Les innovations technologiques en vitrine à Clermont-Ferrand

Remplacement de la valve cardiaque aortique par voie percutanée (non chirurgicale) ou capture intra-artérielle d’un caillot de sang dans les accidents vasculaires cérébraux ischémiques… Les dispositifs médicaux sauvent la vie de milliers de patients pour un coût de quelques centaines d’euros à plusieurs dizaines de milliers d’euros. En cette période de budget contraint, leur sélection requiert toute l’attention des évaluateurs médico-économiques ; un enjeu d’autant plus crucial pour les CHU qui se situent aux avant-postes du progrès scientifique. Les experts réunis à Clermont-Ferrand pour une Journée régionale de la Recherche clinique et des innovations, le 13 décembre 2013

Remplacement de la valve cardiaque aortique par voie percutanée (non chirurgicale) ou capture intra-artérielle d’un caillot de sang dans les accidents vasculaires cérébraux ischémiques… Les dispositifs médicaux sauvent la vie de milliers de patients pour un coût de quelques centaines d’euros à plusieurs dizaines de milliers d’euros. En cette période de budget contraint, leur sélection requiert toute l’attention des évaluateurs médico-économiques ; un enjeu d’autant plus crucial pour les CHU qui se situent aux avant-postes du progrès scientifique. Les experts réunis à Clermont-Ferrand pour une Journée régionale de la Recherche clinique et des innovations, le 13 décembre 2013 ont pu débattre des modalités d’évaluation, des étapes de la diffusion des avancées, des perspectives attendues dans les différentes disciplines.
Gros plan sur une dizaine d’innovations et de nouvelles organisations qui vont transformer les pratiques professionnelles et dynamiser la recherche.
Pharmacie
Évaluation et gestion des risques liés aux dispositifs médicaux en polychlorure de vinyle plastifié‐ ARMED

Dr Valérie Sautou, Pharmacie, CHU de Clermont‐Ferrand
La fabrication de certains dispositifs médicaux (DM) en PVC nécessite l’incorporation de plastifiants pour apporter une bonne souplesse au DM comme par exemple dans le cas des tubulures de perfusions. Cependant, il est connu que ces plastifiants peuvent migrer du DM vers les liquides de perfusion et ainsi atteindre le patient. Ainsi certains plastifiants, comme le DEHP (un phtalate) ont vu leur utilisation restreinte dans les dispositifs par précaution, car présentant un risque potentiel pour la santé. Les industriels ont dû remplacer le DEHP par d’autres plastifiants, mais leur potentiel de migration et leur toxicité sont mal connus. Dans ce contexte, le projet ARMED (financé par l’ANSM – Agence Nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) doit évaluer l’importance de la migration à partir des DM et le profil toxicologique de ces plastifiants. Ce projet collaboratif associant des professionnels de santé (pharmaciens et médecins hospitaliers) et des chercheurs spécialistes des biomatériaux, vise à optimiser la surveillance de la sécurité des DM commercialisés et à faire évoluer l’évaluation de ces DM avant commercialisation afin d’anticiper un risque d’exposition des patients à des composés toxiques.
Fécondation in vitro
Time lapse embryonnaire : Primovision

Dr Florence Brugnon, Assistance Médicale à la Procréation‐CECOS, CHU de Clermont‐Ferrand
L’optimisation des conditions de culture embryonnaire et des méthodes d’évaluation de la qualité embryonnaire sont primordiales pour augmenter les chances de succès en fécondation in vitro (FIV). La technique « time lapse » permet d’observer la cinétique de développement embryonnaire par un système de prise d’images en continu des embryons en condition de culture. L’intérêt est double : d’une part, il n’est plus nécessaire de sortir les embryons en cours de développement de leur environnement garantissant une stabilité optimale des conditions de culture, et d’autre part, il devient possible de suivre la cinétique de leur développement par la prise d’images en continu, ce qui permet de mieux sélectionner l’embryon qui a suivi une cinétique la plus favorable à une grossesse ultérieure.
Autopsie
Scanner post mortem médicolégal  
  
