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Télémédecine : à la rescousse des marins du monde entier

Le Centre de consultation médical maritime est situé dans les locaux du SAMU 31. Crédit Photo : Adrien Morcuende / Réseau CHU
Elle a beau se trouver à une heure et demie de la Méditerranée, Toulouse est scrutée par les marins du monde entier. La ville rose, plus précisément le centre d’urgence médicale de l’hôpital Purpan, abrite le Centre de consultation médicale maritime français. Chaque jour, ce SAMU des océans vient en aide aux professionnels de la mer aux quatre coins du globe. Immersion dans ce lieu largement méconnu du grand public.

Nougaro, l’aérospatial, le Capitole, son équipe de rugby ou encore son quart d’heure de retard courtois font la réputation de Toulouse depuis des décennies. A cette liste évidente, pourrait se rajouter le Centre de Consultation médical maritime, rarement évoqué car inconnu de la plupart des gens, y compris des Toulousains eux-mêmes. Ce centre, le seul en France, soigne pourtant, grâce à la télémédecine, des marins partout à travers le monde. “Mais il n’y a pas de mer à Toulouse !!? Pourquoi pas Marseille, Nice ou autre cité qui respire la côte ?” Avant une plongée au sein du pavillon Louis Lareng, dont les murs accueillent le CCMM depuis 1983, petite mise au point sur les causes de cette implantation géographique (à première vue) déroutante.

Une initiative signée Louis Lareng, fondateur du SAMU

“C’est une histoire très ancienne”, lance le Dr Patrick Roux, médecin responsable du CCMM visiblement rodé à l’exercice. “Les premières consultations à destination de l’aide médicale en mer se font à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. La seule station qui faisait des ondes courtes en France se trouvait à Saint-Lys, une commune à vingt kilomètres de Toulouse. Cette radio s’appelait Saint-Lys et donc, quand un navire appelait pour un problème médical, la règle avait été de basculer l’appel à l’internat”, développe Patrick Roux. Il nous apprend que dans les années 50-60, un des jeunes médecins de temps en temps sollicité pour prendre les appels venus du large s’appelle Louis Lareng. Lorsque ce dernier, quelques années plus tard, fonde le SAMU de Toulouse, il donne pour consigne aux opérateurs radios de transférer l’appel “non plus vers l’internat où la réception était très aléatoire, mais vers le SAMU où il invente la régulation, avec la présence de quelqu’un derrière un téléphone 24h/24 et d’un médecin pour prendre une décision.” 

1983, date à laquelle se fixe l’organisation de l’aide médicale en mer, et 1995, année de désignation officielle du CCMM toulousain comme centre national, viennent pérenniser cette expérience historique. 

Une téléconsultation pour suivre, diagnostiquer et prescrire

Retour à l’été 2022, dans le pavillon Louis Lareng (tout s’explique !) de l’hôpital Purpan. Des yeux rivés sur les écrans, des téléphones souvent collés à l’oreille, ces images se répètent au gré des sonneries qui rythment le quotidien du centre de réception et de régulation des appels du centre 15 de Haute-Garonne. Et il n’est pas rare que l’un de ces appels provienne d’un navire situé au beau milieu de l’océan. “Le rôle de l’auxiliaire de régulation médicale va être d’identifier le navire, d’identifier le patient pour lequel on est sollicité, et le motif de l’appel : est-ce que c’est un patient qui est blessé ? Est-ce que c’est un patient qui est malade ? Faire une première évaluation du niveau de gravité, et ensuite d’orienter l’appel vers le CCMM.”

A quelques mètres de là, dans un petit bureau où planisphère et affiches marines ornent les murs, le Dr Christophe Pauron est sur le pont. Et depuis qu’il a pris son quart, le médecin a eu de quoi faire. “ On a eu deux appels coup sur coup, un pour un accident avec un marin qui a une paraplégie au large de l’Espagne, qu’il va falloir évacuer avec la mise en route d’une aide à l’international, et puis un autre pour un marin tombé à la mer et qui a été récupéré au large des côtes bretonnes.”, raconte-t-il. S’en suit une ouverture de mail contenant une photo d’infection cutanée ayant évolué en abcès. C’est en se basant sur les données médicales envoyées par le responsable des soins à bord, que le Dr Pauron a posé un diagnostic à l’issue d’une consultation : “ On peut être confrontés à de la consultation un peu longue avec un suivi, ou de la réactivité immédiate sur des urgences aiguës ou des choses qu’il faut traiter immédiatement.” 

Si le CCMM peut prendre en charge “n’importe qui, n’importe où, dans n’importe quelle circonstance” (…) de la carie dentaire à l’arrêt respiratoire”, c’est bien au responsable des soins à bord du bateau qu’incombe, comme son titre l’indique, la mission de traiter le malade/blessé.

Deux cent journées de formation par an

Les soins sont donc réalisés, hors cas graves impliquant un déroutage du navire, en mer, sous la supervision du CCMM. Et lorsqu’ils ne sont pas au bout de la ligne, les médecins du Centre toulousain assurent, conformément à un arrêté datant de juillet 1999,  une partie de la formation au soin. “Il y a une formation au secourisme. Ce sont tous les gens qui ont un Premier secours en équipe de niveau 2 (PSE2)  qui ont ensuite deux journées de formation à la consultation médicale maritime.”, explique le Dr Patrick Roux. En 2021, cette activité a représenté un volume de deux cents heures. Pour les marins qui suivent cette formation, ils savent qu’elle n’est acquise que pour une durée de cinq ans, période au bout de laquelle tous doivent re-valider leurs connaissances via un stage d’une semaine – et où un médecin du CCMM intervient une journée. “Il faut savoir que s’ils ne valident pas cette formation, ils perdent leur brevet, ils ne peuvent plus naviguer, ce qui est quand même exceptionnel. Je ne connais pas beaucoup de professions où, tous les cinq ans, on vous dit “remettez en cause vos compétences” ! 

Adrien Morcuende

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