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« Notre cœur de métier est de nous préoccuper des patients et de leurs familles »

Pionnier de la lutte contre le sida, ancien chef du service de Médecine Interne et Immunologie Clinique à l’hôpital Bicêtre et ancien directeur de l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS), le Pr Jean-François Delfraissy préside depuis décembre 2016 le Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE). Il nous livre sa vision des valeurs hospitalières et nous explique pourquoi leur défense est plus que jamais d’actualité.
Pionnier de la lutte contre le sida, ancien chef du service de Médecine Interne et Immunologie Clinique à l’hôpital Bicêtre et ancien directeur de l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS), le Pr Jean-François Delfraissy préside depuis décembre 2016 le Comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE). Il nous livre sa vision des valeurs hospitalières et nous explique pourquoi leur défense est plus que jamais d’actualité.

Comment définiriez-vous les valeurs hospitalières ?

Je vais d’abord vous livrer une impression à la fois en tant que Président du CCNE et en tant qu’hospitalier. Il est urgent aujourd’hui de se réinterroger sur les valeurs de l’hôpital, ou plus exactement de redéfinir les priorités : Devons-nous exclusivement servir un équilibre financier ? Est-ce le seul objectif partagé entre les différents acteurs ? J’ai le sentiment, depuis quelques années, que nous nous sommes trompés de priorités. La pression financière devient prédominante. Il y a quinze ans, la recherche de la rentabilité n’existait pas, ce qui n’était pas sain non plus. Mais avec la tarification à l’activité, nous sommes passés d’un excès à l’autre.

L’équilibre financier doit certes être le plus harmonieux possible, mais l’hôpital ne peut pas être assimilé à une entreprise du CAC 40. Ceux qui ont décidé de devenir soignants ne l’ont pas choisi par hasard. Ils ont avant tout envie de partager, d’entourer l’autre, de soigner les plus démunis, de respecter le secret professionnel… Personne ne parle plus de ces valeurs. La qualité première de l’hôpital n’est pas d’être rentable en fin d’année mais de rendre service à la population du territoire. Par ailleurs, l’hôpital est un service public qui est fait pour le public et non pour ceux qui y travaillent. Le modèle du CHU date de 1958, or nous sentons parfois ça et là que ce modèle craque. Soixante ans plus tard, nous devons repenser nos métiers et redéfinir les grands objectifs d’un établissement hospitalier. Son ADN, c’est le service rendu aux populations en termes de santé publique, c’est son humanisme et son professionnalisme. Enfin, n’oublions pas que l’hôpital, employeur très important dans notre pays, remplit aussi un rôle sociétal majeur.

Quelle est la place des patients et des usagers ?

Dans le cadre des Etats généraux de la bioéthique, que nous avons organisés pour alimenter les débats sur la révision des lois de bioéthique fin 2018, de nombreuses questions relatives à l’hôpital ont été posées par nos concitoyens. Ils sont nombreux à s’interroger sur leur place dans le système de soins de demain, sur l’impact des innovations technologiques, sur les conséquences du recours croissant au numérique en santé ou encore à la robotique. Ce qui pose en filigrane la question de la place des citoyens dans la gouvernance de l’hôpital.
Certes le rôle des patients a été accru au fil des années mais nous pouvons encore mieux faire car ils sont les premiers à nous faire part de leurs besoins. La place des associations devrait être davantage valorisée. Acceptons des visions différentes pour progresser ensemble.

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Ce que sont les valeurs hospitalières

– Assurer le meilleur soin dans les meilleures conditions aux patients du territoire,
– Former les futurs professionnels de santé et,
– partant de la personne malade, conduire la recherche et l’innovation dans une vision collective de la médecine du futur.
Telles sont les missions du CHU.
Pour mener à bien ce grand dessein, les professionnels s’appuient sur des valeurs et des qualités propres à l’institution hospitalo-universitaire :
– humanisme,
– hyper compétence,
– hyper disponibilité,
– transdisciplinarité.

Concrètement le CHU prend en charge les pathologies les plus coûteuses et soigne tous les patients, les personnes en grande précarité au même titre que les autres. Son ADN est le service rendu à la population en termes de santé et de santé publique en favorisant la recherche et l’innovation.

Alors que les nouvelles technologies et la robotique transforment le rapport à la maladie et aux soins, le prochain défi sera de donner une plus grande place au patient dans le système de santé, dans la gouvernance hospitalière.

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