Obésité : une nouvelle technique couple chirurgie coelioscopique et ablation d’une partie de l’estomac

Nouvelle venue dans le panel chirurgical de l’obésité, la combinaison de la chirurgie coelioscopique et de la sleeve gastrectomie pour une partie de l’estomac grâce à une incision unique de 2,5 cm. Cette amélioration été mise au point par le service de chirurgie du Professeur Dagher (hôpital Antoine-Béclère, AP-HP). Les résultats viennent d’être publiés par l’équipe (1). Les explications du Docteur Guillaume Pourcher, chirurgien spécialisé dans l’obésité à l’hôpital Antoine-Béclère, à l’origine de ce travail.

Nouvelle venue dans le panel chirurgical de l’obésité*, la combinaison de la chirurgie coelioscopique et de la sleeve gastrectomie pour une partie de l’estomac grâce à une incision unique de 2,5 cm. Cette amélioration été mise au point par le service de chirurgie du Professeur Dagher (hôpital Antoine-Béclère, AP-HP). Les résultats viennent d’être publiés par l’équipe (1). Les explications du Docteur Guillaume Pourcher, chirurgien spécialisé dans l’obésité à l’hôpital Antoine-Béclère, à l’origine de ce travail.

Quelles sont les différentes interventions en matière de chirurgie de l’obésité aujourd’hui ?
Docteur Guillaume Pourcher : On peut distinguer à ce jour trois techniques. La plus courante encore actuellement est la pose d’un anneau gastrique, qui est aussi l’intervention la moins lourde. La sleeve gastrectomie (ablation d’une partie de l’estomac) et le bypass gastro-jéjunal (modification du circuit alimentaire) sont les techniques les plus efficaces et qui présentent les effets les plus durables sur la réduction du poids et des comorbidités. Ainsi la chirurgie bariatrique constitue aujourd’hui le véritable traitement pour ces patients qui voient leur mortalité diminuer de presque 30% sur 10 ans.
La chirurgie de l’obésité a considérablement progressé durant la dernière décennie du fait notamment de l’évolution de la cœlioscopie. Des « trocarts » (aiguilles de 5 à 12 mm) sont introduits à travers la paroi abdominale, par lesquels le chirurgien va passer des instruments et une caméra pour opérer. Les intérêts de cette technique sont multiples et bien connus: geste opératoire moins invasif, risque infectieux et risque de complications diminués, douleurs post-opératoires réduites. La durée d’hospitalisation est de ce fait raccourcie chez ces patients à haut risque.
Actuellement, nous développons une nouvelle technique de chirurgie coelioscopique : le trocart unique qui se pratique par une incision unique de 2-3 cm. Cette technique adaptée à la sleeve gastrectomie permet d’être encore moins invasif, sans oublier son intérêt esthétique. Notre équipe vient de publier la plus importante expérience mondiale dans ce domaine et tous les patients opérés à l’hôpital Antoine-Béclère de sleeve gastrectomie le sont par trocart unique.
Les patients atteints d’obésité dite « morbide » représentent aujourd’hui 1,4% de la population française. Un faible pourcentage d’entre eux est opéré alors que l’impact positif de la chirurgie sur l’espérance de vie des patients obèses est démontré. Comment l’expliquez-vous ?
GP Par manque d’information des patients et des médecins d’abord mais aussi par peur de l’opération, pour des patients dont le corps est déjà fragilisé. En effet, cette chirurgie reste à risque et doit être réalisée par des équipes spécialisées après une prise en charge multidisciplinaire d’au moins 6 mois. L’Agence Régionale de Santé (ARS) organise cette prise en charge et a labellisé cette année trois centres spécialisés obésité en Ile-de-France, dont nous faisons partie (centre spécialisé dans la prise en charge adulte-enfant de l’obésité des Hôpitaux universitaires Paris-Sud). Quoi qu’il en soit, il est important de rappeler que tout patient présentant un indice de masse corporelle supérieur ou égal à 35kg/m2 doit pouvoir bénéficier d’une évaluation par une équipe spécialisée. On ne soulignera jamais assez l’importance de la préparation préopératoire et du suivi postopératoire.

En quoi consiste ce suivi ?
GP La perte de poids constatée après les interventions les plus efficaces (sleeve et bypass) est importante de l’ordre de 65% du surpoids. Ce type de chirurgie doit aller de pair avec un changement de comportement alimentaire. Le suivi du patient par un médecin nutritionniste et une équipe multidisciplinaire est un facteur clef dans le processus d’amaigrissement. Par ailleurs, le bilan préopératoire est essentiel, il permet de dépister et de prendre en charge un certain nombre de comorbidités, comme les troubles respiratoires du sommeil qui concernent 75% des patients obèses sévères pris en charge à Antoine-Béclère, ou la stéatopathie non alcoolique – une pathologie liée au dépôt de graisse dans le foie.
Notre centre propose une réponse adaptée à chaque patient, en conjuguant les expertises en hépato-gastro-entérologie et nutrition, en chirurgie digestive minimale invasive, en endocrinologie, en diététique, en gynécologie-obstétrique, en psychiatrie, psychologie, en anesthésie et médecine du sommeil. Le suivi est assuré par cette équipe pluridisciplinaire dédiée dans le cadre d’une filière de soins complète, avec un accompagnement à chaque étape.

(1) href= »http://www.soard.org/article/S1550-7289″ target= »_blank »(12)00075-5/abstract

* L’obésité sévère et morbide est définie par un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 35 kg/m2 et supérieur à 40kg/m2 respectivement.
D’après un article publié sur le webzine de l’AP-HP

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