Dr Éric Dumousset, Radiologie B, CHU de Clermont‐Ferrand Dr Baptiste Boyer, Médecine légale, CHU de Clermont‐Ferrand
L’avènement des techniques d’imagerie tel que le scanner a révolutionné les possibilités d’exploration du corps humain tout en restant non invasif. Dans ce contexte, quelques équipes françaises de radiologues et de médecins légistes développent l’imagerie post mortem. Le scanner post mortem a pour but de compléter et de faciliter l’autopsie dans le cadre d’une procédure judiciaire. Parmi les causes de morts 4 violentes avec obstacle médico‐légal, sa valeur ajoutée est indéniable pour les polytraumatismes osseux et les traumatismes balistiques.

Cardiologie
CARDIAUVERGNE : service de télésurveillance
et de coordination des soins des insuffisants cardiaques graves
Pr Jean Cassagnes, CARDIAUVERGNE
L’insuffisance cardiaque chronique, première cause d’hospitalisation après 60 ans, garde parmi toutes les pathologies, un des pronostics les plus défavorables. Conscient de cet enjeu majeur de santé publique, l’Agence Régionale de Santé (ARS) d’Auvergne a décidé en 2010, de soutenir la création de CARDIAUVERGNE pour organiser la prise en charge de l’insuffisant cardiaque. CARDIAUVERGNE a pour objectif de renforcer la coordination des soins, la surveillance et l’éducation des 2000 patients insuffisants cardiaques les plus graves de la région Auvergne. La qualité et la continuité des soins sont le résultat d’un bon transfert de l’information, de bonnes relations interprofessionnelles et d’une coopération de tous les professionnels de santé mais aussi de l’implication du patient lui‐même dans sa prise en charge. CARDIAUVERGNE a donc l’ambition pour les professionnels de santé d’aider au décloisonnement villehôpital, d’accompagner les nouveaux modes d’exercice de leur profession, et pour les malades d’améliorer le pronostic de leur maladie, de faire reculer la dépendance des plus âgés et de réduire le nombre des réhospitalisations d’où une amélioration de leur qualité de vie et un moindre coût pour la société.
A trial of intraoperative low‐tidal‐volume ventilation in abdominal Surgery
Dr Emmanuel Futier, Département Anesthésie‐Réanimation, CHU de Clermont‐Ferrand
La ventilation pulmonaire mécanique est connue pour engendrer des traumatismes pulmonaires si les volumes respiratoires sont trop importants. Ainsi, une ventilation protectrice (faibles volumes et pression expiratoire positive) est considérée comme la meilleure pratique dans la prise en charge de nombreux patients gravement malades. Cependant, à ce jour, le rôle d’une ventilation mécanique protectrice chez les patients anesthésiés subissant une intervention chirurgicale majeure n’est pas connu. C’est dans ce contexte qu’une étude clinique multicentrique et coordonnée par le CHU de Clermont‐Ferrand a été réalisé avec 400 patients à risque de complications pulmonaires (intermédiaire à élevé) devant subir une chirurgie abdominale majeure. Les résultats ont été publiés dans la prestigieuse revue du New England Journal of Medecine (Futier et al., 2013), démontrant que par rapport à une ventilation mécanique non protectrice, l’utilisation d’une stratégie protectrice chez les patients à risque intermédiaire à élevé, subissant une chirurgie abdominale majeure a été associée à de meilleurs résultats cliniques et à une réduction de la consommation de soins.

