Poitiers : dans une double dynamique collective en Vienne et en Nouvelle Aquitaine

Alors que s’installent les Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT), le CHU de Poitiers dresse un bilan positif de son exercice 2015 et se projette dans l’avenir. Il s’engage avec enthousiasme dans une stratégie de groupe qui réunit une dizaine de structures de la Vienne. Parallèlement, il relève le challenge de la réforme des régions pour s’inscrire dans les grands axes stratégiques de l’excellence en santé d’une Nouvelle Aquitaine vaste comme l’Autriche. Jean-Pierre Dewitte, directeur général du CHU de Poitiers revient sur la reconfiguration de l’offre de soins publics, sur les perspectives offertes par la grande région et rappelle les axes forts de développement de son établissement.
Alors que s’installent les Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT), le CHU de Poitiers dresse un bilan positif de son exercice 2015 et se projette dans l’avenir. Il s’engage avec enthousiasme dans une stratégie de groupe qui réunit une dizaine de structures de la Vienne. Parallèlement, il relève le challenge de la réforme des régions pour s’inscrire dans les grands axes stratégiques de l’excellence en santé d’une Nouvelle Aquitaine vaste comme l’Autriche. Jean-Pierre Dewitte, directeur général du CHU de Poitiers revient sur la reconfiguration de l’offre de soins publics, sur les perspectives offertes par la grande région et rappelle les axes forts de développement de son établissement.

Avec un compte de résultat au vert 11 M€ d’excédent, et une capacité d’investissement de + 40 M€, le CHU de Poitiers se réjouit de pouvoir continuer à financer ses projets sans recourir à l’emprunt. Ces bons chiffres, il les doit à une activité soutenue. En premier lieu aux urgences qui affichent une croissance de 6%.  « La population urbaine privilégie les urgences du CHU à la médecine de ville parce qu’elle sait qu’elle trouvera sur place les expertises et le plateau technique. Elle préfère attendre un peu et recevoir une réponse complète. Et elle sait aussi que nous avons à cœur de nous réorganiser pour réduire au maximum ces délais ».

Point fort également du CHU, la cancérologie. En l’absence de Centre de lutte contre le cancer en Vienne, le pôle Régional de cancérologie du CHU voit son activité croître de manière exponentielle, dépassant même celle de l’institut Bergognié (33). « C’est une fierté de constater que les patients sont de plus en plus nombreux à nous faire confiance mais ces chiffres traduisent aussi la progression d’une pathologie contre laquelle nous luttons pied à pied, soignants, chercheurs, mécènes ».  Enfin l’activité du CHU est aussi portée le pôle de cardio-vasculaire, le développement de la cardiologie interventionnelle avec l’ouverture d’une future salle hybride. Le CHU se positionne également fortement en neurosciences dans la lutte contre la maladie de Parkinson.

Cette forte attractivité n’autorise cependant pas le CHU à revendiquer une position hégémonique en Vienne. Il le montre à travers les fusions qui n’ont fait qu’embellir les hôpitaux concernés à savoir Lusignan (26km de Poitiers) et Montmorillon (55km). Rien n’a été rapatrié au contraire, des lits de soins ont été créés et nous investissons 20M€ à Montmorillon. En restant seuls les établissements n’auraient jamais connu un tel développement. C’est dans cet esprit que se constitue le nouveau GHT. Celui-ci réunit le groupe hospitalier Nord-Vienne (Châtellerault et Loudun), il compte aussi le CH de Montmorillon fusionné avec le CHU début janvier 2016, et Lusignan fusionné en 2013 ainsi que des EHPAD Les Capucines (Civray), Théodore-Arnault (Mirebeau), Les Châtaigniers (Chauvigny), La Brunetterie (Sèvres Anxaumont) et l’établissement de soins de suite et de réadaptation « La Colline ensoleillée » (La Roche Posay). « Le GHT, c’est un pas de plus dans l’égalité d’accès aux soins de qualité sur tout le territoire. Dans la Vienne, la démographie médicale pose, dans certaines disciplines telle que l’imagerie, un réel problème et nous réfléchissons à créer une équipe médicale territoriale. Nous travaillons à la rédaction d’un projet médical qui mise sur la création de filières et sur la complémentarité des structures ».

Cependant, tout n’est pas parfait, de jeunes praticiens du CHU expriment des inquiétudes quant à leur déplacement à Montmorillon. Certains chirurgiens s’y rendent tous les jours. Or ce n’est pas tout à fait ce qu’ils espéraient en signant à Poitiers. De même les directeurs s’interrogent sur leur nouveau positionnement. Des questions se posent aussi concernant la convergence des systèmes d’information. Il reste donc des points à préciser. Mais l’objectif principal est compris de tous, personnels, élus, population : construire ensemble une offre de soins publics cohérente en Vienne. « Par contre, je regrette la dérogation accordée au CH psychiatrique Laborit qui ne fait pas partie de notre GHT. Une exception qui va à l’encontre de l’intérêt du patient qui doit bénéficier d’une prise en charge globale, somatique et psychique. Nous aurions pu développer ensemble des réponses adaptées en nous appuyant sur l’essor des neurosciences à Poitiers».  

Le CHU se positionne à échelles régionale et interrégionale en jouant les cartes de la complémentarité et de la différenciation 
« La réforme territoriale montre que l’on est toujours le grand et le petit de quelqu’un ». Aucun des trois CHU de la Nouvelle Aquitaine n’a à lui seul la capacité de tout gérer. Dans ce nouveau cadre, il faut de la même manière privilégier la complémentarité, nouer des alliances à très grande échelle, imaginer de vastes réseaux comme en cancérologie et en transplantation. Inscrire le CHU dans la Nouvelle Aquitaine et sa recherche dans une interrégion qui s’étend jusqu’à Montpellier sont des programmes ambitieux, encore en phase de construction. «Dans cette nouvelle géographie, la recherche est une valeur hospitalo-universitaire forte. A nous de faire grandir nos équipes à la fois en renforçant les synergies comme en neurosciences, en cardiologie, en cancérologie et en sériant davantage les projets qui nous permettront de nous différencier ».
Le CHU de Poitiers tient aussi à poursuivre les coopérations déjà engagées avec Tours, avec HUGO. Ces partenariats sont l’occasion de lancer de grands projets comme une plate-forme de chirurgie expérimentale à Surgères.
Une nouvelle histoire hospitalière est en train de s’écrire. « On a longtemps reproché à la France d’avoir trop d’hôpitaux. Maintenant nous passons de 900 établissements à 150 GHT, une transformation irréversible. C’est dans le changement que nous sommes les plus créatifs. Il nous revient à nous responsables d’imaginer un cadre d’évolution rénové pour les hôpitaux universitaires. Cette réflexion sera au cœur des prochaines Assises de Toulouse des 8 et 9 décembre 2016 » annonce Jean-Pierre Dewitte*.
Marie-Georges Fayn
*Directeur général du CHU de Poitiers, Jean-Pierre Dewitte est également président de la Conférence des directeurs généraux de CHU

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