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Octobre 2016 : les primaires de la droite et la santé, l’affaire Biotrial

La santé s'invite timidement aux présidentielles 2017. En ce mois d'octobre, grand débat oblige, les 7 candidats aux primaires de la droite ont focalisé l'attention des médias. A la Une également, les révélations sur l'essai mortel de Biotrial interrogent sur le manque de transparence des autorités sanitaires.
La santé s’invite timidement aux présidentielles 2017. En ce mois d’octobre, grand débat oblige, les 7 candidats aux primaires de la droite ont focalisé l’attention des médias.  A la Une également, les révélations sur l’essai mortel de Biotrial interrogent sur le manque de transparence des autorités sanitaires. 
A l’horizon des présidentielles de 2017, les primaires de la droite ont animé l’actualité de ce mois d’octobre. Avec, pour les 7 candidats en lice chez Les Républicains, des annonces d’abord en ordre dispersé sur les questions de santé. Le 3 octobre, dans le Quotidien du Médecin, Jean-François Copé veut "en finir avec l’hospitalocentrisme" et "replacer la médecine libérale tout en haut du podium".  
La 4 octobre, François Fillon, rappelle se son côté, sur le site Pourquoi Docteur?,l’exigence de qualité et de sécurité attendue de notre système sanitaire alors que "l’hôpital public est en crise" et appelle à "la mise en œuvre d’un plan hospitalier national"
Le lendemain, Bruno Lemaire affirme au même média faire de la santé "le cœur"  de son "contrat présidentiel" et estime qu’en matière de financement de l’hôpital public, "il est devenu urgent de faire évoluer le système actuel afin de sortir de la logique inflationniste sur laquelle il est basé". Sa proposition : "un système de financement davantage axé sur la qualité des soins et basé sur la notion de parcours de soins".
Le 6 octobre, Alain-Juppé explique à Pourquoi Docteur ? que la tarification à l’activité (T2A) est un "bon principe" mais qui doit évoluer. Alors que Jean-Frédéric Poisson exprime sa crainte, quelques jours plus tard, de voir, avec la tarification à l’activité, "la logique de moyen céder la place à la logique de résultat".
Nathalie Kosciusko-Morizet milite pour sa part,"pour la création de centres ambulatoires universitaires (CAU), qui permettront d’étendre les prérogatives d’enseignement et de recherche à des centres ambulatoires de ville. Le CHU garderait une tutelle sur les programmes d’enseignement et de recherche du CAU". Alors que le site Infirmiers.com pointe, quant à lui, dans le programme de la candidate son intention de "supprimer le statut de fonctionnaire pour les hospitaliers".
Le 12 octobre, c’est au tour de Nicolas Sarkozy de s’exprimer sur Pourquoi Docteur? "Je souhaite que les établissements de santé aient davantage d’autonomie pour gérer les effectifs, les rémunérations, la durée de travail et les coopérations inter-établissement. La contrepartie sera l’équilibre des comptes", déclare l’ancien chef de l’Etat, rejoignant sur ce point Jean-François Copé qui appelait de ses vœux, quelques jours plus tôt, "l’autonomie des hôpitaux".
72 propositions sur la santé, côté Républicains
Passé le 13 octobre, au lendemain du premier débats des primaires, les candidats de l’opposition avancent leurs positions en rang plus serré. Cinq d’entre eux ou leur représentants se sont réunis à l’occasion d’un débat organisé le 25 octobre à Paris par "Santé 2017". Le groupe de réflexion, piloté par le Dr Bernard Accoyer, député de Haute-Savoie (Les Républicains), et par le Pr Jean-Michel Dubernard (ex UMP) a planché sur 72 propositions pour "une santé responsabilisée et professionnalisée". Sur le volet hôpital, les représentants d’Alain Juppé et de Bruno Le Maire ont refusé de proposer une suppression "sèche" de lits  au même titre que Nicolas Sarkozy, rapporte le Quotidien du Médecin, qui évoque également une remise en cause des Groupements hospitaliers de territoire (GHT).
"Les GHT, à peine créés, bientôt remplacés ?", interroge à ce propos l’Agence de Presse Médicale (APM), le 26 octobre. L’article fait référence à l’une des propositions qui vise à remplacer les GHT par "des unités de l’offre hospitalière", ouvertes aux établissements privés. De fait, seul Arnaud Robinet, représentant de Bruno Lemaire, s’est montré favorable à l’instauration des GHT. "Quand les autres candidats à la primaire voient dans cette réforme votée dans la loi de santé un nouvel avatar d’hospitalocentrisme", relève le Quotidien du Médecin.
