Mis en cause pour sa gestion des médicaments par un syndicat qui dénonce la destruction de milliers de médicaments en parfait état à cause d’un "bug informatique" lié à la construction de la nouvelle pharmacie, le CHU de Rennes s’explique. Le 12 juin 2014, il organisait une conférence de presse au cours de laquelle son directeur général André Fritz est revenu sur l’organisation des retours des produits pharmaceutiques non utilisés et sur les raisons de sécurité sanitaire qui justifient la destruction d’une partie d’entre eux.
Conçue dans le cadre d’un partenariat public – privé fortement encouragé et financé par les pouvoirs publics, elle réunit en un seul lieu les activités pharmaceutiques de l’hôpital Pontchaillou et de l’Hôtel Dieu. Le process pharmaceutique (c’est-à-dire les locaux, l’outil de travail et l’organisation globale), conçus par une filiale de la société Eiffage, répond aux exigences de traçabilité du médicament de sa livraison à son administration auprès du patient, objectif fondamental pour la sécurisation de la prise en charge. En revanche, il présente des dysfonctionnements particulièrement liés à l’automatisation de l’ensemble du processus, à sa gestion informatisée et à des locaux à l’évidence sous-dimensionnés.
Au total, le process est exigeant en ressources humaines, dans une proportion sensiblement supérieure aux engagements initiaux et ses dysfonctionnements peuvent générer des pertes de temps. Si le CHU, maintient une pression constante sur le fournisseur, il ne peut que pallier ces insuffisances structurelles, mesurées dès l’ouverture du bâtiment. Depuis quatre ans, toutes les actions correctives sont mises en place au fur et à mesure des dysfonctionnements afin de répondre aux insuffisances du système.
Des retours difficiles à gérer
Ce contexte est difficile pour les professionnels qui exercent à la pharmacie (pharmaciens, préparateurs, ouvriers, logisticiens). Dans ce cadre, la question de la gestion des médicaments non administrés et retournés par les services de soins à la pharmacie, parait d’autant plus complexe. Si le sujet l’est effectivement, il l’est pour toutes les pharmacies des hôpitaux et des cliniques, l’environnement de la pharmacie du CHU le rendant plus prégnant.
Le problème existe. Il concerne aussi les médicaments délivrés par les officines de ville, notamment en raison de l’écart entre le conditionnement et la prescription. Les causes des retours de médicaments à la pharmacie sont multiples. Elles peuvent résulter de problèmes internes de gestion : demandes excessives de la part de services qui surestiment les besoins par peur de manquer, dotations excessives délivrées par la pharmacie qui veut répondre au mieux aux attentes des services. Des habitudes qu’il s’agit aussi de faire disparaitre. Le CHU mène donc une politique active d’amélioration des relations entre les services de soin et la pharmacie (travail sur la prescription entre médecins et pharmaciens, sécurisation du circuit du médicament, gestion des armoires à pharmacie, politique de stocks, conditionnement adapté des médicaments délivrés).
Sur un budget médicaments et dispositifs médicaux d’environ 100 millions d’euros (soit 23% des dépenses du CHU en 2013), 2 millions d’euros sont réintégrés dans le circuit après retour, 30 000 euros sont détruits, soit, 0,03 % du budget.
12 juin 2014 Chiffres clés de la pharmacie
> Effectif : 163 personnes (33 pharmaciens, 130 préparateurs en pharmacie + maitre-ouviers et ouvriers + personnels administratifs)
> Coût total (bâtiment, organisation, outil de travail) : 162 millions €
> 200 unités de soins distribuées, 2000 patients soignés par jour
> 2500 références de médicaments en stock à la pharmacie, 17 000 références de dispositifs médicaux dont 3000 en stock à la pharmacie
> On estime à 15% le pourcentage de palettes nécessitant un reconditionnement manuel car ne répondant pas aux normes européennes
> Les dépenses médicales en 2013 ont représenté 134 millions €, soit 23% du budget global du CHU qui s’élève à 600 millions €
> Budget médicaments et dispositifs médicaux : 100 millions €
2 millions € de médicaments et de dispositifs médicaux réintégrés, soit 2% du budget
30 000€ détruits suite aux retours des unités de soins, soit 0,03% du budget