Personnes âgées opérées : les atouts de la mutualisation des soins

Un rétablissement plus rapide, des hospitalisations plus courtes, des séquelles moindres... une étude vient de démontrer les nombreux avantages de l'unité pilote péri-opératoire gériatrique (AP-HP – Pitié-Salpêtrière – Charles Foix) et de la prise en charge mutualisée des personnes âgées.

Un rétablissement plus rapide, des hospitalisations plus courtes, des séquelles moindres… une étude vient de démontrer les nombreux avantages de l’UPOG, l’unité pilote péri-opératoire gériatrique (AP-HP – Pitié-Salpêtrière – Charles Foix) et de la prise en charge mutualisée des personnes âgées.

Inaugurée en 2009, au sein du Groupe Hospitalier Pitié-Salpétrière – Charles-Foix (AP-HP) cette unité  impliquait les différents services d’accueil d’urgence, d’anesthésie, d’orthopédie et de soins de suite et réadaptation (SSR).  Une somme de compétences indispensable à la prise en charge d’une population âgée qui présente une comorbidité élevée.
Pour évaluer la pertinence du dispositif, le Pr Jacques Boddaert, gériatre (AP-HP, UPMC, Inserm) et le Pr Bruno Riou, chef du service d’accueil d’urgence de la Pitié Salpétrière (AP-HP) ont mené une étude de 2009 à 2012. Ils ont comparé les résultats des 203 patients inclus dans l’UPOG après une fracture de l’extrémité supérieure du fémur entre 2009 et 2012) et ceux des 131 patients accueillis entre 2005 et 2009 dans le service d’orthopédie. Pour conforter les résultats obtenus, les deux cohortes (UPOG et cohorte orthopédique) ont été comparées avec les patients de la base nationale du programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI). Les conclusions qui viennent d’être publiées dans la revue PlosOne* montrent l’intérêt de cette filière qui améliore le pronostic immédiat et à 6 mois des patients.

Des résultats prometteurs
Cette étude montre pour les patients inclus dans la filière UPOG une mobilisation plus précoce pour la mise au fauteuil (1 jour versus 3 jours en moyenne), une reprise de la marche plus précoce (2 jours versus 5 jours en moyenne) et une réduction significative du nombre d’escarres (9 % versus 33%) et de la contention physique (0,5% versus 15%). Par ailleurs, la durée moyenne de séjour était diminuée dans la filière UPOG (11 jours versus 13 jours en moyenne) avec des transferts en réanimation moindres (4% versus 13%) et un recours aux soins de suite et réadaptation (SSR) en revanche plus fréquent à la sortie.
A la sortie du SSR, le nombre de patients incapables de marcher était moindre dans la filière UPOG (3 versus 14%) tout comme le nombre de patients n’ayant jamais remarché. (6 versus 22%). Surtout, une nette réduction de la mortalité et du nombre de ré-hospitalisations a été observé chez les patients prise en charge dans l’UPOG 6 mois après leur prise en charge.

La filière péri-opératoire gériatrique : une entité du DHU FAST
Cette étude s’inscrit dans les réflexions engagées par l’AP-HP pour améliorer la prise en charge de ces patients via l’organisation de filières de soins. Cette filière est une unité clinique membre du Département Hospitalo- Universitaire "Fight Ageing and STress" (DHU FAST), seul DHU gériatrique labellisé par l’AP-HP en 2012.

Ce DHU a pour missions et objectifs l’étude de l’impact pronostique des comorbidités dans la population gériatrique, à travers la collaboration des services de gériatrie avec les services d’autres spécialités (urgences, chirurgie, anesthésie, réanimation) et avec des unités de recherche en épidémiologie, biologie, sciences du génome et modélisation.
L’infrastructure du DHU FAST et l’appui apporté aux filières gériatriques comme UPOG permet d’intégrer des données hétérogènes, cliniques, biochimiques, fonctionnelles et génomiques pour ‘stratifier’ les principaux types de comorbidités et ainsi d’améliorer la décision médicale, l’évaluation du risque et la prise en charge.

En mettant les comorbidités au cœur de son approche clinique des patients gériatriques, le DHU FAST ouvre la voie à des perspectives d’amélioration de la prise en charge et des connaissances cliniques et scientifiques.

