et en particulier le CHU, peut organiser la permanence des soins dans les territoires, et lutter contre la dispersion des moyens financiers ? » interroge le représentant des médecins qui plaide pour un CHU ouvert sur plus de transversalité, de mutualisation.
« Le changement, maître mot des Assises maintes fois évoqué, témoigne de la volonté des CHU de toujours s’adapter pour mieux servir le patient. Les CHU et les facultés doivent aussi assurer un meilleur enseignement pour mieux servir les étudiants et la recherche. » prône le Pr Dominique Perrotin, président de la conférence des Doyens de facultés de médecine. Face à la presse, il a tenu à rappeler que « la santé va bien au-delà des histoires de gros sous ». Le doyen de la faculté de Tours qui place haut les valeurs du CHU s’est dit « agacé » par la polémique sur les dépassements d’honoraires qui ne concerne qu’une infime proportion des praticiens hospitalo-universitaires, moins de 7% d’entre eux.
Tous plaident en faveur d’un parcours de santé plus visible en particulier en oncologie et pour les personnes âgées, du renforcement des comités de liaison ville-hôpital institutionnalisant les liens entre médecine de ville et hospitalière dont les échanges seraient soutenus par l’usage des NTIC et des numéros de téléphone dédiés… Quant au développement de la chirurgie ambulatoire, les responsables sont favorables à la progression de cette activité dans le respect des spécificités de leurs patients, plus lourds et souvent âgés. Actuellement l’ambulatoire représente plus de la moitié des séjours (2,87 millions sur 5,34 millions) et près du quart des actes de chirurgie. « Ce taux peut progresser mais n’atteindra pas les 80% compte tenu des profils et des pathologies des patients que nous accueillons » estime le Pr Guy Moulin.
Interrogés sur les maisons de santé universitaires (MSU), les responsables ont tenu à rappeler ce que recouvrait ce terme : les maisons de santé universitaires sont des maisons médicales pluridisciplinaires dotées d’un label universitaire accordé par la faculté en lien avec les CHU et qui bénéficient d’un enseignant en médecine générale. Il n’existe actuellement qu’une seule maison de santé universitaire à Coulommiers (77). Par contre 200 maisons de santé sont recensées. Leur création ne relève pas de la responsabilité des CHU mais de l’initiative des collectivités locales ou de groupements de professionnels de santé, médecins généralistes, infirmières, kinésithérapeutes, dentistes… Ces structures répondent à l’évolution de l’exercice médical qui n’est plus solitaire mais en groupe. Elles apportent aussi une solution aux zones rurales et urbaines très désertifiées. Seules certaines d’entre elles obtiendront la marque Universitaire.
Les maisons de santé universitaires ne doivent pas non plus être confondues avec les maisons médicales de garde, complémentaires des Services Accueil Urgences et mises en place par les CHU à proximité ou dans l’enceinte de leur établissement pour désengorger les urgences.
Marie-Georges Fayn
Télécharger les 15 propositions
Simuler un attentat ou une tempête pour préparer aux situations d’urgence
Après l’impressionnant déploiement du “Shelter”, hôpital mobile du CHU de Toulouse, ce fut au tour du projet “SENS” d’être présenté lors de la dernière édition de SantExpo. SENS, ou autrement dit un centre de simulation environnementale et neurosensorielle de 140 m2, ayant la capacité de recréer diverses situations extrêmes pour préparer au mieux les professionnels de l’urgence à des crises majeures. Un projet attendu sur le site de l’hôpital Purpan en 2024.