La Fédération hospitalière de France (FHF) a précisé le 4 septembre ses attentes vis-à-vis de la stratégie de transformation de notre système de santé, à la veille de l’ouverture de ses Universités d’été. Frédéric Valletoux, Président de la FHF et Zaynab Riet, déléguée générale rencontreront Agnès Buzyn, ministre de la Santé, le 12 septembre prochain.
« Rien ne serait pire qu’une réforme qui ne traiterait pas de l’ensemble du système de santé. Nous avons besoin d’une ambition politique et non de colmatages techniques », a averti d’emblée Frédéric Valletoux, Président de la FHF, à quelques jours des annonces ministérielles sur la transformation de notre système de santé.
Dans son appel à « remettre sur les rails un système à bout de souffle », le Président de la FHF a plaidé pour une approche par les territoires « permettant aux professionnels de se responsabiliser en organisant l’offre de soins en fonction des besoins locaux et de sortir ainsi des approches bureaucratique et strictement comptable ».
Pertinence des actes
Autre sujet majeur, la FHF appelle à « faire de la pertinence des soins la boussole de la réforme , ce qui permettrait de réinjecter les dizaines de milliards économisés là où le système de santé en a le plus besoin ». Déléguée générale de la FHF, Zaynab Riet a porté dans le débat public trois exemples mettant particulièrement en lumière des taux de recours aux soins très disparates selon les régions et surtout sans corrélation avec les données épidémiologiques. Première illustration, la chirurgie du syndrome du canal carpien fait apparaitre un taux de recours standardisé allant de 1,1 à 3,6 pour 1 000 habitants (1).
Le taux de recours standardisé de la coronarographie montre des disparités encore plus importantes allant de 3,6 à 9,9 pour 1000 habitants.
« Si certaines régions, comme le Nord et l’Est, enregistrent beaucoup plus de maladies coronariennes que d’autres, l’épidémiologie n’explique pas les pourcentages élévés dans le Sud de la France, ou encore en Auvergne », a commenté Zaynab Riet. Enfin, le taux de recours standardisé de l’arthroscopie du genou varie quant à lui de 1,6 à 4,3 pour 1 000 habitants, sans que la plus forte prévalence des traumatismes liés au sport suffise là encore à expliquer ces écarts.
Autre élément majeur que la FHF appelle à considérer dans la future réforme : le lien entre l’activité des urgences et la présence des médecins généralistes. Selon une étude de la société HEVA, 64,6% des départements voient simultanément leur nombre de passages aux urgences augmenter et leur nombre de médecins généralistes baisser. « Le nombre des passages aux urgences non suivis d’hospitalisation a déjà augmenté de 7% au premier semestre 2018. L’objectif des pouvoirs publics doit être de garantir l’accès aux soins sur l’ensemble du territoire pour éviter les passages évitables par les services d’urgence », a martelé Frédéric Valletoux.
Expérimentation à grande échelle
Enfin, Antoine Malone, Responsable du Pôle Prospective de la FHF, a détaillé les expérimentations de responsabilité populationnelle qui seront prochainement menées à grande échelle. Dès 2017, la FHF précisait dans sa plateforme politique sa volonté d’« engager une révolution dans l’organisation de notre système de santé en le fondant sur un principe de responsabilité populationnelle pour l’ensemble des acteurs d’un territoire ». Un an plus tard, cinq territoire – l’Aube et le Sézannais, la Cornouaille, les Deux-Sèvres, le Douaisis et la Haute-Saône – ont décidé d’engager l’ensemble de leur communauté de santé dans une approche d’intégration clinique. Une démarche pionnière dont l’évaluation ne manquera pas là encore d’enrichir le débat public.
Notes
1 – Etude inédite de la société HEVA pour la FHF, réalisée en juillet 2018. Le taux de recours concerne l’ensemble des opérateurs de soins, publics et privés.