Médiation familiale en gériatrie, une nouvelle prestation sociale hospitalière

Le service social hospitalier déploie un large panel d’aides et de soutiens aux personnes hospitalisées et à leurs proches. A Poitiers, en gériatrie, cette offre s’est enrichie d’un accompagnement visant à apaiser les conflits et pérenniser les relations dans la fratrie : les permanences d’information sur la médiation familiale en gériatrie. Ce service est proposé deux mardis par mois au sein de l’espace information seniors. L’accompagnement est effectué en complément du travail des assistantes sociales, toujours responsables de l’organisation de la sortie du patient. Objectif : renouer le dialogue de manière pérenne entre frères et sœurs. Explications de Stéphanie Olette, médiatrice familiale…

Le service social hospitalier déploie un large panel d’aides et de soutiens aux personnes hospitalisées et à leurs proches. A Poitiers, en gériatrie, cette offre s’est enrichie d’un accompagnement visant à apaiser les conflits et pérenniser les relations dans la fratrie : les permanences d’information sur la médiation familiale en gériatrie. Ce service est proposé deux mardis par mois au sein de l’espace information seniors. L’accompagnement est effectué en complément du travail des assistantes sociales, toujours responsables de l’organisation de la sortie du patient. Objectif : renouer le dialogue de manière pérenne entre frères et sœurs. Explications de Stéphanie Olette, médiatrice familiale…

Le vieillissement de la population et la recomposition des familles engendrent des situations inédites pour la fratrie 
Désormais, les adultes retraités doivent s’occuper de leurs parents et parfois de leurs grands-parents très âgés tout en accompagnant leurs enfants dans les études ou leur installation. Une situation délicate qui les oblige à jongler mais qui reste maîtrisable. Et le long fleuve de la vie de se faire tumultueux quand la maladie des aînés s’aggrave, que la perte d’autonomie s’accentue et que le partenaire ou l’aidant, trop épuisé, finit par renoncer. Un nouveau projet de vie est alors envisagé avec la personne âgée mais les changements entraînés se heurtent parfois aux volontés des proches suscitant des désaccords au sein de la fratrie. Ces divergences s’aggravent quand les ressources du futur résident ne suffisent pas à couvrir le coût d’un Ehpad et que les descendants sont mis à contribution pour régler les frais d’hébergement restant à charge au titre de l’obligation alimentaire.
Comment régler ce conflit familial dans un monde où la mobilité géographique est de mise, où les logements se révèlent peu adaptés à l’hébergement d’un parent âgé, où les mentalités changent et l’individualisme progresse, où il n’existe plus de référent à un modèle familial type, ni de soumission à la volonté du père ni d’une manière générale, à celle des ascendants ? Que faire pour éviter une éventuelle judiciarisation ? Il existe désormais une alternative : l’intervention de la médiatrice familiale. 

Pourquoi un établissement a-t-il recours à une médiatrice familiale ?
Stéphanie Olette
: Parce qu’un accord conclu entre frères et sœurs est toujours préférable à une décision judiciaire. D’autant que les conflits débordent vite sur le travail des soignants. Pris à partie par les frères et sœurs et leurs conjoints, ils n’arrivent pas à démêler l’écheveau des relations familiales. Une fratrie en discorde n’a pas l’espace psychique qui lui permettrait d’intégrer la décision de placement prise par le médecin. Et l’établissement ne peut se satisfaire de laisser repartir les familles dans ce climat. Voilà pourquoi il fait appel à une médiatrice familiale qui interviendra après la sortie du patient, pour accompagner la fratrie, ouvrir le dialogue et installer une communication pérenne.

Comment se déroule l’intervention de la médiatrice familiale ? 
S. O. Un premier entretien d’information gratuit d’environ 1 h est organisée avec les descendants -seuls ou avec leurs conjoints – en présence de la personne âgée (quand elle est en mesure de comprendre)  afin d’expliquer le cadre de l’intervention. La médiatrice est à leur écoute et se positionne en tiers impartial, sans donner de conseil. La réussite de cette démarche dépend en grande partie de la confiance accordée au médiateur familial : tout ce qui se dira restera confidentiel et les membres de la fratrie sont les véritables acteurs des décisions prises.
Ensuite la fratrie convient d’une série d’entretiens dont le coût est compris entre 2 et 130 euros pour chaque participant en fonction de leurs revenus ; le prix ne devant pas être un obstacle. Chacun peut s’exprimer et ensemble nous tentons de trouver une solution. En général, une fois les dissensions exprimées, une solution émerge, acceptable par tous.

Au CHU de Poitiers, quelles sont les modalités d’intervention ? 
S. O.
A Poitiers, la consultation a vu le jour en mars 2013 au sein du pôle gériatrie, sur proposition d’Hélène Moineau, assistante sociale en gériatrie et formée à la médiation familiale. J’interviens à raison d’1h30 tous les 15 jours et suis rémunérée par l’association AFCCC (Association française des centres de consultation conjugale) qui a signé une convention de mise à disposition d’un médiateur familial avec le CHU.

En savoir plus sur la médiation familiale  
La médiation familiale est exercée en France depuis une vingtaine d’années. Le diplôme d’Etat de médiateur familial s’obtient actuellement après une licence (droit, psychologie ou sociologie du travail) ou une expérience d’accompagnement social et 2 ans de spécialisation (Institut Régional du Travail Social, Institut des Sciences de la Famille, centres de formation de la Croix-Rouge, universités…).

De la permanence d’accès aux soins de santé aux consultations de médiation familiale : le service social hospitalier du CHU de Poitiers sur tous les fronts des fractures de la société
Des soins pour tous implique une couverture sociale pour tous. Un droit reconnu en 1946 mais pour les patients démunis l’affiliation à la CMU n’est pas une démarche aisée et son activation est l’une des missions confiées à la permanence d’accès aux soins de santé (PASS). Un service assuré dans tous les établissements depuis l’entrée en vigueur de la loi de lutte contre l’exclusion (1998). 15 ans après, évolutions sociétales obligent, le champ du social à l’hôpital n’a cessé de s’étendre. Au CHU de Poitiers, 16 assistantes sociales interviennent au quotidien pour protéger l’enfance ou signaler des situations préoccupantes (femmes battues, maltraitance des personnes âgées…). L’équipe est aussi attentive aux personnes souffrant de troubles marqueurs de difficultés d’insertion : obésité, addictions, maladies psychiatrique, hépato-gastriques ou bucco-dentaires…. Le service social est également sollicité pour préparer la sortie du malade en organisant une aide extérieure en lien avec la protection maternelle et infantile (PMI), les centres communaux d’action sociale (CCAS), les caisses d’allocations familiales, les mairies, les conseils généraux, les maisons du handicap et le monde associatif. Les intervenants sollicités prendront soin du patient chez lui, lui évitant bien souvent une réhospitalisation en catastrophe. A Poitiers 6 600 personnes par an (soit 10% des hospitalisés) bénéficient de cette passerelle qui facilite la transition entre la phase aigüe vécue à l’hôpital et le retour au domicile. Ces intermédiaires entre le sanitaire et le social sont devenues indispensables au bon fonctionnement des unités. A cela s’ajoute l’effort d’accompagnement par l’information avec l’ouverture d’espaces ressources pour les usagers, en cancérologie et en gériatrie. Dans ce secteur la consultation de médiation familiale que vient d’ouvrir Stéphanie Olette relève du même souci d’attention globale portée à la personne et à ses proches.

Marie-Georges Fayn

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