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UHSI de Nancy : l’hôpital des détenus

UHSI : aux personnels site de Brabois, le sigle évoque un bâtiment derrière la tour Drouet entouré par un haut mur de béton sur lequel se dressent des sortes « d'ailerons de requin » en métal. Pour les initiés, il s'agit de l'hôpital des détenus. Dans cette Unité Hospitalière Sécurisée Interrégionale, ouverte depuis début 2004 (la première en France), cohabitent trois corps d'état : la Police Nationale pour filtrer les entrées et accompagner tout déplacement de patients, la Pénitentiaire pour surveiller le premier étage et enfin la Santé pour les soins prodigués aux occupants. Cette situation, justifiée par le statut pénal des patients, explique aussi des particularités dans le fonctionnement de la structure.

UHSI : aux personnels site de Brabois, le sigle évoque un bâtiment derrière la tour Drouet entouré par un haut mur de béton sur lequel se dressent des sortes « d’ailerons de requin » en métal. Pour les initiés, il s’agit de l’hôpital des détenus.
Dans cette Unité Hospitalière Sécurisée Interrégionale, ouverte depuis début 2004 (la première en France), cohabitent trois corps d’état : la Police Nationale pour filtrer les entrées et accompagner tout déplacement de patients, la Pénitentiaire pour surveiller le premier étage et enfin la Santé pour les soins prodigués aux occupants. Cette situation, justifiée par le statut pénal des patients, explique aussi des particularités dans le fonctionnement de la structure.

Tout y est divisé par trois : vestiaires, salles de repos, etc. Pour autant les différentes équipes collaborent au bon fonctionnement de l’unité allant même jusqu’à utiliser un jargon parlé nulle part ailleurs. Exemple : pour la Police Nationale et la
Pénitentiaire les patients restent des détenus quel que soit leur état de santé et ils sont hébergés dans des cellules. Pour les personnels soignants, ils sont des patients hébergés dans des chambres. Un compromis linguistique a été trouvé et sur place on dit CC, « chambre sécurisée».

L’établissement du CHU de Nancy est mixte, ouvert aussi aux mineurs qui purgent des peines de prison et il prend en compte toutes les pathologies confirmées à l’exception de la maternité, de la réanimation et de la psychiatrie. Depuis l’ouverture, tous les personnels de santé exerçant à l’UHSI sont volontaires. Les postulants doivent faire preuve d’une polyvalence professionnelle basée sur une connaissance effective du milieu hospitalier. Leurs activités quotidiennes les conduisent à suivre des règles particulières :
– travail dans un environnement sécurisé (barreaux aux fenêtres, portes verrouillées, dispositif de contrôle aux entrées et aux sorties)
– ouverture des portes de chambre par les agents de l’Administration Pénitentiaire
– visite des chambres toujours à deux pour les infirmières : la sécurité est assurée par les agents de l’Administration Pénitentiaire.
– sortie des patients systématiquement encadrée par des policiers (maximum deux sorties vers les services du CHU simultanées le jour mais une seule autorisée la nuit)

Dans de telles circonstances, le rappel des consignes de sécurité est obligatoire et systématique pour l’ensemble des personnels de santé qui tous les jeudis matins participe à une revue sanitaire et une ou deux fois par trimestre à une réunion de service. Les médecins de l’UHSI assurent également les consultations quotidiennes de soins à la maison d’arrêt Charles III de Nancy dans le cadre de l’UCSA : Unité de Consultations et de Soins Ambulatoires. D’ailleurs, en novembre prochain, les UCSA de l’Est de la France (Champagne Ardenne, Alsace et Lorraine) se rassembleront à Nancy pour travailler sur le thème de « La femme et la détention ».

Pour le docteur Patrick Peton, chef de service, il est temps de dresser un premier bilan après 3 ans de fonctionnement : « Oui, nous nous sentons une équipe à part entière de l’hôpital même si certains en doutent. Nous sommes rattachés depuis le mois de janvier au pôle Urgences du CHU alors qu’il n’y a pas d’accueil spécifique aux détenus dans ce service et c’est une de mes priorités. Comme le taux d’occupation de l’UHSI est de l’ordre de 70 à 80 %, nous avons élargi notre compétence territoriale et désormais le département de l’Aube y a aussi accès au même titre que la Lorraine, l’Alsace et la Haute-Marne. S’il y a une prise de conscience au niveau des tutelles de la spécificité des questions de santé liées à la population carcérale, il reste encore beaucoup à faire et en particulier dédier des médecins hospitaliers aux prisons. »

En attendant, ces Unités Hospitalières Sécurisées n’existent qu’en France et celle de Nancy a reçu des visiteurs étrangers japonais, russes ou britanniques. Les équipes ne ménagent ni leurs efforts ni leur disponibilité pour donner à leurs patients la même qualité de soins qu’aux autres. Dans cet univers clos installé au sein du CHU de Nancy qui revêt parfois lui aussi des allures de citadelle imprenable, tous les détails ont leur importance : aux appellations fonctionnelles par lettre A, B ou C données aux couloirs par la Pénitentiaire, l’équipe de soins a préféré des noms de cités bretonnes…

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