Face au constat d’une présence parentale relativement faible lors des temps d’alimentation des bébés prématurés au cours de l’hospitalisation néonatale, une équipe du CHU de Besançon souhaite, dans le cadre d’un projet de recherche paramédicale, quantifier et identifier les freins à cette présence.
Chaque année, en France, plus de 60 000 enfants naissent prématurément, soit une naissance prématurée toutes les 9 minutes. Si d’importantes innovations thérapeutiques ont augmenté le pronostic vital de ces nouveau-nés, ils restent néanmoins exposés à diverses complications pouvant grever leur avenir moteur, sensoriel ou neuro-comportemental à long terme. Parmi ces possibles complications, figurent les troubles de l’alimentation dans les premières années de vie : refus des morceaux, refus de s’alimenter, allongement du temps de repas, absence de plaisir… Plusieurs études ont montré l’importance de la présence des parents lors de l’alimentation au cours de l’hospitalisation néonatale, et de leur participation à ce soin particulièrement délicat chez ces enfants vulnérables.
Un programme de soutien individualisé
Au CHU de Besançon, environ 125 grands prématurés, nés avant 32 semaines d’aménorrhée, sont pris en charge chaque année dans le service de réanimation infantile et néonatologie. Ils bénéficient d’un programme de soutien au développement par des soins individualisés selon leur rythme et leurs besoins : le NIDCAP. Ce programme vise à diminuer les risques de complications pour le bébé et à aider les parents à mieux vivre le traumatisme d’une naissance prématurée. Il implique d’adapter les soins en fonction des réactions propres à chaque enfant et d’encourager la présence des parents, en les impliquant dans différents soins, dont les temps d’alimentation. Dès que possible, les parents, aidés par les soignants, sont invités à participer à l’alimentation de leur enfant, d’abord à l’aide de quelques gouttes de lait déposées sur ses lèvres, puis selon la maturité du bébé, à la seringue, au sein et/ou au biberon… Malgré un environnement très technique, ces temps de repas sont particulièrement appropriés pour favoriser l’attachement parents/enfant.
Une étude pilote menée en 2017 au sein du CHU de Besançon a cependant établi que peu de temps d’alimentation se déroulaient en présence des parents alors même que ceux-ci s’impliquent fortement dans d’autres soins tels que les soins d’hygiène ou le peau à peau.
Quantifier et qualifier
Quel est exactement le temps de présence parentale lors des repas d’enfants prématurés ? Quels sont les facteurs influençant cette présence parentale ? Quels sont les freins à la participation des parents à ces temps de repas ?
Dans le cadre d’un projet de recherche paramédicale, le service de réanimation infantile et néonatologie tentera de répondre à ces questions, afin de disposer de tous les éléments nécessaires pour définir une stratégie favorisant cette présence parentale. La description précise de la présence parentale lors des temps d’alimentation, et des facteurs associés à cette présence, permettra à terme d’améliorer la prise en charge de ces enfants, de plus en plus nombreux, qui arrivent au monde un peu trop tôt.
Ce projet a été conçu et sera conduit en partenariat avec le réseau de périnatalité de Franche-Comté, un parent d’enfant prématuré, l’association SOS préma, le service de psychiatrie infanto-juvénile et l’uMETh (unité de méthodologie du CIC Inserm 1431 du CHU de Besançon). Il est financé dans le cadre de l’Appel à Projets PARAmédical 2018 du GIRCI Est.