Médecine interne : « Le Dr House c’est nous ! »

Dans le cadre de sa refondation, le CHRU de Nancy regroupe ses activités de médecine interne. Diagnostics difficiles, maladies rares ou affectant plusieurs organes à la fois, la médecine interne se distingue des spécialités attachées à un seul organe comme le cœur ou les poumons. Une définition incomplète et d'ailleurs se pose la question de la présentation au grand public de cette discipline méconnue, à l’appellation mystérieuse ? Le plus simple, l'inviter à regarder un épisode de la série « Dr House » ! Mais si le sujet de la fiction repose sur l’une des missions de base de la spécialité – à savoir la prise en charge de dossiers médicaux non résolus - la comparaison s’arrête là. Retour à la réalité du terrain médical avec le Pr Pierre Kaminsky, chef du département.

Dans le cadre de sa refondation, le CHRU de Nancy regroupe ses activités de médecine interne au sein d’un Département plus vaste de "Médecine interne et Immunologie clinique". Diagnostics difficiles, maladies rares ou affectant plusieurs organes à la fois, la médecine interne se distingue des spécialités attachées à un seul organe comme le cœur ou les poumons. Une définition incomplète et d’ailleurs se pose la question de la présentation au grand public de cette discipline méconnue,  à l’appellation mystérieuse ? Le plus simple, l’inviter à regarder un épisode de la série « Dr House » ! Mais si le sujet de la fiction repose sur l’une des missions de base de la spécialité – à savoir la prise en charge de dossiers médicaux non résolus – la comparaison s’arrête là. Retour à la réalité du terrain médical avec le Pr Pierre Kaminsky, chef du département.
« Nous intervenons en deuxième, voire en troisième recours, explique le Pr Kaminsky, pour faire la synthèse de tous les éléments apportés par les médecins qui ont déjà vu le patient et déterminer les pistes qui n’auraient pas été explorées. Le premier entretien dure au moins 1 heure, pour en moyenne 20 à 30 minutes chez un autre spécialiste. Notre philosophie c’est d’avoir une vision globale du patient en tentant de répondre à cette question : existe-t-il un lien entre différents symptômes qui touchent plusieurs organes à la fois ? »
Face à un dossier non résolu, les médecins internistes mènent leurs investigations pour parvenir à poser un diagnostic. « Prenons l’exemple d’un patient présentant une forte fièvre et prolongée – la plupart du temps synonyme d’infection. L’équipe médicale pense d’abord à une infection mais la fièvre ne disparaît pas malgré le traitement. Les médecins internistes vont donc creuser d’autres pistes et essayer de déterminer à quel groupe de pathologies comme les cancers ou les maladies inflammatoires, correspondent les signes observés chez le malade. » C’est notamment sur ce point que le Pr Kaminsky tient à prendre du recul par rapport à ce qui est montré aux spectateurs de la célèbre série télévisée : « Au départ, nous partageons le même raisonnement qui est de procéder par hypothèse. Seulement, dans la réalité, nous étayons et documentons chacune d’entre elle avant de prescrire effectivement au patient le traitement retenu et d’évaluer son efficacité.»
Chez l’enfant jusqu’à 18 ans, ce sont les pédiatres qui s’occupent de ces problématiques médicales particulières, avec une démarche similaire à celle de la médecine interne. L’équipe du Pr Kaminsky suit donc des patients adultes de tous les âges, atteints :
– de plusieurs pathologies qui nécessitent une prise en charge cohérente et coordonnée
– de maladies qui s’expriment sur plusieurs organes à la fois
– de maladies inflammatoires chroniques (maladies de système, vascularites, maladies auto immunes lorsqu’elles affectent plusieurs organes)
– de maladies rares lorsque, encore une fois, elles affectent plus d’un organe. Ici, une enquête familiale est proposée systématiquement avec des dépistages adaptés au mode de transmission de la pathologie génétique.
« La médecine interne est une discipline passionnante, assure le Pr Kaminsky. Lors de mes visites en secteur d’hospitalisation, je n’ai jamais à faire à la même pathologie. Nous n’avons pas deux patients qui se ressemblent, ce qui résume à la fois la difficulté et l’extraordinaire richesse de notre travail. »
Le médecin interniste recoupe tout ce qui a été établi par les autres spécialistes, demande des examens complémentaires si nécessaire et coordonne la prise en charge entre tous les acteurs. Par exemple, en plus de suivis spécialisés comme la cardiologie ou l’hépato-gastro-entérologie, il s’assurera que la personne handicapée concernée bénéficie également de soins en médecine physique et de réadaptation (kinésithérapie, ergothérapie, etc.). « C’est aussi veiller à ce que le médecin traitant reste l’interlocuteur privilégié du patient. Même si aucun traitement curatif n’existe – notamment dans les maladies rares, il y a toujours une prise en charge à mettre en place pour améliorer au maximum la qualité de vie de la personne. »
La parole du patient est également essentielle pour définir la prise en charge la plus adaptée. « Parfois, les symptômes qui le gênent le plus ne sont pas forcément ce qui est médicalement le plus inquiétant et donc prioritaire à traiter », souligne le Pr Kaminsky. Dans la maladie de Rendu Osler, le souci principal du patient sont les épistaxis, autrement dit des saignements de nez importants et qui surviennent n’importe quand. Or ce sont les éventuelles complications viscérales au niveau du poumon ou du foie, qui présentent un risque pour la vie du patient, et non généralement ces saignements intempestifs. « Il faut donc tenir compte de la problématique que le patient estime centrale, tout en lui expliquant la nécessité de dépister des complications dont il ne ressent aucun symptôme. »

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