Pierre JAÏS, 47 ans, est Professeur des Universités à l’Université Bordeaux II Victor Segalen et Praticien Hospitalier dans le service de cardiologie-électrophysiologie et stimulation cardiaque du Pr Michel Haïssaguerre au CHU de Bordeaux (Hôpital Haut-Lévêque, Pessac). C’est un spécialiste du diagnostic, du traitement et de la prévention des troubles du rythme cardiaque, dont les « fibrillations », qui affectent les oreillettes ou les ventricules.
Pierre JAÏS a d’abord contribué de manière décisive à l’identification des zones d’initiation et de maintenance de ces fibrillations auriculaires, au niveau des veines pulmonaires. Cette découverte a permis la mise au point au CHU de Bordeaux, d’une technique d’ablation ciblée sur les veines pulmonaires dès 1997. Son efficacité est telle que depuis 2007, elle figure dans les recommandations internationales et elle est pratiquée chez plus de 200 000 patients dans le monde chaque année. Les fibrillations ventriculaires sont encore plus graves et souvent fatales. Ce sont de véritables « tornades électriques », dont l’équipe bordelaise a pu localiser l’origine dans le tissu dit « de Purkinje ».
Ces fibrillations cardiaques sont donc maintenant accessibles à un traitement, par la technique d’ablation par radiofréquence : un courant envoyé à l’extrémité d’un cathéter muni d’électrodes détruit par la chaleur le foyer d’arythmie. Mais le «tir » de radiofréquence doit être précis et la température rester dans l’intervalle 45-80°C : au-delà, des explosions intra-tissulaires risquent de perforer la paroi du muscle ; en-deçà, la lésion des cellules ciblées n’est pas stable. La maîtrise insuffisante des températures signe 30% d’échec du traitement. Fort de ses nombreuses publications, de ses multiples diplômes et de sa grande expérience en médecine, en science et en imagerie médicale, Pierre Jaïs s’attaque à ce taux d’échec pour réduire le nombre de victimes des arythmies cardiaques.
Le Grand Prix Lamonica de cardiologie de l’Académie des sciences l’aidera dans son projet de développer une technique exceptionnelle de «thermométrie par IRM » : une méthode d’acquisition d’images par résonance magnétique nucléaire, qui permettra de mieux guider les procédures d’ablation et de pouvoir exporter le savoir-faire vers d’autres centres. Ce projet s’intègre parfaitement dans la mission de l’Institut de rythmologie et modélisation cardiaque (LIRYC), un laboratoire original de recherche fondamentale directement associé à la recherche clinique.
Les fibrillations auriculaires, de forme parfois grave, concernent plus de 600 000 français et 6 millions d’Européens ; les fibrillations ventriculaires sont responsables de 80% des morts subites.
Contact : pierre.jais@chu-bordeaux.fr
Le Prix Lamonica de neurologie et le Prix Lamonica de cardiologie
Le legs universel consenti par Mme Lamonica au profit de la Fondation pour la recherche biomédicale-PCL a permis de créer en 2009 deux nouveaux Grands Prix de l’Académie des sciences : le Prix Lamonica de neurologie (125 000 Є) et le Prix Lamonica de cardiologie (75 000 Є). Ils sont attribués chaque année à un scientifique, sans aucune condition de nationalité, travaillant dans un laboratoire français. Pour chacun de ces Prix, une partie du montant – un cinquième pour le Prix de neurologie et un tiers pour le Prix de cardiologie – est destinée au lauréat, l’autre partie lui permettant de financer, respectivement deux ou une année de post-doctorat