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Novembre 2019 : Réactions mitigées au Plan d’urgence pour l’hôpital

Annonce phare du mois, le plan d’urgence pour l’hôpital présenté par le premier ministre, Edouard Philippe, et la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn le 20 novembre suscite des réactions mitigées. Après huit mois de crise dans les hôpitaux publics et la journée de mobilisation d’ampleur du 14 novembre pour « Sauver l’hôpital »*, le Premier ministre Édouard Philippe et la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn ont présenté leur « plan d'urgence» pour l'hôpital public,

Annonce phare du mois, le plan d’urgence pour l’hôpital présenté par le premier ministre, Edouard Philippe, et la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn le 20 novembre suscite des réactions mitigées.
Après huit mois de crise dans les hôpitaux publics et la journée de mobilisation d’ampleur du 14 novembre pour « Sauver l’hôpital »*, le Premier ministre Édouard Philippe et la ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn ont présenté leur « plan d’urgence» pour l’hôpital public, le 20 novembre . Parmi les principales annonces figurent des primes pour les personnels, une rallonge budgétaire d’1,5 milliard d’euros sur trois ans, dont 300 millions dès 2020, et une reprise partielle de la dette des établissements (10 milliards d’euros sur trois ans).
Comme le souligne Paris-Match le 20 novembre : « A l’approche d’une grève illimitée contre sa réforme des retraites le 5 décembre, le président de la République avait assuré avoir «entendu la colère et l’indignation» de l’hôpital. Des annonces de la ministre de la Santé en juin et en septembre, chiffrées à 750 millions d’euros sur trois ans, n’avaient en effet pas suffi à mettre fin à une grève inédite des urgences démarrée en mars. Parti de la capitale, le mouvement s’est étendu à toute la France avec 268 établissements touchés en fin de semaine dernière. Ce conflit qui ne concernait à l’origine que des soignants a coagulé tous les mécontentements de l’hôpital. »
Après ces annonces, Martin Hirsch, directeur général de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris ne cache pas sa satisfaction sur  France Info : "C’était une nécessité de répondre à l’ensemble des hôpitaux, ce qui est fait". Une prime annuelle de 800 euros net sera attribuée de manière "pérenne" à quelque 40 000 infirmiers et aides-soignants vivant à Paris. Il fallait "reconnaître que dans l’ensemble des hôpitaux il y a un problème de coût de la vie pour tous les bas salaires qui travaillent à Paris et en région parisienne, a jugé Martin Hirsch. Se loger coûte plus cher, le coût de la vie est plus élevé et cela fait des décennies qu’il y avait une demande de reconnaissance. Non pas pour être privilégié par rapport aux autres, mais juste parce que la vie coûte beaucoup plus chère", a-t-il poursuivi, en précisant que cette prime était demandée "presque depuis la libération de Paris."
Les mesures annoncées vont s’appliquer vite, probablement au 1er janvier. "Cela va permettre de redémarrer et d’inverser complètement cette tendance qui fait déprimer toutes celles et tous ceux qui travaillent à l’hôpital", a estimé Martin Hirsch. "Tous les bas salaires, c’est-à-dire la moitié de l’hôpital, touche moins de 2 000 euros, vont voir leur fiche de paie s’améliorer", a-t-il assuré.
Même satisfaction du côté de Thomas Mesnier, député La République en marche (LREM) de Charente et médecin urgentiste, qui estime sur Europe 1 que les mesures du gouvernement vont "profondément redonner du souffle à notre hôpital public". 
Face à la déception affichée par de nombreux soignants après ces annonces, le député dit "comprendre la colère qui s’est exprimée depuis plusieurs mois" et "entend que [ce que propose le gouvernement, ndlr] ne soit pas suffisant". Mais il explique qu’il faut être patient.
"On est en train d’inverser la tendance sur l’état de grand désarroi de notre hôpital public", explique-t-il, ajoutant que ces mesures constituent "une très bonne première étape pour redonner du souffle", sachant que "la maladie de l’hôpital publique ne date pas de deux ans mais de dix à vingt ans". 
Le directeur du CHU de Bordeaux a également tenu à saluer sur France Bleu l’importance du plan hôpital. Yann Bubien n’avait « jamais vu un plan aussi massif en terme financier. Une nouvelle enveloppe qui lui sera bien utile pour régler les problèmes de manière pragmatique ». Première mesure concrète annoncée : les aides-soignants du service gériatrie recevront dès le début de l’année 2020, une prime de 100 euros net par mois.

