Pemphigus : le Rituximab vers une rémission complète de la maladie rare ?

C’est ce que mettent en évidence les résultats d’un essai thérapeutique randomisé qui consiste à traiter certains volontaires avec le médicament, le Rituximabet, et d’autres avec un placébo. Menée en parallèle par plusieurs équipes de dermatologie française et coordonnée par le Pr Pascal Joly, de la Clinique Dermatologique du CHU de Rouen et unité Inserm U1234, l'étude vient de faire l’objet d’une publication dans la revue de référence Lancet le 22 mars 2017.

C’est ce que mettent en évidence les résultats d’un essai thérapeutique randomisé qui consiste à traiter certains volontaires avec le médicament, le Rituximab et, d’autres avec un placébo. Menée en parallèle par plusieurs équipes de dermatologie française et coordonnée par le Pr Pascal Joly, de la Clinique Dermatologique du CHU de Rouen et unité Inserm U1234, l’étude vient de faire l’objet d’une  publication dans la revue de référence Lancet le 22  mars 2017*.

Le Pemphigus est une maladie chronique rare. Elle appartient à la catégorie des dermatoses bulleuses. C’est une  maladie auto-immune cutanée bulleuse grave, qui touche 150 à 200 nouveaux cas par an en France. Une maladie auto-immune est diagnostiquée lorsque le système immunitaire, sensé défendre l’organisme contre des agressions extérieures (les virus, les bactéries ou les parasites) avec des anticorps comme les lymphocytes B notamment, se met à attaquer ce même organisme, en l’occurrence la peau et les muqueuses comme si elles étaient des corps étrangers. Diverses pathologies peuvent apparaitre alors avec des lésions tissulaires ou cellulaires. Le Pemphigus en est une, qui voit les auto-anticorps, fabriqués par le système immunitaire déficient, provoquer des lésions sous la forme de bulles à l’intérieur de l’épiderme qui entraînent des décollements de la peau et des muqueuses. Il est traditionnellement traité par corticoïdes, inconstamment efficaces et aux lourds effets secondaires. 

Le Rituximab est une molécule médicamenteuse, un anticorps monoclonal qui centre son action sur la CD20 présente dans la plupart des cellules B. L’étude vient de mettre en évidence son efficacité puisque son administration a entrainé une rémission du Pemphigus chez 89% des patients, contre 34% des patients traités uniquement par corticoïdes, et avec notablement moins d’effets secondaires. Les résultats de cette recherche établissent le Rituximab comme le traitement de première ligne du Pemphigus et démontrent qu’il est possible de guérir définitivement d’une maladie auto immune chronique en la traitant précocement. 

Le Pr Pascal Joly* va poursuivre les travaux de recherche  clinique par une recherche translationnelle. Au plus près du patient, ce type de recherche vise à transformer une découverte scientifique en une application concrète pour les malades. Il s’agira de mieux comprendre les mécanismes qui sous-tendent les résultats spectaculaires obtenus avec le nouveau traitement du Pemphigus. L’objectif est aussi de déterminer pourquoi certains patients échappent à ce traitement immunologique. 

*Pascal Joly préside le Groupe Bulle de la Société Française de Dermatologie qui regroupe des dermatologues spécialisés dans les prises en charge des maladies bulleuses auto-immunes dont le Pemphigus. Ce groupe s’est fixé pour objectifs : 
 – l’élaboration de projets de recherche clinique et physiopathologiques sur les maladies bulleuses auto-immunes pour mieux comprendre leurs mécanismes
 – l’organisation d’essais thérapeutiques pour tester de nouveaux médicaments.  
Son comité scientifique élabore des protocoles thérapeutiques et en analyse les résultats avec l’ensemble des spécialistes du Groupe Bulle  qui est déjà à l’origine de nombreuses publications scientifiques internationales dans le domaine des dermatoses bulleuses auto-immunes. 
* Auteurs : Joly P., Maho-Vaillant M., Prost-Squarcioni C., Hebert V., Houivet E., Calbo S. +32 co-auteurs. 

Commentaires

Il n’y a pas encore de commentaire pour cet article.

Sur le même sujet

Dossier : L’obésité

Elle concerne 17% des adultes en France, a des origines multiples et peut entraîner de nombreuses complications – cardiovasculaires, hépatiques, rénales, respiratoires, dermatologiques, cancers, diabète – : cette maladie, c’est l’obésité. Alors que la journée mondiale le l’obésité a eu lieu le le 4 mars, la rédaction a souhaité lui consacrer un dossier.

CHU de la Réunion, se préparer au cyclone

Au cours de la nuit du 20 au 21 février dernier, l’île de la Réunion a évité le choc qu’aurait pu causer le cyclone baptisé Freddy, finalement passé à environ 190 km de ses côtes. Face à l’alerte orange, le CHU de la Réunion a lancé son plan cyclone pour anticiper les conséquences d’une potentielle catastrophe. Retour sur les mesures mises en place.

MARADJA, une décennie à accompagner les jeunes atteints de cancers

En France, environ neuf cent adolescents (15-18 ans) et mille quatre cent jeunes adultes (18-25 ans) sont touchés chaque année par le cancer. Au CHU de Bordeaux, un lieu particulier leur est destiné, MARADJA (Maison Aquitaine Ressources pour Adolescents et Jeunes Adultes), qui fête ses dix ans. Nous y avons rencontré Lucile Auguin, traitée à vingt-trois ans pour une leucémie aiguë.

Lactarium Raymond Fourcade, la page se tourne à Bordeaux

Le 5 décembre dernier, sur le site de l’hôpital Haut-Lévêque (Pessac), était posée la première pierre du futur Lactarium Raymond Fourcade. Le projet qui sera livré l’an prochain, 1200 m2 de bâti neuf doté d’équipements dernier cri, doit venir “conforter la place du CHU de Bordeaux comme le plus important lactarium au niveau national” ; et prendre le relais de l’actuel site de production basé à Marmande (Lot-et-Garonne), en fonctionnement depuis près d’un demi-siècle et que le CHU avait acquis en 2012.