Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Nodules thyroïdiens bénins : Toulouse propose une alternative à la chirurgie

Alternative à la chirurgie, la thermo-ablation par radiofréquence pourrait devenir, à terme, une technique courante pour traiter les nodules thyroïdiens bénins. Une équipe du CHU de Toulouse vient de lancer une étude de faisabilité adossée à une étude médico-économique*. Côté organisation, il est prévu concentrer les examens, l'intervention et les consultations sur 1 seule journée !

Alternative à la chirurgie, la thermo-ablation par radiofréquence pourrait devenir, à terme, une technique courante pour traiter les nodules thyroïdiens bénins. Une équipe du CHU de Toulouse vient de lancer une étude de faisabilité adossée à une étude médico-économique*. Côté organisation, il est prévu concentrer les examens, l’intervention et les consultations sur 1 seule journée !
1 femme sur 2 concernée par les nodules bénins de la thyroïde après 60 ans
La présence de nodules de la thyroïde est très fréquente et heureusement, dans 95% des cas, ces nodules sont bénins. Ils ne provoquent aucune gêne la plupart du temps mais parfois, du fait de leur taille ou localisation, ils provoque une gêne respiratoire ou de la déglutition ou esthétique. En France, ce type de pathologie est en grande partie traité par la chirurgie. Chaque année, près de 60% des ablations de la thyroïde (ou d’une partie) concernent des nodules bénins. En pratique, il est réalisé en France, un nombre de thyroïdectomies partielles ou totales identique à celui des USA pour une population 5 fois moins importantes. Si dans certains cas, la chirurgie est inévitable, dans les pathologies fonctionnelles ou cancéreuses de la thyroïde, on peut inverser la tendance dans la pathologie bénigne en proposant des traitements alternatifs à la chirurgie, moins invasifs.
En effet la chirurgie est à l’origine de certaines complications avec des conséquences sur la qualité de vie des patients : chute de calcium, modification de la voix, nécessité de prendre la LThyroxine à vie…
Par ailleurs, les arrêts maladies, un séjour hospitalier et la prise de médicaments à vie engendrent des coûts supplémentaires. Une équipe pluridisciplinaire du CHU de Toulouse a souhaité mener la première étude clinique et médico-économique concernant la thermo-ablation par radiofréquence des nodules bénins symptomatiques*.
La thermo-ablation par radiofréquence : moins invasive, moins invalidante que la chirurgie et plus économique
La thermo-ablation par radiofréquence consiste à chauffer le nodule à un minimum de 30 à 60° afin de le détruire de manière irréversible. Cela est possible en introduisant au cœur du nodule une électrode qui se trouve au bout d’une petite aiguille, reliée à un générateur de radiofréquence. Seule la partie active distale de l’aiguille (dans le nodule) va émettre de la chaleur, permettant ainsi un chauffage localisé et contrôlé. On épargne ainsi les tissus sains. C’est le générateur de chaleur qui va signaler que le tissu est détruit, avant de retirer l’électrode.
L’acte se déroule en ambulatoire, sous anesthésie locale et/ou sous légère sédation et par un abord percutané sous contrôle échographique. Quelques heures après la thermo-ablation, le patient quitte l’hôpital. La durée de la radiofréquence peut varier en fonction de la taille du nodule, mais en général moins d’une heure.
Les bénéfices pour les patients sont nombreux… pas de cicatrice ou de complications liées à la cicatrisation, pas de chute du calcium sanguin, risque minime concernant la voix, pas de nécessité de prendre un traitement hormonal et enfin la possibilité de reprendre une activité normale dès le lendemain.
Les avantages pour l’assurance maladie aussi ! Cette intervention va générer des économies grâce à la diminution des coûts liés à la chirurgie thyroïdienne, à la réduction du nombre de jours d’hospitalisation, de la consommation d’hormone thyroïdienne de synthèse et enfin à la baisse des arrêts de travail.

Les enjeux médicaux et économiques du protocole mis en place par l’équipe du CHU de Toulouse

L’étude, financée par le CHU, est née de la volonté de deux médecins : le Dr Claire Renaud, service de chirurgie thoracique du Pr Laurent Brouchet et le Dr François Blain, radiologue intervenant au sein du service d’Imagerie Médicale (Rangueil – Larrey) du Pr Hervé Rousseau, en collaboration avec les équipes d’endocrinologie du Pr Philippe Caron. Au CHU de Toulouse, la thermo-ablation par radiofréquence se pratique en duo, l’expertise de chacun étant essentielle. Par ailleurs, la décision concernant chaque patient est issue d’une concertation pluridisciplinaire. 40 personnes vont participer à l’étude sur les deux années à venir.  Elles doivent présenter au moins un nodule symptomatique, sur lequel 2 cytoponctions ont confirmé le caractère bénin. La surveillance sera échographique à 3 mois après l’intervention, puis à 6 mois et 1 an.
Les enjeux médicaux de l’étude : estimer la réduction du nodule et le taux de réponse un an après l’intervention, évaluer le pourcentage de patients ayant besoin tout de même d’un traitement substitutif, constater la survenue d’éventuelles complications, évaluer la disparition des symptômes…
L’évaluation économique est également primordiale comme le rappelle le Docteur Claire Renaud, chirurgien thoracique à l’hôpital Larrey, CHU de Toulouse résume « Le but de notre protocole est d’évaluer la faisabilité et le taux de réponse du traitement des nodules bénins par radiofréquence. D’autres établissements pratiquent également cette technique. Mais nous avons souhaité mettre en place un protocole de recherche qui permet à la fois d’évaluer le traitement et son taux de réponse mais aussi de mettre en valeur l’impact économique de cette nouvelle prise en charge. A terme nous espérons que ce protocole puisse aboutir à un remboursement du traitement par la sécurité sociale, permettant ainsi à tous les malades d’être traités de la sorte, quand ils répondent aux critères. Enfin, si aujourd’hui, la thermo-ablation est une technique pouvant se révéler de prime abord plus onéreuse, elle permet en réalité de supprimer des coûts liés à l’hospitalisation, à la prise de traitements substitutifs, aux arrêts maladie… »
Docteur François Blain, radiologue interventionnel à l’hôpital Larrey, CHU de Toulouse insiste sur la complémentarité des équipes de chirurgie et de radiologie « Dans notre démarche, la décision d’un traitement est collégiale et s’appuie sur une expertise pluridisciplinaire : l’expertise d’un chirurgien thoracique, l’expertise d’un radiologue et l’expertise d’un endocrinologue. Il n’y a qu’au CHU de Toulouse, à l’hôpital Rangueil – Larrey, que cette approche a été mise en place et c’est la meilleure manière de prendre les bonnes décisions médicales pour les patients Par ailleurs, j’insiste sur le fait que la procédure de thermo-ablation nécessite une collaboration très étroite entre chirurgien et radiologue. Une grande expertise des deux médecins permet une extrême précision. »

