Découverte majeure dans le domaine de la lutte contre le paludisme, l’identification d’un marqueur moléculaire va permettre de contrôler ce fléau. Grâce à cette avancée, il sera désormais possible de détecter les formes résistantes aux dérivés de l’artémisinine, principaux constituants des traitements antipaludiques, de cartographier leurs distributions, de comprendre les mécanismes de résistance, et de développer rapidement de nouvelles molécules actives adaptées à l’évolution des schémas thérapeutiques. Cette découverte a fait l’objet d’une publication dans la revue Nature
Ce succès est le fruit d’une collaboration entre des chercheurs du Service de Parasitologie-Mycologie du CHU de Toulouse, de l’Institut Pasteur du Cambodge, du CNRS, de l’INSERM et des National Institutes of Health (NIAID / NIH) aux Etats-Unis.
Une nouvelle dimension dans la lutte contre le paludisme
Jusqu’à présent, les moyens disponibles pour surveiller la propagation des résistances du paludisme aux dérivées de l’artémisinine, étaient limités à des études cliniques, difficiles à mettre en place et coûteuses. En identifiant un marqueur moléculaire étroitement associé à la résistance de Plasmodium falciparum aux dérivés de l’artémisinine, les chercheurs ont résolu un problème qui mettait en échec la communauté scientifique depuis plusieurs années. L’identification de ce marqueur moléculaire s’est faite grâce à une approche originale associant la génomique, la biologie, la clinique et l’épidémiologie : les chercheurs ont d’abord séquencé le génome d’une souche de Plasmodium falciparum rendue résistante en laboratoire et l’ont comparé avec celui de sa souche jumelle non résistante. Ils ont ainsi découvert que l’acquisition d’une mutation au sein d’un gène particulier permet à la souche de laboratoire de résister à de fortes doses d’artémisinine. Le polymorphisme de ce gène a ensuite été étudié sur des souches résistantes circulant au Cambodge. Les chercheurs ont pu établir une excellente corrélation entre la présence du gène mutant et la résistance en culture ou chez les patients. L’analyse de nombreuses souches recueillies au Cambodge au cours de la dernière décennie a montré une augmentation progressive de la fréquence des parasites mutants dans les provinces affectées par la résistance. Les chercheurs ont donc pu établir que les mutations touchant ce gène constituent une signature moléculaire fiable de la résistance aux dérivés de l’artémisinine.
Le Paludisme dans le monde
Près de 40% de la population mondiale vit dans des zones où le paludisme est endémique, et il n’existe toujours pas de vaccin, à l’heure actuelle. Provoqué par les parasites du genre Plasmodium, le paludisme touche chaque année plusieurs centaines de millions de personnes et est responsable de près de 660 000 morts. Depuis une dizaine d’années, on observe l’émergence en Asie du Sud-Est (Thaïlande et Cambodge), de parasites résistants aux dérivés de l’artémisinine qui sont les composés indispensables des dernières combinaisons thérapeutiques disponibles. Une des craintes majeures est que les parasites résistants à ces médicaments diffusent en Afrique subsaharienne, continent le plus touché par le paludisme, comme cela fut le cas par le passé avec la plupart des résistances à d’autres antipaludiques.
A Lyon, l’IA prédit désormais des résultats d’essais cliniques
Le 11 septembre dernier, le groupe pharmaceutique AstraZeneca a publié les résultats d’un essai clinique sur un traitement pour soigner le cancer du poumon. Jusqu’ici, tout paraît à peu près normal. Ce qui l’est moins : trois jours avant cette publication, une intelligence artificielle a permis de prédire avec justesse les résultats de ce même essai. Une grande première au niveau mondial.