Revisiter la bande son de leur vie

Pouvez-vous fredonner votre mélodie préférée ? Collecter des chansons auprès de patients et de membres du personnel, rien de plus simple… en apparence seulement. A l’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille, ce fut surtout une belle aventure humaine, intergénérationnelle et interculturelle. Rembobinage du magnéto pour mieux interpréter l’« air de famille » que l’on fredonne à Marseille.

Pouvez-vous fredonner votre mélodie préférée ? Collecter des chansons auprès de patients et de membres du personnel, rien de plus simple… en apparence seulement. A l’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille, ce fut surtout une belle aventure humaine, intergénérationnelle et interculturelle. Rembobinage du magnéto pour mieux interpréter l’« air de famille » que l’on fredonne à Marseille.
En octobre 2010, les étudiants du Centre de Formation de Musiciens Intervenants d’Aix-Marseille Université (CFMI), se rendent par petits groupes auprès des patients pour leur demander de chanter leur air favori. Prises au jeu, les personnes hospitalisées reprennent les berceuses de leur enfance, des chansons populaires, des chœurs traditionnels, des comptines comoriennes aux chants traditionnels arméniens en passant par les chansons populaires russes, espagnoles, italiennes… Un répertoire aussi varié que la population accueillie.           
Pousser la chansonnette crée des liens
La musique convoque les souvenirs, les confidences suivent les couplets et le cours des existences se déroule au fil des conversations. Ces échanges très précieux sont enregistrés par les élèves et décryptés le jour même en studio.  « Les patients nous ont offert de leur temps, pas seulement le temps qui passe, mais le temps de leur vie. Invention d’un moment entre humains. Ils nous offrent leur attention, leur intimité, leur pudeur » témoigne un étudiant du CFMI. Une fois les chansons collectées et retranscrites, les musiciens conçoivent de nouveaux arrangements et restituent l’œuvre le lendemain lors d’un spectacle en chambre. Chaque patient reçoit en cadeau l’interprétation de son air préféré, relooké par les étudiants.
Patrimoine commun et histoire singulière
L’«air de famille », c’est à la fois ce qui rapproche et ce qui distingue. Pour faire revivre les œuvres, les étudiants ont effectué un travail très formateur de médiation, de transmission et de création. Cette action, débutée en octobre 2010 a été reconduite durant quatre ans au sein du pôle Urologie-néphrologie puis en médecine Interne ainsi qu’en hématologie / oncologie (Hôpital de la Conception).  Ses prolongements lui ont donné un nouveau souffle. Le dernier consistait à revisiter les fragments d’histoire musicale marseillaise et à les adapter pour pouvoir être repris par la chorale de l’AP-HM. Durant plusieurs mois, les musiciens sont venus à tour de rôle enseigner les morceaux choisis aux choristes lors des répétitions. Et bouquet final, la chorale a donné un concert dans le service offrant aux patients l’occasion unique de réentendre leur chanson interprétée cette fois-ci par une trentaine d’hospitaliers dont certains avaient été croisés lors des soins ou des admissions.
Travail sur la mémoire, transmission et circulation de patrimoines vivants
Les étudiants sont intervenus au plus près des patients et de l’équipe soignante. « Ces quelques notes de musique, ces différents timbres de voix, tous ces sourires ont été une délivrance pour certains, une bouffée d’oxygène pour d’autres. Une évasion de l’hôpital pour quelques instants. Toute une part du prendre soin de l’Autre que ne peut fournir seul le personnel soignant » reconnait Nadège Hermant, Cadre de santé, Service Médecine Interne, Hôpital La Conception. Les soins n’ont pas été perturbés. Bien au contraire, cette co-création musicale à partir de morceaux choisis a permis aux hospitalisés et aux hospitaliers de se retrouver autour d’une mélodie, de se découvrir une sensibilité nouvelle. Pour François le Gall, Formateur CFMI, la rencontre fait partie intégrante de la vocation du musicien : « On peut jouer magnifiquement une sonate de Mozart ou bien un prélude de Bach, mais si on n’est pas dans la rencontre, si on ne sait pas recevoir ce cadeau que Bach nous a fait pour le redonner à notre manière aux gens qui sont là, on n’a probablement pas vraiment fait un travail de Musicien »
A l’origine du projet, un partenariat entre l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille avec le Centre de Formation de Musiciens Intervenants d’Aix-Marseille Université, l’un des seuls à avoir intégré dans son programme pédagogique un module spécifique, non optionnel, intitulé « Intervenir en milieu hospitalier ».
Cette initiative a été financée par la DRAC, l’ARS et la Région PACA.
Contact projet :
Yann Leblanc, Attaché Culturel
Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille
Tel : 04 91 38 27 78 / yann.leblanc@ap-hm.fr

