Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Simuler un attentat ou une tempête pour préparer aux situations d’urgence 

Après l’impressionnant déploiement du “Shelter”, hôpital mobile du CHU de Toulouse, ce fut au tour du projet “SENS” d’être présenté lors de la dernière édition de SantExpo. SENS, ou autrement dit un centre de simulation environnementale et neurosensorielle de 140 m2, ayant la capacité de recréer diverses situations extrêmes pour préparer au mieux les professionnels de l’urgence à des crises majeures. Un projet attendu sur le site de l’hôpital Purpan en 2024.

Apporter une réponse à la catastrophe, tel est l’objectif du CHU de Toulouse qui cherche à renforcer encore un peu plus son expertise des situations d’urgence. C’est en tous cas ce que nous confie Jean-Francois Lefebvre, son Directeur Général du CHU, lorsque nous l’interrogeons sur le curieux dôme qui vient tout juste d’être dévoilé : « La médecine de catastrophe est la spécialité du CHU, elle s’est révélée il y a cinquante ans par la création du premier SAMU en France. Il y a une vraie culture de l’urgence et de la gestion de situations exceptionnelles. »

Le dôme SENS en est donc une nouvelle fois la preuve puisqu’on parle ici d’un bâtiment conçu dans le but de simuler divers scénarios de danger imminent ou d’urgence extrême (catastrophes naturelles, attentats, attaques chimiques). Une première mondiale. Ses capacités sont, sur le papier, saisissantes. Grâce à une salle de supervision et d’un système informatique ergonomique, les divers espaces du site seront en capacité de mettre en éveil l’ensemble des sens (toucher, odorat, vue, ouïe) dont est doté le professionnel qui y sera confronté, mais aussi proposer une multiplicité d’environnements (urbain, industriel, rural, intérieur ou extérieur, jour ou nuit), de types de patients, de pathologies, ou encore de modélisations de soins

Le dôme SENS. Crédit photo : Cegelec Défense

De manière concrète, il est tout à fait possible d’obtenir une température variant entre -5 à +30 °C selon le scénario choisi, de faire succéder le vent à la pluie, avant que cette dernière ne se transforme en (vraie) neige. Les concepteurs du projet misent sur le réalisme des situations, allant jusqu’à diffuser certaines odeurs inhabituelles comme celles du sang ou des cheveux brûlés. Un brassage de conditions intenses et propices au stress.

Un projet d’envergure qui prend tout son SENS

Ce bâtiment avant-gardiste a en réalité été créé en réponse à la dernière crise sanitaire. Aussi, la multiplication de catastrophes naturelles, humaines ou industrielles ont poussé le CHU de Toulouse à reconsidérer les entraînements des professionnels pré-hospitaliers. Si le dôme ambitionne de recevoir jusqu’à quinze apprenants dès le début de l’année prochaine, il sera également utilisé dans le cadre de psychothérapies pour des patients en situation de stress post-traumatique, trouble prolongé et handicapant qui touche notamment 25% des patients ayant souffert d’infections respiratoires graves. Les services de psychiatrie du CHU de Toulouse se sont alliés avec les équipes du dôme pour permettre une « thérapie d’exposition neurosensorielle », prise en charge qui permettrait au patient d’affronter une situation de stress précise pour réduire son système d’alarme. 

Le dôme SENS vu de l'entrée du site. Crédit photo : Cegelec Défense

Cegelec Défense, partenaire du CHU dans la gestion de crise 

Fort d’une collaboration fructueuse avec Cegelec Défense Mobile Technical Units et la mise en place de trois hôpitaux mobiles (« Shelter »), financés grâce au programme européen Interreg Poctefa, le CHU de Toulouse remet donc le couvert avec le dôme SENS. Pour ce nouveau projet, Cegelec Défense apporte un savoir-faire et une expertise en matière de simulation et de technologies associées dans des environnements sensibles. Un partenariat fructueux donc, « 100% Français » comme tient à le préciser Jean-François Lefebvre. Le projet est cofinancé à hauteur de 3,5 M d’euros par le Programme opérationnel FEDER-FSE Midi-Pyrénées et Garonne. 

Le dôme doit être officiellement présenté au Congrès mondial de la Médecine d’Urgence et de Catastrophe à Toulouse en avril 2024. 

 
Océane Rolland 

Commentaires

Il n’y a pas encore de commentaire pour cet article.

Sur le même sujet

L’ICI, nouveau temple de la cancérologie

Le CHU de Brest vient d’inaugurer son nouvel Institut de Cancérologie et d’Imagerie, surnommé ICI. Ce centre, promesse d’un hôpital centré sur l’humain et doté d’une technologie de pointe, est amené à devenir l’un des fers de lance européens dans le traitement du cancer, avec une capacité de 50 000 patients par an.

Dossier : La maladie de Parkinson 

Décrite pour la première fois dans An Essay on the Shaking Palsy (1817) par James Parkinson, un médecin anglais, la maladie de Parkinson, mentionnée souvent en abrégé « Parkinson », est une maladie neurodégénérative irréversible d’évolution lente. La maladie s’installe ainsi au cours d’une longue phase asymptomatique de plusieurs années. Les premiers symptômes ne se font en effet ressentir que lorsque 50 à 70% des neurones dopaminergiques du cerveau sont détruits. Ils se déclarent essentiellement progressivement sous la forme d’un tremblement de repos, d’un ralentissement des mouvements et d’une raideur musculaire. Néanmoins, de nombreux troubles moteurs et non moteurs peuvent s’ajouter à la liste, devenant de réels handicaps dans le quotidien de ceux qui la subissent.

Voici comment le CHU de Rennes agit pour contrer Parkinson

Ce jeudi 11 avril a lieu la Journée internationale de la maladie de Parkinson. L’occasion pour les CHU de valoriser leur implication sur ce sujet, notamment à travers les Centres Experts Parkinson (CEP) affiliés. Le Centre Hospitalier Universitaire de Rennes ne manque pas à l’appel, mettant en valeur des actions qui garantissent à la fois une offre diagnostique simplifiée et une prise en charge multidisciplinaire, adaptée au profil de chaque patient.

L’IHU toulousain dédié au vieillissement officiellement lancé

L’Institut Hospitalo-Universitaire HealthAge a officiellement été lancé le 2 avril à Toulouse. Porté par le CHU, l’Inserm et l’Université Toulouse III – Paul Sabatier, cet IHU, le seul exclusivement dédié au vieillissement en France, se donne pour ambition de contribuer au vieillissement en bonne santé des populations et de devenir le centre de référence européen en Géroscience.

Un patient Parkinsonien entreprend le tour du monde à la voile 

Le 10 septembre dernier a retenti le “top départ” des quatorze monocoques participant à l’Ocean Globe Race 2023, une course à voile en équipage autour du monde. A bord du voilier Neptune, deux personnages : le Dr Tanneguy Raffray, ophtalmologue à la retraite, et Bertrand Delhom, ancien moniteur de voile atteint de la maladie de Parkinson. Leur aventure, jalonnée de nombreux défis, est suivie de près par plusieurs professionnels de santé du CHU de Rennes, dont l’avis est à entendre dans le podcast “Qui ose vivra !”