La prise en charge du nodule en un jour

Le CHU de Toulouse va bientôt proposer une formule ambulatoire pour la prise en charge rapide du nodule thyroïdien. Cette organisation est rendue possible grâce à la synergie entre les équipes de radiologie, de chirurgie thoracique, d’endocrinologie et d’ORL.
En une journée, le patient suivra ce parcours : 
– Echographie et cytoponction le matin par un radiologue expert ;
– Résultats communiqués en début d’après-midi ;
– Réunion de concertation pluridisciplinaire orientation thérapeutique (surveillance, chirurgie ou radio-fréquence) ;
– Consultation endocrinienne si nécessaire ;
– Consultation avec un chirurgien si nécessaire.
Ce programme sera mis en œuvre courant 2019.

* « Etude de la faisabilité de l’ablation par radiofréquence des nodules thyroïdiens bénins par approche radiologique percutanée » Etude TRAF (Thyroïde RadioFréquence Ablation) Promoteur : CHU de Toulouse Investigateur principal du projet : Dr Claire Renaud, CHU de Toulouse – Hôpital LARREY, service de Chirurgie Thoracique, pôle Clinique des Voies Respiratoires 

Commentaires

Il n’y a pas encore de commentaire pour cet article.

Sur le même sujet

L’ICI, nouveau temple de la cancérologie

Le CHU de Brest vient d’inaugurer son nouvel Institut de Cancérologie et d’Imagerie, surnommé ICI. Ce centre, promesse d’un hôpital centré sur l’humain et doté d’une technologie de pointe, est amené à devenir l’un des fers de lance européens dans le traitement du cancer, avec une capacité de 50 000 patients par an.

Dossier : La maladie de Parkinson 

Décrite pour la première fois dans An Essay on the Shaking Palsy (1817) par James Parkinson, un médecin anglais, la maladie de Parkinson, mentionnée souvent en abrégé « Parkinson », est une maladie neurodégénérative irréversible d’évolution lente. La maladie s’installe ainsi au cours d’une longue phase asymptomatique de plusieurs années. Les premiers symptômes ne se font en effet ressentir que lorsque 50 à 70% des neurones dopaminergiques du cerveau sont détruits. Ils se déclarent essentiellement progressivement sous la forme d’un tremblement de repos, d’un ralentissement des mouvements et d’une raideur musculaire. Néanmoins, de nombreux troubles moteurs et non moteurs peuvent s’ajouter à la liste, devenant de réels handicaps dans le quotidien de ceux qui la subissent.

Voici comment le CHU de Rennes agit pour contrer Parkinson

Ce jeudi 11 avril a lieu la Journée internationale de la maladie de Parkinson. L’occasion pour les CHU de valoriser leur implication sur ce sujet, notamment à travers les Centres Experts Parkinson (CEP) affiliés. Le Centre Hospitalier Universitaire de Rennes ne manque pas à l’appel, mettant en valeur des actions qui garantissent à la fois une offre diagnostique simplifiée et une prise en charge multidisciplinaire, adaptée au profil de chaque patient.

L’IHU toulousain dédié au vieillissement officiellement lancé

L’Institut Hospitalo-Universitaire HealthAge a officiellement été lancé le 2 avril à Toulouse. Porté par le CHU, l’Inserm et l’Université Toulouse III – Paul Sabatier, cet IHU, le seul exclusivement dédié au vieillissement en France, se donne pour ambition de contribuer au vieillissement en bonne santé des populations et de devenir le centre de référence européen en Géroscience.

Un patient Parkinsonien entreprend le tour du monde à la voile 

Le 10 septembre dernier a retenti le “top départ” des quatorze monocoques participant à l’Ocean Globe Race 2023, une course à voile en équipage autour du monde. A bord du voilier Neptune, deux personnages : le Dr Tanneguy Raffray, ophtalmologue à la retraite, et Bertrand Delhom, ancien moniteur de voile atteint de la maladie de Parkinson. Leur aventure, jalonnée de nombreux défis, est suivie de près par plusieurs professionnels de santé du CHU de Rennes, dont l’avis est à entendre dans le podcast “Qui ose vivra !”