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Privilégier l’humanité en secteur gériatrique

Le CHU de Brest fait le point sur les contraintes d'un travail quotidien accompli au chevet des personnes âgées et sur l'engagement pris par les équipes pour améliorer l'accueil et la vie des résidents.

Août 2003, l5 000 décès sont enregistrés par les autorités. Les plus de 75 ans sont les plus touchés. A l’origine de ce drame, une vague de chaleur exceptionnelle mais aussi des dysfonctionnements dans les systèmes d’alerte nationaux et dans les prises en charge locales des personnes âgées : les réseaux ville-hôpital sont souvent peu ou mal formalisés. Les professionnels déplorent un déficit de repérage des personnes vulnérables ou vivant seules, un manque de structures adaptées, qu’il s’agisse des comités locaux d’information et de coordination ou des établissements de courts séjours gériatriques. On évalue à cette occasion les graves conséquences d’une médicalisation insuffisante des maisons de retraite.
Dans son journal interne, « Pulsations », de janvier 2004, le CHU de Brest présente son secteur gériatrique. Le point est fait sur les contraintes d’un travail quotidien accompli au chevet des personnes âgées et sur l’engagement pris par les équipes pour améliorer l’accueil et la vie des résidents.

Tout d’abord une mise au point : « le Finistère n’a pas constaté de surmortalité cet été et ce, pour plusieurs raisons : à commencer par des conditions climatiques acceptables mais aussi parce que la filière gériatrique du CHU est relativement bien structurée », analyse le Professeur Armelle Gentric, PU-PH, Présidente de la Fédération de Gériatrie du CHU. Mais ce constat ne doit pas masquer les faiblesses de l’organisation : un manque de lits de soins de suite gériatriques, la nécessité de créer un lien formalisé avec la ville sous forme d’un hôpital de jour gériatrique et de lits d’hospitalisation à domicile… Autant de projets autour desquels se mobilise la Fédération de gériatrie.

Une première réponse : l’unité mobile gériatrique
Opérationnelle en novembre 2003, l’unité mobile de gériatrie se présente comme un maillon indispensable dans la filière gériatrique. L’hôpital sait traiter les situations de crise, mais l’approche médicale doit être complétée par une évaluation sociale, tant sont intriqués les aspects « poly-pathologiques », de dépendance et de fragilité.

En effet, les personnes hospitalisées et leur famille redoutent les conséquences de la pathologie sur la vie quotidienne. Il revient alors aux soignants de préparer la sortie du malade et d’adapter la poursuite des soins à son contexte de vie. L’évaluation multidimensionnelle est réservée aux patients hospitalisés de plus de 75 ans. «La présence en binôme du médecin et de l’assistante sociale offre un double regard qui aide à poser le diagnostic, à définir le traitement, à identifier le désavantage social, et ses conséquences et à organiser la vie après l’hôpital. Une compréhension globale qui a fait ses preuves : les études ont montré une amélioration du pronostic à moyen et long terme et une baisse des ré-hospitalisations.», confirment le Docteur Maout, gériatre, et Madame Gloanec, cadre socio-éducatif du service social.
Composition de l’équipe : un médecin gériatre à mi-temps, une secrétaire à mi-temps et le soutien des assistantes sociales des différents services de soins (mi-temps dégagé).

« La spécificité de la prise ne charge de la personne âgée (hormis les soins) consiste principalement à diminuer l’angoisse du résident. Désorienté, il perd ses repères et se stresse. La lourde tâche des personnels est donc de prodiguer les soins tout en expliquant, en rassurant, en apaisant le patient. Une tâche où la patience est reine, où l’attachement à la personne est évident» confient les soignants.

La formation continue, un atout pour lutter contre la routine
Rester présents, attentifs, prévenir le risque de régression aggravé par des attitudes tant maternantes que rejetantes, ainsi se résume l’enjeu du plan de formation. Des réunions régulières aident les soignants à mieux appréhender les situations qui provoquent l’agressivité ou la passivité des patients lors des actes de la vie quotidienne. Il faut adapter les soins aux besoins, informer la famille, l’apaiser, lui donner des conseils afin de faciliter la vie de tous les jours ; en faire un véritable partenaire.

Une mise en situation
Sur un écran, 38 scénarii traités à la façon d’une bande dessinée par Lucien Mias racontent les relations soignants – résidents et dénoncent la violence subtile, la maltraitance passive, les petites négligences blessantes…
Ainsi, le droit au respect et à la dignité est illustré par une scène bien connue : l’aide-soignante entre et dit : « Mamie, c’est moi qui viens vous laver ; Allez on va commencer par le visage » et la « Mamie » de penser « Qui c’est ? Elle aurait pu frapper avant d’entrer ».

Commentaires pédagogiques
Les éléments incorrects :
– la soignante ne frappe pas avant d’entrer,
– la soignante ne se présente pas, ne sourit pas
– la soignante ne propose pas d’aider à faire la toilette,
– la soignante impose de commencer par le visage
– la soignante provoque un malaise chez la personne
Les recommandations :
– frapper avant d’entrer
– se présenter
– nommer la personne par son nom
– s’excuser quand on la dérange
– parler d’aide à la toilette et non de laver – terme utilisé également pour les objets
– commencer la toilette par les parties neutres, mains et membres supérieurs (le visage comme le périnée et les seins sont des zones intimes chez la femme.)

Pour Alain Zanger, psychologue formateur, « ces échanges amènent les soignants à réfléchir sur leurs pratiques, sur leur travail, sur la place réservée aux personnes âgées dans notre société… Des recommandations sont retenues, par exemple, reporter un soin de confort ou d’hygiène quand le résident est trop agressif, éviter de « gaver » et respecter le rythme du résident. Il est aussi utile de discuter des mesures discutables telles que la contention… », et, avec honnêteté ce professionnel conclut «chacun a conscience que ces temps d’échanges ne vont pas tout changer mais les difficultés des professionnels sont reconnues ».

De l’hygiène au look
Autres initiatives à mettre à l’actif de la formation : l’apprentissage d’un toucher massage relaxant dans un espace de détente, la mise en valeur de la personne âgée et des soins d’hygiène grâce à l’intervention d’une coiffeuse ; Des attentions qui valorisent le résident au sein de l’institution.

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