SIDA et grossesse : des risques de transmission désormais minimes

Longtemps les couples dont l'un des partenaires était infecté par le virus du SIDA ne pouvaient envisager d'avoir un enfant. Il risquaient de transmettre le virus à l’enfant et très peu de centres leur proposaient un procréation médicalement assistée. En France, le CHU de Toulouse a été l'un des tout premiers CHU à répondre à la demande des couples dont l’homme était infecté par le virus du SIDA. Dès la fin des années 90, plusieurs équipes toulousaines se sont investi pour que le projet parental des personnes séropositives devienne réalité
Longtemps les couples dont l’un des partenaires était infecté par le virus du SIDA ne pouvaient envisager d’avoir un enfant. Il risquaient de transmettre le virus à l’enfant et très peu de centres leur proposaient un procréation médicalement assistée. En France, le CHU de Toulouse a été l’un des tout premiers CHU à répondre à la demande des couples dont l’homme était infecté par le virus du SIDA.
Dès la fin des années 90, plusieurs équipes toulousaines se sont investi pour que le projet parental des personnes séropositives devienne réalité : le CECOS et la médecine de la reproduction, le service de virologie, le service des maladies infectieuses et la consultation VIH mère enfant. Un à un les obstacles ont été levés grâce à l’amélioration des traitements du VIH, à l’évolution des connaissances sur le virus et sur l’appareil de reproduction et à l’engagement des praticiens. "En 30 ans nous sommes passés d’une situation où procréer était interdit, au début de l’épidémie dans les années 80, à une situation où la procréation pour les hommes et femmes vivant avec le VIH et recevant un traitement efficace est possible soit médicalement assistée, soit naturellement." se réjouissent les Pr Louis Bujan et Christophe Pasquier.
Dans un article publié par la revue internationale « Human reproduction », les deux experts retracent le chemin parcouru par la recherche et les patients durant ces trente dernières années
Retour sur 30 ans de recherche et de progrès médical
1980 : apparition de l’épidémie du virus du Sida
Compréhension des modes de contamination
Années 1990 : les femmes infectées sont dissuadées de mener une grossesse. En 1994, l’American Fertility Society préconise l’insémination artificielle ou l’adoption d’un enfant (Comité d’éthique de la fécondité américaine Society)
Des programmes sont déployés mais ils ne satisfont pas les couples sérodiscordants qui souhaitent des enfants de leur lignée.
Toujours dans les années 90 les traitements antirétroviraux réduisent les risques de transmission de mère à enfant de de 25 à 8% puis à 1 % en 2001.
En 1996 la thérapie hautement antirétrovirale (HAART) fait considérablement évoluer les pronostics de l’infection. Associée au lavage de sperme cette technique réduit à près de 0 le risque de transmission à la partenaire.
Début des années 2000 les recherches permettent de mieux comprendre l’origine du HIV-1 dans le sperme et les facteurs qui déterminent sa diffusion et son infectiosité
Fin des années 2010, des scientifiques s’interrogent sur la possibilité d’une conception naturelle.
De nouvelles molécules sont développées.
Des protocoles très précis sont mis au point pour tous les cas de figure, femme séropositive et homme séronégatif (couple serodiscordant), homme séropositif et femme non infectées, les deux partenaires séropositifs (couple seroconcordants). 
Aujourd’hui, les auteurs estiment qu’il n’existe "aucune raison de refuser un projet parental à des couples sérodiscordants. Si un centre ne peut pas proposer de tels soins, il doit adresser le couple dans une structure qui maîtrise les différentes alternatives possibles. Enfin si la procréation intraconjugale n’est pas possible, des options telles que le don de sperme ou d’ovocytes ou l’adoption de l’enfant doivent être proposées au couple."

Les auteurs soulignent l’importance pour les médecins d’apporter une information objective aux couples afin de leur offrir les plus grandes chances de devenir parents tout réduisant au maximum le risque de transmission du virus. "Les couples seront ainsi capables de choisir librement le mode de conception le plus approprié pour eux. " concluent les praticiens

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