Novembre 2015 : les attaques terroristes sur Paris font 130 victimes

A jamais, le mois de novembre 2015 sera douloureusement associé aux attentats de Paris. Le 13, la France subit des attaques d'une violence inouïe. Le pays est plongé en état de choc, d'angoisse, de tristesse, de colère... 130 morts, plus de 600 blessés et personnes impliquées*. Retour sur les événements tragiques qui ont endeuillé Paris, la France.

A jamais le mois de novembre 2015 sera douloureusement associé aux attentats de Paris. Le 13, la France subit des attaques terroristes d’une violence inouïe. Le pays est plongé en état de choc, d’angoisse, de tristesse, de colère… 130 morts, plus de 600 blessés et personnes impliquées*. La France panse ses plaies, rend hommage aux victimes, exprime sa compassion aux proches, son soutien aux blessés, sa gratitude aux forces d’intervention et de secours. Après un temps de sidération, le pays entre en guerre** et en résistance. Face au terrorisme barbare, le peuple, uni sous la bannière tricolore, retrouve les valeurs fondatrices de la République. Retour sur les événements tragiques qui ont endeuillé Paris, la France.
En trois heures, des agressions multisites sans précédent
13 novembre de 21h17 à 00h50 : série d’explosions et de fusillades au Stade de France, dans les cafés et restaurants du Xème et XIème arrondissement : Le Petit Cambodge, la Bonne Bière et au Carillon, la Pizzeria Casa Nostra et la Belle Equipe, le Comptoir Voltaire, Mac Donald’s de la Plaine Saint-Denis. L’horreur culmine avec la prise d’otages du Bataclan (XIème).
22h30 : déclenchement du plan blanc dans les établissements de l’AP-HP, du planc rouge pour les pompiers
23h30 : Etat d’urgence est déclaré
00h20 : Assaut du Raid au Bataclan
Le bilan effroyable n’a cessé de s’aggraver au cours des journées qui ont suivi. Désormais il s’élève à 130 morts et 433 blessés et personnes en état de choc.
Très vite les pompiers, le Samu, le service santé des armées, la Croix Rouge s’organisent en une chaîne de secours efficaces qui dispense les premiers soins, trie les victimes : urgences absolues (détresse vitale avec besoin de réanimation), urgences relatives et personnes impliquées (état de choc psychologique). Des «postes médicaux avancés» sont déployés sur les lieux, un restaurant est transformé en hôpital de campagne.  Confrontées à des scènes d’horreur, à des blessures de guerre, les équipes font face. Le  Pr Pierre Carli, chef du Samu de Paris insiste sur l’importance des exercices de préparation et de simulation qui ont contribué à l’excellente coordination des secours selon des plans élaborés en amont. Les blessés les plus graves sont évacués sans délai vers 10 hôpitaux de l’AP-HP dont dont l’hôpital Saint-Louis, l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, l’hôpital Européen Georges Pompidou, l’hôpital Henri-Mondor, l’hôpital Lariboisière, l’hôpital Saint-Antoine et l’hôpital Beaujon et vers les hôpitaux militaires de Bégin et de Percy. Grâce à cette organisation maîtrisée les ressources des établissements ont été utilisées au mieux en fonction des compétences et des équipements : bloc, plateaux techniques lourds… et les services n’ont pas été saturés. Pour accueillir l’afflux de blessés des activités non indispensables sont déprogrammées, des lits supplémentaires sont ouverts, des équipes sont rappelées en renfort.
Des solidarités se mettent spontanément en place
Les internes se sont portés volontaires pour les premiers secours autour du Bataclan. Les médecins libéraux et les cliniques privées, en grève pour protester contre la loi Santé, interrompent le mouvement et appellent  la mobilisation générale
L’information circule très vite sur les réseaux sociaux où règne l’hyper instantanéité. Des # sont créés pour aider à retrouver les proches, pour héberger les parisiens bloqués. Une application signale les personnes en  sécurité.
Malgré l’ampleur inédite de la tragédie, la chaîne des secours tient. «Les secours n’ont jamais été à genoux» rapporte le commandant Plus porte-parole des Pompiers de Paris dans une interview accordée à Paris-Match le lendemain des événements.
De très nombreux parisiens se rendent spontanément dans les hôpitaux pour donner leur sang et là encore les services s’organisent pour accueillir cette générosité non programmée.
L’AP-HP a soigné 679 personnes* dont 80 en situation d’urgence absolue dans une dizaine de ses hôpitaux.
Chaque soignant s’est très vite mobilisé et a fait preuve d’un grand professionnalisme, d’une belle intelligence pratique. Le personnel s’est très vite adapté à une situation qui tenait du combat de guerre  Tout le monde a pris sa place et les tris des personnes ont pu se faire très vite permettant aux chirurgiens de sauver des vies.
Les témoignages médecins et infirmiers sont troublants. Les patients étaient silencieux, choqués, saisis, effrayés. Personne n’est préparé à des situations aussi extrêmes et les équipes se sont mises au diapason. Pour certains hospitaliers, la situation était particulièrement difficile car ils savaient que des membres de leur famille figuraient sur la liste des victimes.
Les jours suivants les hommages furent unanimes
Au nom du gouvernement, Marisol Touraine érige les soignants « en héros » nationaux. Un hommage réitéré le 17 novembre à l’Assemblée Nationale lors de la séance des questions d’actualité. "Tous, médecins, personnels soignants et administratifs, vous avez fait preuve d’un professionnalisme exemplaire » écrit la ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes dans une lettre adressée lundi à l’ensemble des agents de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris et des établissements d’Ile-de-France ayant participé à la prise en charge des blessés (…) "Tous les personnels de santé peuvent être fiers de cette mobilisation et de la réponse apportée par notre système hospitalier", s’est-elle félicitée "la prise en charge des victimes avait été parfaite". Elle a également insisté sur "la solidarité et l’efficacité (…) remarquables" des personnels qui ont "agi en héros". Les soignants sont salués pour leur dévouement, « leur mobilisation, leur  réactivité, leur  sang-froid et leur calme remarquable » a pour sa part déclaré Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense.
La Fédération hospitalière de France (FHF) et les présidents des conférences hospitalières ont rendu hommage aux professionnels de santé « Dans cette terrible épreuve, les hôpitaux de l’Assistance publique de Paris, les hôpitaux publics franciliens ainsi que l’ensemble des professionnels de santé mobilisés ont répondu présents et ont fait preuve d’une réactivité et d’un professionnalisme exemplaires», dans un communiqué du 16 novembre. A cette occasion, l’instance a rappelé les "valeurs d’humanité et de fraternité" de la République et assure ses concitoyens de sa profonde détermination, pour porter très haut ces principes "que rien ni personne ne parviendra jamais à atteindre".
Dans un communiqué, publié le 16 novembre l’AP-HP souligne la mobilisation de toutes les compétences  "La solidarité entre les hôpitaux d’une part, la présence des pharmaciens responsables de la stérilisation pendant la nuit et de l’ensemble des professionnels revenus dans le cadre du plan blanc ou spontanément ont permis de faire face à cette situation exceptionnelle, y compris sur le plan du matériel".
L’Association des médecins urgentistes de France (AMUF) met à l’honneur les urgentistes et les personnels des hôpitaux pour leurs interventions auprès des victimes au cours desquelles ils ont fait « preuve de professionnalisme et d’excellence».
Sur les réseaux sociaux, les internautes répandent des « merci » et « bravo »  aux secouristes médecins, pompiers, hôpitaux. Les personnels des autres établissements de santé adressent des messages de solidarité à leurs collègues.
Maîtrise de la situation et sens du devoir du personnel hospitalier qui a spontanément rejoint les hôpitaux, héroïsme des soignants, robustesse d’un système de santé qualifié de « remarquable » par le Président de la République. Grâce à eux, la France arrive à panser ses blessures***.
Synthèse rédigée à partir des messages postés sur les réseaux sociaux, des informations diffusées sur les sites des ministères, des émissions spéciales sur les chaînes d’information et des reportages publiés sur les quotidiens et hebdomadaires.

