Lutte contre le cancer, une stratégie coordonnée sur tous les fronts

Le Pr Jean-Yves Blay, Président d’Unicancer et Sophie Beaupère, déléguée générale, ont organisé le 17 septembre leur conférence de presse de rentrée en présence d’Axel Kahn, Président de la Ligue contre le Cancer et de Thierry Breton, directeur général de l’Institut national du cancer.

Le Pr Jean-Yves Blay, Président d’Unicancer et Sophie Beaupère, déléguée générale, ont organisé le 17 septembre leur conférence de presse de rentrée en présence d’Axel Kahn, Président de la Ligue contre le Cancer et de Thierry Breton, directeur général de l’Institut national du cancer.
Situation épidémique de la Covid-19, Ségur de la Santé, stratégie décennale en cancérologie, loi de programmation pluriannuelle pour la recherche et l’innovation… Les sujets étaient nombreux.
« Unicancer s’est organisé pour garantir l’accueil des patients en toute sécurité pendant le confinement », a tenu à souligner en introduction le Pr Jean-Yves Blay, Président d’Unicancer avant de céder la parole au Pr Axel Kahn, Président de la Ligue contre le Cancer. Ce dernier a rappelé la mise en place par l’association dès le 8 mars d’une ligne d’écoute médicale dédiée qui a enregistré pas moins de 2 000 appels. Ce qui lui a permis de mesurer l’évolution des attentes : « les patients ont demandé dans un premier temps beaucoup d’informations sur la conduite à suivre ou sur l’impact de la Covid-19 sur le cancer. Puis ils ont exprimé leur désarroi et leur détresse face au report des examens médicaux, des consultations ou encore face à l’absence de moyens de protection. Nous avons donc rapidement lancé une campagne pour demander la gratuité des masques pour les personnes fragiles, dont les patients touchés par un cancer. En quatre jours, nous avons obtenu gain de cause », a t-il témoigné. Le Pr Axel Kahn s’est également montré rassurant sur la continuité du suivi médical : « Dans l’immense majorité des cas, il est possible de différer les traitements de plusieurs mois sans faire perdre de chance aux personnes malades. Par ailleurs, si 50% des diagnostics n’ont pas pu être réalisés pendant cette crise sanitaire, les retards ne sont pas dramatiques dans l’immense majorité des cas. Cela étant précisé, les services de dépistage sont débordés. Et si la crise sanitaire devait à nouveau s’aggraver, la situation deviendrait inquiétante ».

« La grande force du système hospitalier »

Thierry Breton, Directeur général de l’Institut national du cancer, a également rappelé le rôle majeur de cette agence sanitaire scientifique, qui a veillé à ce que soient maintenues les opérations indispensables en lien avec les sociétés savantes. « Nous ne nous attendons pas à de grosses difficultés car la gestion de la première phase épidémique a été satisfaisante grâce à l’intelligence collective des équipes et à la grande force du système hospitalier ». Il a toutefois regretté « l’auto-report des examens et le renoncement aux soins des patients qui craignaient la contamination ».
Tout comme le Pr Jean-Yves Blay, Sophie Beaupère s’est réjouie des avancées « considérables » du Ségur de la Santé et aussi d’un dialogue social « nourri » qui va permettre d’optimiser les parcours des professionnels de santé et de les fidéliser. A propos de la future loi de programmation pluriannuelle de la recherche, elle a également affiché sa « volonté de renforcer les liens avec les universités » et défendue « une recherche en cancérologie qui doit d’abord être nationale avant d’être déclinée localement ».
Retenons enfin que depuis le 8 mars 2019, la loi prévoit que l’Inca propose une stratégie décennale contre le cancer. « Dix ans, c’est la condition pour se fixer des objectifs ambitieux dans les trois champs que nous avons identifiés : la prévention – 40% des cancers sont évitables – ; la réduction des séquelles – cinq ans après le diagnostic, les patients ont des séquelles – et la lutte contre les cancers de mauvais pronostic, comme les cancers du pancréas par exemple », a souligné Thierry Breton.

Des projets pour améliorer le parcours des patients

« On guérit de plus en plus de patients avec des traitements qui se prolongent. Le traitement des patients à domicile est crucial. Le suivi du patient nécessite plus de fluidité et Unicancer met en oeuvre de nombreux outils et projets pour y contribuer », a également exprimé Jean-Yves Blay. Unicancer a par exemple  lancé en 2018, PREMACO, pour PREparer MA COnsultation, un outil digital de recueil des résultats rapportés par les patients (PROMs – patient-reported outcome measures). Premaco propose de recueillir les données du patient quelques jours avant sa consultation. Il a vocation à améliorer l’observance des traitements tout en renforçant l’information, l’orientation et l’implication
du patient. Actuellement testé dans plusieurs Centres pilotes, il sera déployé dans l’ensemble des CLCC d’ici à 2021.
Unicancer a par ailleurs déposé en septembre 2019 le cahier des charges d’un projet d’expérimentation de suivi à domicile des patients sous thérapie orale. S’inscrivant dans le cadre de l’Article 51, ce projet comporte deux dimensions majeures : une dimension organisationnelle avec mise en place d’un circuit pluri-professionnel ville-hôpital, échanges hebdomadaires avec le patient et une dimension liée à un mode de financement innovant. 

Cancer et IA

"L’impact réel des stratégies thérapeutiques doit être mesuré, grâce aussi à l’Intelligence Artificielle, pour mieux diagnostiquer les patients. La médecine moléculaire est par ailleurs une évolution importante dans la prise en charge des patients : nous déployons en routine la caractérisation moléculaire car c’est cela qui nous permet de donner le bon traitement aux patients. La recherche clinique est au sein d’Unicancer une recherche transformante. Mais elle ne remplace pas l’application dans les populations : nous avons la possibilité d’extraire des informations pertinentes pour voir le devenir des patients en « vraie » vie via le programme ESME", a poursuivi Jean-Yves Blay.
Lancée en 2014 par Unicancer, ESMÉ est la plus importante source européenne d’information en vie réelle en oncologie. Elle recense les données de patients pris en charge dans les 18 CLCC, mais également dans des CH et CHU participant au programme dans trois domaines : le cancer du sein métastatique (24 000 patientes sélectionnées au total), le cancer de l’ovaire (10 000 patiente sélectionnées) et le cancer du poumon avancé et métastatique (23 000 patients sélectionnés).
«Nous sommes convaincus du potentiel que représente une telle base de données en vie réelle pour la recherche française et internationale. C’est pourquoi nous mettons tout en oeuvre pour structurer et poursuivre cette dynamique positive. Nous avons ainsi créée en mai dernier une Direction des Données de Santé en Oncologie» , a conclu Sophie Beaupère. 
Hélène Delmotte

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