Mai 2011 : A l’heure des comptes

Pertes d'emploi, coûts exponentiels de la santé, dépassements d'honoraires, absentéismes... En ce moi de mai 2011, la gestion des établissements et les tarifs des praticiens libéraux sont passés au scanner par la presse. Un réquisitoire inquiétant.

Pertes d’emploi, coûts exponentiels de la santé, dépassements d’honoraires, absentéismes… En ce moi de mai 2011, la gestion des établissements et les tarifs des praticiens libéraux sont passés au scanner par la presse. Un réquisitoire inquiétant.
Dans l’Expansion du 4 mai 2005, une carte de France recense les pertes d’emploi qui ont eu lieu ou qui seront effectives dans les hôpitaux d’ici à 2014 : entre 30 emplois (CH de Meaux) et 1 597 (AP-HP), en passant par le CHU de Nancy, les Hospices Civils de Lyon ou les CHU de Caen et de Reims. Selon Stéphanie Benz "cette politique d’économie drastique met les services sous tension sans résoudre, pour l’instant, la question des déficits". Sur fond de pessimisme de la FHF et des observateurs, la journaliste interroge "Jusqu’où ce serrage de vis peut-il aller ?"
Capital, le mensuel de l’économie réserve son dossier de mai aux coûts exponentiels de la santé . Avec le style incisif qui le caractérise il enquête sur les additions qui s’envolent : « spécialistes hors de prix, médicaments toujours plus chers, factures hospitalières à rallonge… » énumère Sandrine Trouvelot. « Au pays de la Sécu, bien se soigner devient un luxe »
Le magazine annonce des taux inquiétants et les détaille sur 20 pages : + 95% de malades ayant renoncé à des soins l’an dernier. Selon le baromètre Cercle Santé-Europ Assistance, près d’un quart des personnes interrogées avouent avoir renoncé à des soins en 2010 pour des raisons financières, deux fois plus qu’en 2009, + 32 % de relèvement du seuil de la franchise hospitalière en 2011, + 40% d’augmentation des mutuelles depuis 10 ans, + 20% du reste à charge pour les familles depuis 2004 selon le Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie ; surcoût insupportable pour les 4 millions de personnes sans couverture complémentaire.
Sont pointés du doigt les médecins spécialistes inscrits en secteur 2 : plus 2 milliards d’euros de dépassement en 2010. On apprend aussi que les tarifs des soins courants peuvent varier de 1, à 1,8 d’un département à l’autre et du simple au double pour les dentistes et orthodontistes selon une étude du courtier en ligne Mutuelle.com. Quant aux cliniques le rapport serait de 1 à 13 sans aucun rapport avec la qualité mais avec la richesse des départements pointe Nathalie Villard.
Il est aussi question de la « folle hausse de tarifs de l’hôpital public » avec la remontée du forfait hospitalier à 18 euros par jour. Le magazine fait les comptes. Sans le remboursement d’une complémentaire, les 20% de reste à charge peuvent monter à 1 000 euros pour deux jours de réanimation… Capital compare les tarifs de l’AP-HP et s’émeut du niveau de réajustement : 60% entre 2003 et 2010. En cause la nouvelle tarification à l’activité et les plans de retour à l’équilibre financier imposés d’ici à 2012. « Tailler dans les dépenses et les effectifs ne suffisant pas, les directions n’ont pas hésité à faire valser leurs tarifs avec l’aval des pouvoirs publics » note la journaliste qui annonce des prix de journées de 2 500 et 4 600 euros dans certains CHU. «Les malades sont condamnés en payer, la Sécu ne remboursant dans bien des cas 80% des sommes dues ».  Selon Etienne Caniard Président de la mutualité française « la baisse des remboursements à l’hôpital est bien plus rapide encore que celle des soins de ville ».
Toujours concernant l’AP-HP, on apprend dans le Figaro du 10 mais que le déficit de l’institution sera de 100 millions en 2011 malgré une activité en hausse explique Olivier Auguste.

Le Monde 17 mai, Marianne du 13 mai, Le Figaro du 17 mai mettent tous trois l’accent sur les dépassements d’honoraires qui atteignent la somme de 2,5 milliards d’euros sur un total de 20,9 milliards d’euros d’honoraires. Il s’agit de sommes demandées au-delà du « tarif Sécu » explique Olivier Auguste du Figaro qui  cite le directeur de l’Assurance-maladie «Le système ne fait que dériver depuis son instauration il y a 30 ans ». Frédéric van Roekeghem plaide pour un système optionnel : demander  aux spécialistes de secteur 2 de réaliser au moins 30 % de leurs actes au tarif Sécu, de ne pas facturer de dépassements de plus de 50 % sur le reste de leur activité, les complémentaires santé s’engageant de leur côté à rembourser ces sommes. Selon Laetitia Clavreul du Monde, ce mode de rémunération est profondément ancré dans le système de santé français qui précise que les taux les plus élevés sont pratiqués par les pédiatres (64%), les ophtalmologues (60%), les chirurgiens (56%),  et surtout les obstétriciens (83%). Pour les médecins, ces "compléments d’honoraires" compensent l’absence d’augmentation des tarifs de base de l’Assurance-maladie qui « ne permettent plus d’exercer ». Certains syndicats de médecins dénoncent les excès comme Claude Leicher, pour MG France « Ce n’est plus supportable pour la population, et c’est un vrai problème pour les généralistes, qui ne trouvent plus facilement des spécialistes à un tarif acceptable par leurs patients (…) »
La Croix du 20 mai commente le rapport de Dexia sur l’absentéisme dans la fonction publique. Constat sans appel : depuis trois ans, les arrêts de travail pour maladie ont grimpé de 6 à 10% dans les collectivités locales et les hôpitaux. En hausse leur durée et le nombre de personnels concernés. Ainsi chaque agent hospitalier fait valoir 14,2 jours de congé pour maladie « ordinaire » par an c’est-à-dire hors pathologies graves comme les cancers. 10,6 jours pour les agents des collectivités territoriales.  Bien plus que dans le secteur privé et la fonction publique d’Etat !

Dans l’actualité hospitalière de mai nous retiendrons aussi

L’ouverture du 1er lieu pour enfants en fin de vie présenté par l’AFP du 2 mai.
L’arrivée du Gamma Knife à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière à Paris qui traitera les tumeurs du cerveau par irradiation explique l’APF dans une dépêche du 3 mai.
De nouveaux espoirs contre la myopathie avec l’arrivée de molécules qui agissent directement sur des anomalies génétiques annonce Sandrine Cabut dans le Figaro du 10 mai.
La diminution du nombre d’essais cliniques analysées dans un article des Echos du 19 mai.
Création de la Société française de dépistage néonatal dont le bureau provisoire est présidée par le Pr Michel Roussey, pédiatre au CHU de Rennes – information publiée dans La Croix le 31 mai. Chaque année 800 000 nouveau-nés subissent plusieurs tests de dépistage. 

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