Les diététiciennes du CHU : bien dans leur assiette ?

« Trop de gens assimilent notre profession à la promotion des haricots verts et à la lutte contre l’obésité ! », déplore François Simon, cadre supérieur diététicien au CHU de Nancy. Son équipe, formée de 30 diététiciennes, est répartie sur les différents sites. La diététique est une activité transversale : présente dans tous les hôpitaux, au service de toutes les pathologies...« auprès de patients de zéro à plus de 100 ans ! », précise-t-il. Chaque équipe est managée par une cadre qui organise la prise en charge diététique pour tout l’établissement. rnLa diététique, associée dans l’esprit de tous à la nutrition en général, intéresse petits et grands : synonyme de sveltesse pour les uns, de convivialité pour les autres. C’est avant tout un métier.rnConcrètement, quel rôle jouent aujourd’hui les diététiciennes hospitalières ? Explications.

« Trop de gens assimilent notre profession à la promotion des haricots verts et à la lutte contre l’obésité ! », déplore François Simon, cadre supérieur diététicien au CHU de Nancy. Son équipe, formée de 30 diététiciennes, est répartie sur les différents sites. La diététique est une activité transversale : présente dans tous les hôpitaux, au service de toutes les pathologies…« auprès de patients de zéro à plus de 100 ans ! », précise-t-il. Chaque équipe est managée par une cadre qui organise la prise en charge diététique pour tout l’établissement. La diététique, associée dans l’esprit de tous à la nutrition en général, intéresse petits et grands : synonyme de sveltesse pour les uns, de convivialité pour les autres. C’est avant tout un métier.Concrètement, quel rôle jouent aujourd’hui les diététiciennes hospitalières ? Explications.
Les premières diététiciennes sont arrivées au CHU en 1967. Alors qu’il y a une vingtaine d’années, une diététicienne était chargée de tout mettre en oeuvre pour faire maigrir un patient en excès de poids, elle est aujourd’hui partie prenante d’une équipe pluridisciplinaire. La prise en charge est globale et la diététique un maillon d’une longue chaîne médicale visant à comprendre le patient, à prendre en compte le cognitif ou l’addiction. François Simon explique : « Prenons par exemple une dame qui pèse 140 kilos. Auparavant, une diététicienne élaborait un régime pour lui faire perdre du poids le plus rapidement possible. Aujourd’hui, on cherche surtout, en collaboration avec le service diététique, à comprendre pourquoi cette dame a pris 80 kilos de trop. La compréhension globale de la patiente prime. »
Tous les jours, les diététiciennes assurent des consultations. Les médecins avertissent le service diététique que l’alimentation d’un de leurs patients doit être suivie. Un rendez-vous entre le patient et une diététicienne est alors fixé. Elisabeth Favre, cadre diététicienne à l’Hôpital d’enfants depuis 35 ans, comptabilise plus de 2000 consultations par an pour son service : maladies métaboliques, mucoviscidose, diabète, obésité, néphrologie…
Les diététiciennes effectuent également des visites dans les services. Leur activité est un véritable soin : elles travaillent sous prescription médicale. Elles se rendent dans les chambres des patients pour échanger avec eux, les informer, les conseiller et parfois les rassurer. Pour les patients qui ont des régimes spécifiques, elles créent des fiches individualisées et calculent avec précision le régime adapté.
Calculer, oui… les diététiciennes sont de vraies mathématiciennes. Attentives et précises, aucune erreur n’est permise dans la conception des menus. Amandine Pierron, diététicienne à l’Hôpital d’enfants, ajoute : « Avec les enfants, il faut être encore plus rigoureuses et parfois prévoir des rations au gramme près. »   
Mais la précision seule ne suffit pas à faire des diététiciennes des professionnelles compétentes… Une bonne gestion de la traçabilité des produits alimentaires permet de respecter les procédures d’hygiène et d’éviter les erreurs. Le relationnel entre également en jeu, dans la rencontre avec les patients et leur entourage. « Il faut aimer le partage », assure Amandine Pierron.

Les bienfaits des prescriptions diététiques

Dans le cas d’une maladie comme la phénylcétonurie (maladie génétique grave qui nécessite de suivre un régime draconien pauvre en phénylalanine) ou encore dans le cas de l’intolérance au lait de vache, les conseils réguliers de diététiciens sont la clef d’une santé préservée.
 « Les médecins sont conscients que la diététique fait partie du soin de l’enfant. L’alimentation de la première année est fondamentale pour la santé présente et à venir du bébé», assure Elisabeth Favre. 
Un métier utile…qui fait face aujourd’hui à un nouveau challenge. A une époque où les patients restent de moins en moins longtemps à l’hôpital et où l’ambulatoire se développe, un nouveau défi est lancé pour les diététiciennes du CHU : l’éducation des patients. « Les patients restent peu de temps à l’hôpital : il faut les éduquer dans leur pathologie. Mais comment changer toute une vie d’alimentation en si peu de temps ? » s’interroge François Simon.

Evolution du métier mais pas d’évolution de la formation…

La diététique continue d’espérer une meilleure reconnaissance. Pour être diététicienne, il faut avoir un BTS Diététique ou un DUT Génie biologique option diététique (Bac + 2).  Comme de nombreux professionnels du paramédical, les diététiciens revendiquent un diplôme d’Etat, ce qui permettrait de valoriser leur diplôme à hauteur d’un Bac + 3. Pour Elisabeth Favre, une formation sur 3 ans renforcerait aussi l’enseignement : « Allonger la période d’apprentissage apporterait à la formation un module d’éducation thérapeutique, un approfondissement de la communication et permettrait également d’étendre les périodes de stage. » Le gouffre se creuse entre le rôle prépondérant des diététiciennes à l’hôpital et leur manque de reconnaissance dans la société. Pour François Simon : « L’espoir de toute la profession, c’est de ne pas rester sur la touche. »
Dans ce combat comme dans leur métier, les diététiciennes du CHU sont d’une énergie à toute épreuve. Le sourire aux lèvres, François Simon parle d’elles comme d’« une équipe jeune et dynamique. » Elles sont unies par la même force : faire de l’alimentation de tous un plaisir. Comme le dit Amandine Pierron : « Pour rien au monde je ne changerais de service ! »

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