Cette intervention artistique a été sélectionnée dans le cadre de l’opération Fenêtre sur l’art

Une fois par mois, RESEAU CHU ouvre une fenêtre sur une initiative artistique en territoire de santé. Chacune témoigne de l’impact positif des projets culturels dans les soins apportés aux personnes en souffrance/usagers/patients. Ces fenêtres éclairent la notion partagée et citoyenne du "prendre soin" menée par les établissements de santé. 
Fenêtre sur l’Art est le fruit d’un partenariat culturel 2015-2016 conclu entre Réseau CHU et la Commission culture des CHU et CHS présidée par Yann Bubien, directeur général du CHU d’Angers.
Pour retenir 12 projets parmi les 37 reçus de 21 établissements en réponse à l’appel à candidatures envoyé le 10 octobre 2014, un jury s’est réuni le 10 janvier 2015 et a établi une sélection rigoureuse en fonction des critères suivants :
 
– Le professionnalisme des intervenants artistiques et culturels
– la notion partenariale des projets
– la contextualisation des actions culturelles
– la dimension innovante des projets
 
Le jury présidé par Yann Bubien était composé de 
– Marie-Georges Fayn, éditrice de Réseau CHU
– Xavier Collal, chargé de mission du programme culture-santé, ministère de la santé et des affaires sociales
– Gilbert Labelle, chargé de mission culture-santé, ministère de la culture et de la communication
 
et du groupe Communication de la Commission Culture
– Sophie Bellon-Christofol, attachée culturelle de l’APHM.
– Karine Fraysse, déléguée aux affaires culturelles du CHRU de Lille;
– Maud Piontek, responsable de la culture et de la communication à l’EPSM de l’agglomération lilloise
– Céline Le Nay, directrice déléguée aux affaires générales du CHU d’Angers
– Delphine Belet, attachée culturelle du CHU d’Angers
– Denis Lucas, attaché culturel du CHU-Hôpitaux de Rouen

Commentaires

Il n’y a pas encore de commentaire pour cet article.

Sur le même sujet

A Lyon, l’IA prédit désormais des résultats d’essais cliniques

Le 11 septembre dernier, le groupe pharmaceutique AstraZeneca a publié les résultats d’un essai clinique sur un traitement pour soigner le cancer du poumon. Jusqu’ici, tout paraît à peu près normal. Ce qui l’est moins : trois jours avant cette publication, une intelligence artificielle a permis de prédire avec justesse les résultats de ce même essai. Une grande première au niveau mondial.

Dossier : l’Accident Vasculaire Cérébral (AVC)

L’Accident Vasculaire Cérébral touche 150 000 personnes par an. Responsable de 110 000 hospitalisations selon le ministère de la santé, cet arrêt soudain de la circulation sanguin à l’intérieur du cerveau représente la troisième cause de décès chez l’homme et deuxième chez la femme, soit au total 30 000 décès par an. En France, plus de 500 000 Français vivent avec des séquelles suite à un AVC.

AVC : la promesse d’une prise en charge en moins de dix minutes

Les conséquences d’un Accident Cardiovasculaire (AVC) peuvent être lourdes, voire fatales. Première cause de dépendance et troisième cause de mortalité en France, cette pathologie due à une mauvaise irrigation du cerveau fait de plus en plus de victimes. Face à cette réalité alarmante, le CHU de Montpellier a annoncé fin août la mise en place d’un nouveau plateau technique offrant aux patients un parcours de soins optimisé. Et de promettre désormais une “prise en charge en neuf minutes”.

Coup d’oeil sur le métier d’infirmière formatrice

Isabelle Teurlay-Nicot est infirmière formatrice auprès des aides-soignants à l’IMS (Institut des Métiers de la Santé) du CHU de Bordeaux. Un métier qui ne se limite pas seulement à la notion d’apprentissage. En juillet dernier, elle a accepté de revenir sur cette profession ou se mêlent expertise médicale et pédagogie.

Hépatite C : à Strasbourg, Frédéric Chaffraix dirige le service qui l’a soigné

C’est tout près de l’hôpital Civil (Hôpitaux Universitaires de Strasbourg) que nous avons croisé la route de Frédéric Chaffraix, Responsable du Service Expert de Lutte contre les Hépatites Virales en Alsace (SELHVA). Ce service, l’homme de 42 ans le connaît bien. Car avant d’en prendre la tête – lui qui n’est pas médecin -, Frédéric l’a côtoyé en tant que patient, après avoir vécu vingt-trois ans, et sans le savoir, avec le virus de l’hépatite C. Rencontre.