Nouveaux appels à la mobilisation 

Mais les critiques sont également nombreuses. Libération relève que les deux collectifs, Inter-Urgences et Inter-Hôpitaux, très déçus, appellent à la poursuite du mouvement, avec une nouvelle journée d’action le 30 novembre. «Le plan d’urgence pour l’hôpital ne répond en aucun cas aux problématiques du secteur», a ainsi fustigé une responsable du collectif Inter-Urgences. «Face au malaise, le Premier ministre se moque des soignants en souffrance», poursuit le Syndicat national des professionnels infirmiers. Qui ajoute : «Les soignants n’ont rien demandé au sujet de la dette des hôpitaux. Notre quotidien, c’est le budget de fonctionnement.» «C’est une occasion gâchée, analyse pour sa part le Dr Patrick Pelloux, urgentiste. Il y a certes un peu d’argent mais cela ne correspond pas aux ­attentes. Il n’y a aucune annonce sur la réouverture de lits. On a le sentiment de mesures techno qui ­répondent aux demandes des directeurs alors que j’espérais l’annonce d’un grand rendez-vous autour de l’hôpital public.»
Le 21 novembre, Le Monde choisit également de titrer « Le plan d’urgence pour l’hôpital ne convainc pas les soignants en colère ». Et de relever : « Ni la rallonge budgétaire de 1,5 milliard d’euros promise pour ces trois prochaines années, ni la reprise d’un tiers de la dette des hôpitaux publics – soit 10 milliards d’euros –, ni les différentes primes pour renforcer l’attractivité des métiers en tension ne les ont convaincus. « Ces annonces sont très loin de répondre aux attentes des personnels », ont-ils fait valoir dans un communiqué commun dans lequel ils ont exigé l’ouverture de « véritables négociations » pour « sortir de la crise ».
Au-delà de la « journée d’actions locales » annoncée le 30 novembre, une nouvelle journée de grève et de manifestations est programmée le 17 décembre. Justin Breysse, président de l’ISNI, le principal syndicat d’internes, a quant à lui appelé à une grève « dure » et « illimitée » des internes à partir du 10 décembre tandis que la fédération CGT de la santé et de l’action sociale a appelé tous les salariés de l’hôpital public à se mobiliser « massivement » le 5 décembre, jour de la grève des transports contre la réforme des retraites.
Le même jour, le Dr François Salachas, neurologue à la Pitié-Salpêtrière et membre fondateur du collectif Inter-Hôpitaux (CIH), s’insurge lui aussi dans l’Obs : « [Le plan Hôpital présenté par le gouvernement] n’est pas du tout satisfaisant, notamment d’un point de vue financier. Nous voulions un choc de financement, un choc budgétaire sans lequel il n’est pas crédible d’affirmer qu’on veut sauver l’hôpital. Or, ce choc n’est pas là. Nous avions demandé 1,5 milliard d’euros supplémentaire pour l’année 2020, nous en aurons seulement 0,3. L’une de nos principales revendications était une augmentation des effectifs et une revalorisation des rémunérations du personnel paramédical [infirmiers, aides-soignants] de 300 euros par mois. Résultat : il est annoncé une prime de 800 euros annuelle pour les infirmiers et aides-soignants d’Ile-de-France dont les salaires sont inférieurs à 1 900 euros. »
Pour l’éditorialiste Nicolas Beytout qui s’est exprimé sur Europe 1 : " le gouvernement a compris qu’il devait frapper fort, (…) tout de suite. Son plan concerne un peu toutes les professions de santé : les infirmiers, les aides-soignants, les médecins jeunes et moins jeunes, avec des primes ciblées sur la région parisienne. Il y a aussi des modifications de statut qui vont impacter positivement les carrières des médecins hospitaliers. (…) Il y a aussi un traitement de longue durée. Le gouvernement s’engage à augmenter de 1,5 milliard d’euros les budgets (…). Et puis il y a bien sûr l’annonce la plus attendue : celle de la reprise par l’Etat d’une partie de la dette des hôpitaux, pour un montant de 10 milliards d’euros. C’est spectaculaire, c’est massif, et si on entend les personnels hospitaliers, ça a l’air parfaitement indolore, alors que ce n’est pas le cas. (…) Demain, ce n’est plus l’hôpital qui paiera pour s’être endetté, même pas les établissements qui ont été de mauvais gestionnaires. Non, ce sera vous et moi, nos impôts, nos taxes. C’est bizarre comme les Français sont insensibles à cette maladie de longue durée qu’est la dette".

Au Sénat… et devant les tribunaux

A retenir également dans l’actualité du mois de novembre le vote le 23 par le Sénat d’un l’assouplissement de l’exonération des heures supplémentaires à l’hôpital afin de diminuer le recours à l’intérim. L’amendement porté par le sénateur LR, Roger Karoutchi vise en effet à déplafonner l’exonération des heures supplémentaires pour le personnel hospitalier.  
Enfin, l’affaire Vincent Lambert revient à nouveau sur le devant de la scène, le médecin et le CHU de Reims comparaissaient le 26 novembre, pour « non-assistance à personne en danger », poursuivis par les parents de Vincent Lambert. Or le procureur de Reims, Matthieu Bourrette, a requis la relaxe du médecin au motif "qu’il n’y a aucun élément qui caractérise la non-assistance à personne en danger"" rapporte LCI. Le jugement doit être rendu le 28 janvier prochain.
*A lire sur le sujet l’analyse de Jean-Pierre Dewitte, directeur général du CHU de Poitiers, publiée sur RESEAU CHU 
Hélène Delmotte

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