Une méthode prometteuse d’imagerie par résonance magnétique (IRM) a été mise au point et appliquée à la sclérose en plaques par des chercheurs de Marseille * en collaboration avec le service de neurologie du CHU de La Timone à Marseille. Cette nouvelle technique permet de cartographier de manière non invasive la distribution en sodium dans le cerveau humain. L’enjeu est de taille car l’accumulation anormale de cet élément minéral dans l’axone, partie du neurone où circule l’information nerveuse, intervient dans plusieurs maladies neurodégénératives, comme la sclérose en plaques. À terme, cette technique pourrait permettre de tester des médicaments potentiels agissant sur le sodium mais également de mieux comprendre les phénomènes intervenant dans cette affection neurologique. Depuis 2012, plusieurs publications scientifiques internationales ont rendu compte de cette avancée dont les développements seront commentés lors de la journée mondiale de la sclérose en plaques (SEP) le 28 mai 2014.
Cette approche va bénéficier de la mise en place d’une nouvelle IRM dédiée à la recherche sur le site du CRMBM-CEMEREM*. Cette IRM 7T, au champ mangétique 7 fois plus puissant que celui des IRM utilisées en pratique quotidienne sera la première de cette puissance en France â être installé dans un environnement clinique). Opérationnelle d’ici fin 2014, elle devrait fournir aux équipes des résultats plus précis concernant l’accumulation de sodium dans la sclérose en plaques.
L’accumulation anormale de sodium dans le cerveau mesurée par IRM du sodium témoigne de l’évolution de la maladie
Chez les patients atteint d’une SEP à un stade précoce, l’IRM du sodium a révélé des concentrations anormalement élevées de sodium dans quelques régions cérébrales spécifiques, comprenant le tronc cérébral, le cervelet et le pôle temporal. Chez les patients à un stade plus avancé, l’accumulation anormalement élevée de sodium était présente de manière diffuse sur l’ensemble du cerveau, y compris dans les régions cérébrales non démyélinisées. « Les concentrations de sodium dans la substance grise des zones fonctionnelles motrices sont ainsi corrélées à l’ampleur de l’invalidité du patient », souligne Wafaa Zaaraoui, chargée de recherche au CNRS.
« L’IRM du sodium nous ouvre une voie pour mieux comprendre l’évolution de la maladie et détecter l’apparition de l’atteinte neuro-axonale responsable du handicap chez les patients. Des études à plus large échelle nous permettront de confirmer que ce paramètre est un biomarqueur non invasif de la dégénérescence des neurones. Il pourrait alors être utilisé dans l’évaluation de nouvelles thérapeutiques pour traiter la sclérose en plaques », espère Jean- Philippe Ranjeva, Professeur de Neurosciences au CRMBM
*Centre de Résonance Magnétique Biologique et Médicale CRMBM) et Centre d’Exploration Métabolique par Résonance Magnétique (CEMEREM) CNRS/Université de la Méditerranée – Service de neurologie, CHU Timone, APHM