Pour en savoir plus :
Contact chercheur :
Pr. Jacques Boddaert, Service de Gériatrie, Groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière, 47-83 Boulevard de l’Hôpital,
75651 Paris Cedex 13, France. Tel : +33 1 42164117 ; Fax : +33 1 42160626; Email : jacques.boddaert@psl.aphp.fr

*Source publication : Postoperative Admission to a Dedicated Geriatric Unit Decreases Mortality in Elderly Patients with Hip Fracture
Jacques Boddaert1, 2*", Judith Cohen-Bittan1, Frédéric Khiami3, Yannick Le Manach4, Mathieu Raux1, 5,8,
Jean-Yves Beinis6, Marc Verny1, 2, Bruno Riou1, 7,8
1 Université´ Pierre et Marie Curie (UMRS 956, UMRS 1158), Paris, France,
2 Department of Geriatrics, Groupe hospitalier (GH) Pitié-Salpêtrière, Assistance Publique Hôpitaux de Paris (APHP), Paris, France,
3 Department of Orthopedic Surgery and Trauma, GH Pitié-Salpêtrière- AP-HP, Paris, France,
4 Departments of Anesthesia & Clinical Epidemiology and Biostatistics, Michael DeGroote School of Medicine, Faculty of Health Sciences,
McMaster University, Hamilton, Ontario, Canada,
5 Department of Anesthesiology and Critical Care, GH Pitié-Salpêtrière- AP-HP, Paris, France,
6 Department of Rehabilitation, Groupe Hospitalier Charles Foix, APHP, Ivry-sur-Seine, France,
7 Department of Emergency Medicine and Surgery, GH Pitié-Salpêtrière- AP-HP, Paris, France,
8 Institut national de la sante´ et de la recherche médicale (UMRS 956, UMRS 1158, UMR 689), Paris, France

Contacts presse

Groupe hospitalier (GH) Pitié-Salpêtrière – Charles Foix (AP-HP) : France Bovet, directrice de la communication – 01 40 16 15 61
Service de presse de l’AP-HP : Anne-Cécile Bard, Clémence Rémy & Olivier Bordy– 01 40 27 37 22 –
service.presse@sap.aphp.fr

Commentaires

Il n’y a pas encore de commentaire pour cet article.

Sur le même sujet

Première greffe française de larynx : récit d’une performance lyonnaise

Pour la première fois en France, un larynx a été greffé sur une femme les 2 et 3 septembre dernier. Deux mois et demi après cette opération spectaculaire qui a mobilisé douze chirurgiens issus des Hospices Civils de Lyon et autres CHU français durant vingt-sept heures, le CHU lyonnais communique sur le sujet. Quant à la patiente âgée de 49 ans, elle pourrait retrouver durablement l’usage de la parole vingt ans après l’avoir perdue.

Etudes de Médecine : Romuald Blancard ou l’un des visages de l’ouverture du 2e cycle à la Réunion

Depuis septembre, il fait partie de la première promotion d’étudiants en médecine de quatrième année de La Réunion. Pour Réseau CHU, Romuald Blancard a accepté de nous parler de l’ouverture du deuxième cycle des études médicales sur son île, mais pas seulement. Son parcours atypique, son stage en psychiatrie, ses rêves jamais trop grands etc. ont été abordés dans les locaux du nouveau campus bioclimatique de Sainte-Terre. Sans langue de bois.

Le CHU de La Réunion a pris la vague rose

La seizième édition de la Run Odysséa Réunion s’est tenue les 4 et 5 novembre sur le site de l’Étang-salé, dans l’ouest de la Réunion, et ce malgré une météo capricieuse qui a bien failli compromettre l’opération. 275 000 euros ont été récoltés. Un succès auquel est associé le CHU de la Réunion, partenaire pour la première fois cette année, et dont le baptême de l’eau a été placé sous le signe de la prévention. Reportage.

A Nancy, l’Infiny au service des MICI

En juin 2021, l’Agence nationale de la recherche annonçait le financement de douze nouveaux Instituts hospitalo-universitaires, montant ainsi le nombre d’IHU à dix-neuf avec l’ambition de faire de la France la première nation souveraine en matière de santé à l’échelle européenne. Sur ces douze nouveaux établissements, deux d’entre eux ont obtenu, en raison de “intérêt de santé publique majeur” qu’ils présentaient, le label “IHU émergent ».” C’est notamment le cas de l’IHU INFINY du CHRU de Nancy, officiellement lancé le 7 septembre dernier, et spécialisé dans la prise en charge des MICI.