Marie-Georges Fayn
*le 26 novembre 2015, les hôpitaux de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris déclaraient avoir pris en charge 679 personnes. Nombre qui inclut les personnes ayant subi un choc psychologique et qui se sont présentées dans les hôpitaux de l’AP-HP, en particulier à l’accueil dédié à l’Hôtel-Dieu.
**14 novembre 20h16 Manuel Vall annonce l’entrée en guerre de la France « Parce que nous sommes en guerre nous prenons des mesures exceptionnelles (…) nous frapperons cet ennemi pour le détruire, en France mais aussi en Syrie et en Irak. Nous répondrons au même niveau que cette attaque, avec une très grande détermination, avec la volonté de détruire (…) Nous répliquerons coup pour coup pour détruire Daech"
***16 novembre midi – une minute de silence a été observée en hommage aux victimes en France, en Europe et à travers le monde.
En se rassemblant et en se recueillant sur les places des capitales et des bourgs, dans la rue, dans les universités et les écoles, dans lieux de culte, là où elle se trouvait… la foule a rendu hommage aux victimes des attentats,  témoigné sa solidarité avec le peuple français et exprimé sa volonté de lutter contre le terrorisme. En ces jours de deuil, les hommes et les femmes de tous les continents se sont unis par la pensée et par la compassion. Sur le web, le peuple français recevait des milliers de témoignages de soutien de la part de célébrités et d’anonymes.
*** 27 novembre – 10h Cérémonie d’hommage national et solennel aux victimes des attentats aux Invalides (Paris)

 

                                                      Relay H, un réseau très hospitalier

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