Les risques du diabète gestationnel évalués dans une étude AP-HP et Cnamts

Fréquence plus élevée d'accouchements par césarienne, de prématurité ou de malformations cardiaques chez le futur bébé : cette étude, première du genre à l'échelle nationale, pointe les risques associés au diabète dit "de grossesse" tant pour la mère que pour l'enfant à naître. Des résultats publiés jeudi 16 février 2017 dans la revue Diabetologia.
Fréquence plus élevée d’accouchements par césarienne, de prématurité ou de malformations cardiaques chez le futur bébécette étude, première du genre à l’échelle nationale, pointe les risques associés au diabète dit "de grossesse" tant pour la mère que pour l’enfant à naître. Des résultats publiés jeudi 16 février 2017 dans la revue Diabetologia.
L’analyse, réalisée par la Caisse nationale de l’Assurance Maladie des travailleurs salariés (Cnamts) avec les services de néonatalogie à l’hôpital Armand Trousseau et de diabétologie et d’obstétrique à l’hôpital Pitié-Salpêtrière, a porté sur 796 000 accouchements en France en 2012
Ses résultats confirment que les femmes ayant développé un diabète durant leur grossesse ont un risque accru de complications périnatales par rapport à celles sans diabète: elles accouchent par césarienne dans près de 28 % des cas, versus 20 % des femmes sans diabète.
Des complications encore accrues en cas de diabète sévère
Les accouchements prématurés surviennent chez 8 % des femmes ayant un diabète gestationnel contre 6 % des femmes sans diabète. La pré-éclampsie apparaît chez 2 % des femmes avec un diabète gestationnel versus 1% des femmes sans diabète. 
Pour le bébé, le risque de malformations cardiaques à la naissance est 1,2 fois plus élevé que celui observé chez une femme qui a une grossesse sans diabète. 
De plus, la fréquence des complications s’accroît encore lorsque le diabète est sévère, nécessitant le recours à l’insuline: dans ce cas, un tiers des accouchements se fait par césarienne et 9 % survient prématurément. Enfin, les nouveau-nés ont un risque multiplié par 2 d’avoir un poids de naissance particulièrement élevé.
L’importance d’un dépistage précoce et d’un suivi rigoureux
L’étude de l’AP-HP et de la Cnamts recense, en France, 7 femmes sur 100 chez qui un diabète a été diagnostiqué durant la grossesse en 2012, un taux comparable à celui d’autres pays européens. 
Mais cette maladie est susceptible de toucher un nombre croissant de femmes en raison de l’augmentation de la prévalence du surpoids et de l’obésité ainsi que du recul de l’âge de la maternité, autant de facteurs de risques de développer un diabète durant la grossesse.
Les auteurs soulignent, dans ce contexte, l’importance du dépistage du diabète pendant la grossesse tel que recommandé actuellement par le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) chez les femmes qui présentent des facteurs de risque comme un surpoids, une obésité, un âge supérieur à 35 ans, des antécédents familiaux de diabète, des antécédents obstétricaux de diabète gestationnel, etc.
Un dépistage précoce, un suivi rigoureux du traitement diététique et/ou de l’insulinothérapie limitent les complications pour la mère et l’enfant. 
Une puissante base de données accessible pour d’autres études 
Cette étude a pu être réalisée grâce à l’utilisation d’outils statistiques puissants que sont l’ensemble des bases de données anonymes médicales hospitalières (PMSI) et la base de données anonymes sur les remboursements de soins des patients (Sniiram).
Depuis 2012, le chaînage des informations de santé de la mère et de l’enfant a été rendu possible par l’enregistrement d’une variable spécifique dans le PMSI rattachée à la mère et à son enfant. Ce procédé ouvre de nouvelles opportunités d’études, permettant notamment d’analyser les effets indésirables de médicaments chez les femmes qui y sont exposées durant leur grossesse.

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