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Santexpo : ces CHU qui cherchent à attirer les futurs infirmiers

Les CHU de Bordeaux, Toulouse, Montpellier et l'APHP ont choisi d'être présents au Salon infirmier (Santexpo) qui s’est tenu du 8 au 10 novembre Porte de Versailles à Paris. Leur but : se faire connaître auprès des étudiants infirmiers, un métier recherché mais pour lequel les candidats viennent à manquer.

Les CHU de Bordeaux, Toulouse, Montpellier et l’APHP ont choisi d’être présents au Salon infirmier (Santexpo) qui s’est tenu du 8 au 10 novembre Porte de Versailles à Paris. Leur but : se faire connaître auprès des étudiants infirmiers, un métier recherché mais pour lequel les candidats viennent à manquer. 
Trois jours pour séduire. Comme beaucoup d’acteurs de la santé présents au parc des expositions de la porte de Versailles, les CHU qui avaient choisi d’y monter leur stand ont déployé énergie et imagination pour attirer l’attention. Parmi les visiteurs, un public en particulier se retrouve dans leur viseur commun : les futurs infirmiers. « Qui vient nous voir ? Ce sont des étudiants infirmiers en troisième année. Il y aussi des personnes qui souhaitent une mutation », confirme Camille Vieu, Infirmière en Pratique Avancée. Arrivée par le train au petit matin, Camille et ses collègues du CHU de Bordeaux espèrent attirer les futurs diplômés en parlant nouveaux métiers et en vantant l’excellence de l’hôpital public bordelais. Mais la botte secrète de ces VRP improvisés du CHU, outre les cannelés brillants qui trônent sur le comptoir, c’est bien le cadre de vie. Devant une paire d’étudiantes attentives, Véronique Vacek, responsable du recrutement, tourne les pages d’un porte-document rose où se mêlent images de carte postale de la région girondine et arguments pratiques.

Evidemment, Bordeaux n’est pas le seul CHU à pouvoir jouer la carte de la qualité de vie. Frédéric Barge, cadre Supérieur de soin au CHU de Montpellier, n’hésite pas, une fois les qualités de l’établissement énumérées (projets innovants, plateaux techniques, changement de poste en fonction de l’évolution professionnelle souhaitée), à sortir le joker du climat : « C’est le petit plus, la cerise sur le gâteau qui fait que c’est très intéressant de postuler sur le CHU de Montpellier. », lance-t-il derrière son masque, le regard rieur. Imparable.
 Un maître mot : le recrutement © Adrien Morcuende / Réseau CHU

Une désaffection du métier

A quelques mètres de là, le carré de l’APHP grouille. Il faut dire que le stand est très grand, et pour cause : pas moins de sept hôpitaux sont représentés. Difficile pour les établissements parisiens de vendre aux étudiants le soleil et la qualité de vie. Peu importe. Ici, on mise avant tout sur la richesse des services, celle des équipes médicales et paramédicales, et sur l’accompagnement. «  On leur donne des temps d’intégration et d’accompagnement afin qu’ils puissent se sentir à l’aise dans la prise en charge des patients. », explique Fabienne Colledani, Cadre de santé à l’hôpital Saint-Louis. Et de poursuivre sur cette notion d’accompagnement, hors les murs de l’hôpital : « On propose des aides au logement mais aussi des aides financières avec des Contrats d’Allocation d’Etudes qu’on rachète pour les étudiants en troisième année d’infirmier. »
Pas sûr que cela suffise, quand on connaît le coût de la vie dans la capitale française. Mais au-delà des freins financiers que peuvent représenter un début de carrière à Paris, le métier d’infirmier, comme d’autres dans le domaine du soin hospitalier, traverse une vraie crise. Une réalité que reconnaît sans difficulté Fabienne Colledani : « Le métier de soignant vit aujourd’hui une désaffection, qui est liée aussi à l’évolution de la société.»

Les hôpitaux parisiens connaissent aussi des difficultés de recrutement © Adrien Morcuende / Réseau CHU
Louise Gras, infirmière à Saint-Louis (hématologie), ne peut que partager ce constat : « Les conditions de travail se sont dégradées depuis que je travaille, c’est-à-dire neuf ans. La charge de travail est plus difficile à gérer qu’avant. Il y a aussi moins de personnels, parce qu’il y a eu une période où l’on embauchait moins ; il y en a moins aujourd’hui parce qu’on veut moins travailler à l’hôpital public. Je les comprends. Je suis encore attachée à l’hôpital public et j’ai envie d’y rester, mais je comprends qu’on veuille y voir ailleurs. » Louise Gras précise néanmoins que  les conditions de travail ne représentent pas la majorité des questions posées par les étudiants avec qui elle a échangé, contrairement à la thématique du choix du service.

Le CHU, lieu de ressources malgré la crise

Si l’attractivité des métiers est une réelle préoccupation dans les CHU, elle ne fait toutefois pas reculer tous les candidats, loin de là. Anne-Lise Tunelew, étudiante en troisième année à Etampes, relativise : « Je sais que l’hôpital est en crise, mais en même temps, j’ai l’impression que depuis que je suis toute petite, l’hôpital est en crise. Je sais que ça ne s’améliore pas mais je vois aussi qu’il y a plein de perspectives d’évolutions. Les CHU nous permettent de nous former dans différents domaines : infirmière en pratique avancée, infirmière de bloc, infirmière anesthésiste etc. Donc même si c’est la crise, on est plein de ressources. »
Un regard plein d’optimisme qui rejoint celui Fabienne Colledani : « C’est important de montrer ce que veut dire être infirmier, infirmière aujourd’hui, de montrer les multiples possibilités d’exercice dans notre métier, affirmer que l’hôpital public a sa réelle mission et qu’il l’a démontré tout au long de ces deux années compliquées.»

Un bilan compliqué à établir

Pas évident de savoir si les quatre CHU présents ont fait le plein de CV. Pour plusieurs de leurs ambassadeurs, l’opération séduction aura été progressive, connaissant un pic le mardi 9 novembre avec augmentation des échanges et prises de coordonnées. A l’inverse, pour Valérie Garoby, Cadre Supérieur de santé des blocs opératoires au CHU de Toulouse, cette édition 2021 aura vu défiler « moins d’étudiants infirmiers que lors des éditions précédentes ». Exercice payant ou moisson décevante ? Le bilan semble pour l’heure peu évident à établir. Une (petite) partie de la réponse se jouera sans doute l’an prochain, au moment du choix des professionnels fraîchement diplômés.

Valérie Garoby, du CHU de Toulouse, installée au stand P3 © Adrien Morcuende / Réseau CHU
Adrien Morcuende 

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