Urgences : 3 fois plus de décès de patients opérés dans les pays à faible revenu

Un risque de mortalité trois fois supérieur pour les patients opérés en urgence dans les pays à faible revenu. Cette inégalité flagrante a été révélée par une étude internationale conduite dans 58 pays auprès de 10 745 patients. En France, le CHU de Rennes par l’intermédiaire du Dr Alexis Arnaud, assurait la mission de coordonnateur national. Les résultats des travaux ont été publiés dans le British Journal of Surgery.
Un risque de mortalité trois fois supérieur pour les patients opérés en urgence dans les pays à faible revenu. Cette inégalité flagrante a été révélée par une étude internationale conduite dans 58 pays auprès de 10 745 patients. En France, le CHU de Rennes par l’intermédiaire du Dr Alexis Arnaud, assurait la mission de coordonnateur national. Les résultats des travaux ont été publiés dans le British Journal of Surgery.
L’étude a relevé la corrélation entre le taux de mortalité post opératoire et l’Index de Développement Humain (HDI) de chaque pays
"Avec 10 745 patients inclus dans 58 pays participants et des données postopératoires relevées jusqu’au 30ème jour post opératoire, les résultats de l’étude sont sans appel : le taux de décès était 3 fois plus élevé dans les pays à faible revenu que dans les pays à haut revenu, même après ajustement pour les facteurs pronostiques tels que le diabète ou le tabagisme". est-il précisé dans le communiqué
Inégalité d’accès à une chirurgie et inégalité de suivi
Moins d’un tiers de la population mondiale a accès à une chirurgie rapide, sécurisée et à un coût acceptable. Seulement 6% des 300 millions d’interventions chirurgicales réalisées chaque année ont lieu dans les pays à faible ou moyen revenu, malgré le fait qu’un tiers de la population mondiale y habite. Les taux de mortalité chirurgicale sont relevés dans les pays à haut revenu comme les pays européens ou les USA, mais il y a peu ou aucune surveillance dans près de 70% des pays à faible ou moyen revenu.
Améliorer la sécurité du patient et comprendre les facteurs qui influencent les suites opératoires
Selon l’équipe créatrice du projet, l’étude démontre la nécessité d’améliorer la sécurité du patient dans les pays à faible revenu et de revoir l’utilisation de la checklist chirurgicale – le critère standard de sécurité hospitalière. 
Dr Aneel Banghu, de l’Université de Birmingham, explique que l’association entre augmentation de mortalité et faible niveau de revenu d’un pays peut être expliquée par des différences de pronostic, de traitement ou des deux. L’étude souligne une différence significative entre les pays et le besoin urgent de la régler. Le Dr Ewen Harrison de l’Université d’Edinbourgh, insiste sur l’importance de collecter ces informations pour comprendre ce qui influence l’évolution postopératoire : «l’amélioration de l’accès et de la sécurité chirurgicale ne peut être atteinte que si nous comprenons bien ce qui influence les résultats postopératoires à une échelle mondiale ». 
Focus sur l’appendicectomie, l’intervention abdominale la plus fréquemment réalisée en urgence 
L’équipe a aussi analysé le type de chirurgie réalisée. Ainsi, sans tenir compte du niveau du pays, l’intervention abdominale la plus fréquente en urgence était l’appendicectomie. La population pédiatrique a d’ailleurs été le sujet d’une analyse particulière dont les résultats sont en cours de soumission. Pour cette étude, il a été développé un nouveau modèle de collecte de données, formant un réseau de collaboration internationale de médecins sous le nom de « GlobalSurg ». Dr Edward Fitzgeral, du comité GlobalSurg, ajoute qu’ « en créant un réseau international de chirurgiens, il a été possible de collecter des données au lit du malade pour évaluer les résultats chirurgicaux. Nous avons changé le modèle classique de recherche et recruté des collaborateurs par les réseaux sociaux ». 
La France était prenante de ce nouveau modèle d’étude internationale grâce au CHU de Rennes qui a assuré la coordination et le suivi quotidien des travaux, recruté les centres investigateurs, géré les questions éthiques et administratives. 
L’équipe GlobalSurg espère que les études en cours et futures permettront de trouver des cibles pour améliorer la sécurité des interventions chirurgicales dans tous les pays du monde. 
Les 58 pays participants étaient : Argentine, Australie, Autriche, Bangladesh, Benin, Brunei, Brésil, Cambodge, Cameroun, Canada, Chili, Chine, Colombie, Croatie, République Dominicaine, Egypte, Ethiopie, Finlande, France, Ghana, Grèce, Guatemala, Hong Kong, Inde, Indonésie, Irak, Irlande, Italie, Libye, Lituanie, Malawi, Malaisie, Malte, Martinique, Mexique, Mozambique, Nouvelle Zélande, Nigeria, Norvège, Oman, Pakistan, Paraguay, Pérou, Portugal, Réunion, Roumanie, Rwanda, San Marin, Arabie Saoudite, Afrique du Sud, Espagne, Sri Lanka, Soudan, Suède, Suisse, Tanzanie, Turquie, Royaume Uni, Etats Unis, Zambie.

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