L’unité de gynécologie-obstétrique médico-psycho-sociale du CHU de Nantes dirigée par le Dr Véronique Carton a été créée en 2004 par le professeur Henri-Jean Philippe. Cinq médecins (un équivalent temps plein), une sage-femme, deux assistantes sociales à temps partiel, deux psychologues et une sexologue assurent l’accueil des femmes en situation de vulnérabilité : « Il ne s’agit pas seulement de précarité économique, précise le Dr Véronique Carton : il existe des vulnérabilités « invisibles », psychologiques, liées au vécu … ».
Cofinancée par le CHU de Nantes, le conseil général et l’institut national du cancer, l’unité assure chaque année 2 700 consultations, dont mille pour de nouvelles patientes, parmi lesquelles plus de 500 sont en situation de précarité sociale et 380 viennent de l’étranger.
Elles sont adressées par les urgences gynécologiques, les autres services de soins (notamment la PMI, la Pass et l’unité d’addictologie de liaison), les services sociaux, le réseau associatif, ou ont eu vent de la consultation par le bouche-à-oreille. Elles trouvent ici des soins, une écoute, des conseils, de l’aide ou une orientation vers les structures adaptées. L’unité fait partie d’un réseau qui réunit, entre autres, SOS femmes, l’association d’aide aux victimes d’infractions pénales (Adavi), le centre interculturel de documentation, le centre d’information sur les droits des femmes (CIDF), Gynécologie sans frontières…
L’Ugomps assure le suivi des grossesses de femmes fragilisées (car très jeunes, isolées, toxicomanes ou victimes de violence intrafamiliale) et peut proposer un suivi gynécologique à des femmes socialement marginalisées.
Seule structure en France réunissant ces compétences et missions, l’unité prend aussi en charge les victimes de violences physiques ou morales et spécifiquement, depuis un an et grâce à une unité innovante qui a impulsé une dynamique nationale, les femmes africaines ayant subi des mutilations sexuelles : « Avant de mettre en place cette activité et créer un staff sur le sujet, nous étions tous mal à l’aise, ne sachant comment aborder ce sujet en consultation. Nous avons appris et découvert comment en parler. Une fois par mois, un groupe de parole se réunit avec des femmes africaines ; lorsqu’on va vers elles, qu’on leur tend la main, elles témoignent volontiers. Nous leur proposons la chirurgie de réparation clitoridienne et faisons de la prévention auprès des mères de petites filles, pour que ces dernières ne soient pas victimes à leur tour. » Fortement soutenue par le ministère de la Santé, l’initiative a généré un CD-rom adressé aux écoles de professionnels de santé, ainsi que des colloques régionaux organisés par le professeur Henri-Jean Philippe qui s’est par ailleurs vu confier la coordination d’un ouvrage intitulé « Le praticien face aux mutilations sexuelles féminines ». Le professeur Philippe préside aussi une enquête nationale menée par le ministère avec l’institut national d’études démographiques (Ined) sur les conséquences de l’excision.
La préoccupation de demain de l’Ugomps sera la prise en charge des victimes de violences conjugales, autre sujet tabou pour le corps médical et lourd de conséquences pour les couples et leurs enfants.