Octobre 2014 : Ebola plus que jamais une urgence mondiale – Vote par l’Assemblée du PLFSS – Carmat, des nouvelles encourageantes du 2ème patient greffé
Ebola le macabre compteur s’accélère
La presse tient le macabre décompte des cas d’Ebola enregistrés : presque 10 000 selon l’OMS (9 936 très exactement au 23 octobre) ayant entraîné 4 877 décès. Les trois pays d’Afrique de l’Ouest les plus touchés sont le Liberia, la Sierra Leone et la Guinée. L’urgence sanitaire mondiale a été déclarée. Et toujours selon l’organisation mondiale, le défi actuel est de trouver des soignants – déjà 443 ont été infectés et 244 sont morts.
Les journaux suivent aussi les cas avérés et suspects signalés en Europe et aux USA. Certains défraient la chronique comme au Texas un patient infecté et repéré tardivement qui a obligé les autorités à suivre une centaine de personnes, en Espagne où une aide-soignante a contracté le virus après avoir été en contact avec deux missionnaires, cinq autres contagions ont été répertoriées… Les mauvaises prises en charge provoquent la colère et l’indignation des populations qui n’hésitent pas à mettre en cause les autorités sanitaires de leur pays. En France, le Nouvel Obs du 23 oct fait état de 480 signalements, 17 cas possibles, aucun cas confirmé.
La presse se fait aussi l’écho des recherches développées par les laboratoires : test de diagnostic rapide, de vaccin. L’AFP du 21 octobre annonce la mise au point par des chercheurs français du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives d’un diagnostic rapide du virus en moins de 15minutes
Le 18 octobre, l’agence Reuters annonce que « Les autorités américaines ont demandé à trois laboratoires de biotechnologie des projets en vue de la production du ZMapp, un traitement expérimental contre la fièvre Ebola dont les stocks sont épuisés après son administration à quelques patients qui ont contracté la maladie en Afrique de l’Ouest ».
Et dans tous les pays des coordinations nationales ou des plans de lutte sont dressés.
Le 28 octobre l’AFP annonçait que les Etats-Unis renforçaient les contrôles des voyageurs venus des pays touchés par la maladie. La mise en quarantaine dans des tentes à l’intérieur de l’hôpital notamment dans les Etats de New York et du New Jersey ayant soulevé un tollé, les voyageurs pourront rester à l’isolement chez eux.
En France le dispositif se renforce « pour détecter au plus vite et prendre en charge dans les meilleures conditions un patient éventuellement atteint d’Ebola sur le territoire ». La mobilisation prend aussi la forme d’exercices de prise en charge de patients infectés réalisés dans tous les établissements autorisés à héberger des accueils d’urgence.
Des lits en salles d’isolement sont déployés dans neuf hôpitaux français – hôpital d’instruction des armées Bégin à Saint-Mandé, hôpital Bichat à Paris, hôpital Necker – Enfants malades à Paris, CHRU de Lille, CHU de Rennes, Bordeaux et Strasbourg, hôpital nord de Marseille et hôpital Croix-Rousse de Lyon.
Un hôpital militaire français est installé en Guinée.
Sans oublier l’information du public avec un point hebdomadaire géré par le Directeur général de la santé (DGS), l’ouverture d’un numéro vert et la création d’une page dédiée sur le site Internet du ministère : ebola.sante.gouv.fr/. Enfin,Un coordinateur interministériel de la lutte contre Ebola est désigné : le Pr Jean-François Delfraissy.
Mais de sombres perspectives : le « Quotidien » luxembourgeois du 29 octobre titre « Le monde est en train de perdre la course contre Ebola. Le journal reprend les déclarations d’Anthony Banbury, chef de la mission des Nations unies chargée de coordonner la réponse d’urgence à Ebola (UNMEER) : « l’épidémie est loin devant nous, elle va plus vite que nous » » . Propos qui rejoignent l’analyse du docteur Bruce Aylward, directeur général adjoint de l’OMS "Début décembre, on pourrait avoir de 5.000 à 10.000 nouveaux cas par semaine" au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée contre un millier actuellement.
Vote du budget de la Sécu
Mardi 28 octobre, l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2015. Votants 566, exprimés 515, majorité absolue à 259, pour 270 contre 245, abstentions 51 – Pour le gouvernement, le crash test est passé mais la presse retient surtout l’abstention de 34 députés PS « les frondeurs » et de 14 écologistes. Le texte passera au Sénat examinera à partir de lundi 10 novembre
Objectif du PLFSS : réaliser 9,6 milliards d’économies* dont 6,4 milliards pour les dépenses de protection sociale et 3,2 milliards pour la branche maladie selon les mises à contribution suivantes : hôpital 0,5 milliard, soins de ville-hôpital 0,4 milliard, médicaments avec une maîtrise des prix et un plan génériques l’objectif est de 1,1 milliard, maîtrise des prescriptions : actes redondants, surmédication et transport patients 1,2 milliard
Plus précisément, concernant l’hôpital, outre l’extension de la chirurgie ambulatoire, une économie estimée à 100 millions d’euros, le dossier de l’amélioration de la pertinence de prescriptions ou d’actes par les cliniques ou les hôpitaux va être ouvert. "Les agences régionales de santé (ARS) disposeront d’outils de riposte graduée en cas de non-respect de contrats, établissant des objectifs de nombre de prescriptions et d’actes. Par exemple, une pénalité financière pourra être imposée à un établissement qui pratiquerait trop d’appendicites par rapport à une moyenne." explique la dépêche de l’AFP du 28 octobre
Les réactions
Suppression de franchise, tiers payant pour les bénéficiaires de l’aide complémentaire… Pour les uns ce budget renforce les droits sociaux, pour les autres il aggrave la décroissance du secteur pharmaceutique et les dépenses.
La FHF dans un communiqué du 2 octobre s’étonne de la décision du gouvernement d’augmenter plus fortement l’Ondam de ville 2 ,2% que l’Ondam hospitalier 2%.
La CGT santé a dénoncé «une cure d’amaigrissement sans précédent pour la santé et l’action sociale» octobre.
Les cliniques (FHP) déplorent «la logique de sanctions».
Les industriels pharmaceutiques (Leem) ont regretté que le médicament soit «lourdement pénalisé par le refus d’engager de véritables réformes de structure».
Rappel
En France la protection sociale et la maladie représentent 33% du PIB. En 2014, le déficit du régime général de l’Assurance maladie s’établit à 15,4 milliards d’euros (Md) dont 11,7 Md pour le seul régime général. Pour juguler la progression des dépenses de santé structurellement dynamiques en raison du vieillissement de la population mais aussi des indemnités journalières en hausse et des traitements innovants et coûteux contre l’hépatite C, le gouvernement a baissé à 2,1% l’objectif national des dépenses de l’Assurance maladie (ONDAM) .
* soit près de la moitié des 21 milliards de coupes dans l’ensemble des dépenses publiques prévues pour l’an prochain (sans compter les 3,6 milliards de « mesures nouvelles » annoncées par Michel Sapin à la Commission européenne)
Carmat
Plus discrète, la greffe du second cœur Carmat réalisée début août. Sur les chaînes de télévision et les journaux, le Pr Alain Carpentier, chirurgien cardiaque et concepteur du coeur Carmat, et Jean-Claude Cadudal, le PDG de la société donnent des nouvelles encourageantes du second patient insuffisant cardiaque
Marie-Georges Fayn
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