Structures et soutiens à la recherche biomédicale
BIOBANQUES : une infrastructure nationale dédiée à la recherche médicale
Dr Maha David, Inserm US013‐BIOBANQUES, Hôpital de la Pitié‐Salpêtrière, AP‐HP
BIOBANQUES est une infrastructure nationale dédiée à la recherche médicale utilisant les échantillons biologiques et les ressources biomoléculaires. BIOBANQUES mobilise l’ensemble des acteurs français (laboratoire de recherche, établissements de santé…) des biobanques, des tumorothèques et des centres de ressources microbiologiques. Les objectifs stratégiques de l’infrastructure BIOBANQUES sont d’accroitre les capacités de recherche biomédicales en facilitant l’accès aux ressources biologiques et données nécessaires aux projets scientifiques d’excellence, favoriser la recherche translationnelle en accélérant les transferts des connaissances fondamentales vers leurs applications cliniques et industrielles, participer au renforcement des plateformes pluridisciplinaires d’excellence et favoriser le partenariat public‐privé pour renforcer les développements technologiques innovants et la recherche translationnelle.
Les collections biologiques pour la recherche : un support stratégique majeur
Pr Marc Berger, Hématologie Biologique/Immunologie, CHU de Clermont‐Ferrand
Le Centre de Ressources Biologiques Auvergne (CRB‐A) permet de centraliser des échantillons biologiques d’origine humaine (par exemple : sang, moelle osseuse, urines, selles, salive, tissu sain, tissu tumoral). Cette collection d’échantillons s’inscrit dans une finalité scientifique de recherche clinique (c’est‐à‐dire chez l’homme) et non de soins. Cette collection obéit à une réglementation stricte avec notamment une déclaration auprès de la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés), de l’ARS (Agence Régionale de Santé) Auvergne et du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Pour les établissements de santé impliqués dans la recherche clinique comme le CHU de Clermont‐Ferrand, un CRB est devenu essentiel pour mener une activité de recherche de qualité. En effet, avec un système d’assurance de la qualité rigoureux, les CRB offrent la possibilité de conserver des échantillons biologiques issus de patients en vue d’analyses ultérieures, tout en conservant des conditions de stockage optimale.
Essais cliniques de phase précoce en oncologie      
Dr Xavier Durando, Médecine oncologique, Centre Jean Perrin
Les essais cliniques de phase précoce en oncologie correspondent aux études faites chez l’Homme pour évaluer l’efficacité et la sécurité des nouveaux traitements anticancéreux. L’objectif principal est la mise à disposition des molécules anticancéreuses innovantes pour les patients le plus tôt possible. Ce besoin répond notamment aux objectifs du Plan Cancer 2009‐2013. Dans ce contexte, le centre de lutte contre le cancer Jean Perrin a été labellisé par l’INCa (Institut National du Cancer) comme centre de phase précoce (CLIP ‐ Centres Labellisés INCa de Phase Précoce).
La recherche en sciences infirmières et paramédicales : du questionnement aux données probantes, un exemple d’accompagnement au CHU de Bordeaux
Mme Valérie Berger, Mission Recherche Paramédicale, CHU de Bordeaux
La recherche dans le domaine des soins infirmiers et paramédicaux est un maillon très important de la recherche dans le domaine de la santé. Habituellement la recherche dite clinique est conduite scientifiquement et réglementairement par les médecins. Cependant, il est essentiel que le personnel soignant (infirmier et paramédical) soit partie prenante de ces activités de recherche. Cette recherche interdisciplinaire contribue à l’amélioration des soins, des connaissances et des pratiques professionnelles des soignants. Valérie Berger (infirmière diplômée d’état) viendra présenter la stratégie développée au CHU de Bordeaux pour promouvoir et accompagner la recherche en Sciences infirmières et paramédicales.
La Fondation maladies rares : un nouvel accélérateur de recherche sur les maladies rares
Mme Estelle Chanudet‐ van den Brink, Responsable régionale Rhône‐Alpes Auvergne, Fondation maladies rares La Fondation maladies rares est née de la volonté des associations de malades et de celle de tous les acteurs, médecins et chercheurs, impliqués dans la recherche et la prise en charge des malades dans le domaine des maladies rares. La Fondation maladies rares a pour principaux objectifs de mettre en lien et de fédérer les acteurs de la recherche et du soin dans les maladies rares, et de financer, sur la base d’appels d’offres pluriannuels, les projets de recherche ciblés sur les maladies rares, sans restriction du type de maladie ni de champ disciplinaire (Recherche clinique, physiopathologique, thérapeutique, sciences humaines et sociales).

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