Ces convictions intéressent au plus haut point le «Collectif Santé 2017» né enoctobre 2016 et regroupant des associations de malades, industriels, des syndicats de médecins. Tous désireux de "contribuer  à changer le système" rapporte Libération du 24 octobre 
L’ANSM soupçonnée d’avoir "édulcoré" un rapport dans l’affaire Biotrial
"L’essai clinique de Rennes sème la panique chez les autorités sanitaires", a titré le Figaro, ce 20 octobre 2016. Rebondissant sur les dernières révélations du site Mediapart, le quotidien revient sur les circonstances qui ont conduit à la mort d’un volontaire lors de l’essai mené par Biotrial et pointe la part de responsabilité de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).
Mediapart, sous la plume de Michel de Pracontal, avait accusé l’agence sanitaire, le 10 octobre, d’avoir "réécrit, en l’édulcorant, le rapport d’une enquête interne qui montrait qu’elle avait négligé une alerte cruciale au moment d’autoriser l’essai". S’appuyant sur des éléments de l’enquête préliminaire des gendarmes de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp), le journaliste affirme que l’ANSM a transmis cette version remaniée à l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS). "Cet escamotage a permis aux autorités sanitaires de répéter en chœur, depuis l’annonce du drame mi-janvier dernier, que cet accident était totalement imprévisible et que rien ne permettait d’anticiper la toxicité de la molécule testée", souligne Michel de Pracontal.
La réponse de l’agence ne s’est pas faite attendre. Le soir même, via un communiqué. "L’ANSM dément catégoriquement avoir caché quelque information, document ou rapport, relatifs à l’instruction du dossier, tant à l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) qu’aux autorités judiciaires", était-il indiqué, ajoutant que "des experts indépendants ont examiné la totalité du dossier de fond (informations précliniques, toxicologiques et pharmacologiques) et ont estimé qu’aucun élément dans les données que le comité scientifique spécialisé temporaire (CSST) a étudié ne constituait un signal de nature à contre-indiquer le passage chez l’homme"
Biotrial accusé d’avoir "minimisé" les risques de l’essai
En parallèle,  le Figaro, s’attaquait le même jour à la société Biotrial, l’accusant d’avoir "minimisé, à de multiples reprises, les dangers de l’essai en cours". Une accusation qui s’appuie sur des éléments d’enquête de l’Oclaesp et les témoignages des volontaires de l’étude. Ces derniers étaient 48, répartis dans 6 cohortes, à recevoir pendant dix jours, en janvier 2016, des doses progressives la molécule BIA 14-24 du laboratoire BIAL, un inhibiteur de la FAAH (Fatty Acid Amide Hydrolase) agissant au niveau du système nerveux central.  Le quotidien révèle des détails concernant la précocité et la gravité des effets indésirables dont Guillaume Molinet, le patient décédé, a souffert dans la journée du 10 janvier, sans que l’essai soit interrompu. Il dénonce également le déni, de la part des équipes médicales, de la gravité des troubles présentés par d’autres volontaires de la cohorte, et les pratiques du laboratoire.
Le Figaro s’inquiète, du reste, éléments à l’appui, que des médicaments "périmés" depuis trois mois, et qui "avaient obtenu une extension de péremption"aient été administrés aux volontaires. Un dernier point que temporise, le Pr François Chast, chef de service de pharmacie clinique à l’hôpital Necker et président du Comité d’éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française (Cespharm). Interrogé le 11 octobre par le Quotidien du Médecin. Selon ce spécialiste, dès lors qu’un médicament a obtenu une prolongation de date d’utilisation, il ne s’agit plus de médicament périmé. "Je n’ai évidemment aucune connaissance de ce dossier. Toutefois, je peux affirmer sans risque de me tromper que, si un patient est mort, ce n’est pas en raison de cette date dépassée", a-t-il précisé.
En tout état de cause, Mediapart revient le 18 octobre à la charge, évoquant au regard des faits "une version officielle qui relève du mensonge d’Etat". Et de saluer, la démarche du député socialiste Gérard Bapt, membre de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale. Ce dernier,  qui avait contribué à faire éclater l’affaire du Mediator, a sollicité la ministre de la Santé, Marisol Touraine, attirant son attention sur la communication "insuffisante" du ministère, "s’agissant d’une affaire dont l’importance augmente et qui pourrait avoir un caractère déflagratoire". L’enquête est toujours en cours.
Betty Mamane

 

                                                      Relay H, un réseau très hospitalier

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