Le prestigieux New England Journal of Medicine (1) du 20 février 2014 rend compte de l’efficacité d’un nouveau traitement contre la tumeur cérébrale appelée glioblastome. Il s’agit du bevacizumab, (Avastin, Laboratoire Roche) qui, associé au traitement classique par radiothérapie et chimiothérapie, augmente de l’ordre de 70% la durée de contrôle de la maladie. C’est ce que vient d’établir l’étude Avaglio menée depuis 2005 auprès de 921 patients inclus dans le monde dont 120 en France.
Le suivi international des patients a été conduit par le Pr Olivier Chinot, chef du service de neuro-oncologie à l’hôpital de la Timone (AP-HM), Professeur à la faculté de Médecine (Aix-Marseille Université)
Forme de tumeur cérébrale, le glioblastome est le cancer primitif du cerveau le plus fréquent chez l’adulte et également le plus agressif. Il touche généralement les personnes entre 50 et 70 ans. Difficiles à soigner, les glioblastomes sont associés à une dégradation fonctionnelle et intellectuelle rapide lors de leur progression.
L’étude Avaglio rapporte le premier progrès depuis 2005 dans le traitement de patients Elle démontre que l’anti-angiogénique, le bevacizumab, (Avastin, Laboratoire Roche) augmente significativement la durée de contrôle de la maladie (de l’ordre de 70%), quand il est associé au traitement classique par radiothérapie et chimiothérapie.
Durant cette phase de contrôle de la maladie, le patient maintient son autonomie, sa qualité de vie, et ses capacités cognitives. La toxicité additionnelle de ce traitement apparaît acceptable.
Cette étude est une première étape
Des analyses complémentaires sont en cours pour savoir quels patients peuvent bénéficier de ce traitement, s’il doit être utilisé d’emblée ou en cas d’échappement au traitement standard.
Dans une autre étude, les équipes marseillaises ont déjà identifié un marqueur potentiel, mesurable dans le sang avant tout traitement, qui pourrait répondre à cet objectif. (Ces travaux viennent de faire l’objet d’une publication 2)
Ce progrès est le fruit d’un travail collectif international, impliquant 120 centres et 23 pays, dans lequel la France a été particulièrement active : 921 patients inclus dans le monde dont 120 en France.
Le pilotage de cette étude internationale par un médecin de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) et Aix-Marseille Université (AMU) souligne la dynamique des équipes hospitalo-universitaires marseillaises dans cette discipline et dans la recherche clinique en général. L’AP-HM et AMU démontrent encore une fois par cette publication l’excellence de leurs équipes hospitalo-universitaires et le positionnement de référence de ces Institutions jusqu’au niveau international.
Développé depuis plus de 15 ans, les tumeurs cérébrales constituent un axe de soins et de recherche regroupant de nombreux médecins, chirurgiens, chercheurs et une association de malades (l’ARTC Sud), qui travaillent pour identifier et tester les progrès de demain. Ces équipes ont récemment été labellisées dans le cadre du SIRIC de Marseille (Site de Recherche Intégrée sur le Cancer en partenariat avec l’Institut Paoli Calmettes) par l’Institut National du CAncer.
Le service de neuro-oncologie de l’Hôpital de la Timone
Ce service de neuro-oncologie, intégré au pôle neurosciences cliniques, est spécialisé dans la prise en charge des tumeurs cérébrales. Ces tumeurs sont des pathologies lourdes par leur morbidité, complexes dans leur approche diagnostic et de suivi, et rares (5 000 nouveaux cas par an).
A l’hôpital de la Timone, leur prise en charge est coordonnée grâce à l’expertise d’une équipe pluridisciplinaire qui élabore la meilleure approche diagnostique et thérapeutique : neurochirurgiens, neuro-oncologues, radiothérapeutes, anatomopathologistes …
Avec 700 patients traités par an dont 240 nouveaux cas, le service marseillais est le deuxième centre de soins en France pour cette pathologie. Il est labélisé par l’Institut National du Cancer comme centre de référence pour certaines tumeurs rares (oligodendrogliomes anaplasiques, réseau POLA ; lymphomes primitifs du cerveau, réseau LOC). Cette dynamique lui permet également d’être un acteur important de la recherche clinique, comme le souligne la publication de cette étude.
En savoir plus : http://fr.ap-hm.fr/service/neuro-oncologie-hopital-timone
1 Références New England Journal of Médicine
Bevacizumab Plus Radiotherapy/Temozolomide for Newly Diagnosed Glioblastoma
Olivier L. Chinot, MD; Wolfgang Wick, MD; Warren Mason, MD, FRCPC; Roger Henriksson, MD; Frank Saran MD; Ryo Nishikawa, MD; Antoine F. Carpentier, MD, PhD; Khe Hoang-Xuan, MD, PhD; Petr Kavan, MD, PhD; Dana Cernea, PhD; Alba A. Brandes, MD; Magalie Hilton, MSc; Lauren Abrey, MD; and Timothy Cloughesy, MD
N Engl J Med 2014 ;370 :709-222 Association of matrix metalloproteinase 2 plasma level with response and survival in patients treated with bevacizumab for recurrent high-grade glioma.
Tabouret E, Boudouresque F, Barrie M, Matta M, Boucard C, Loundou A, Carpentier A, Sanson M, Metellus P, Figarella-Branger D, Ouafik L, Chinot O.
Neuro Oncol. 2013 Dec 9. [Epub ahead of print]PMID: 24327581[PubMed – as supplied by publisher]