Urgences : “La régulation médicale apparaît comme une solution pertinente pour garantir la qualité de la prise en charge”

Responsable d’une “mission flash” d’un mois pour les urgences - déjà contestée par plusieurs organisations qui craignent un énième rapport sans réelle traduction en actes -, François Braun était présent quelques jours auparavant au Salon Santexpo pour parler du Services d’accès aux soins. Le Chef du pôle Urgences santé mentale au CHR de Metz-Thionville et président de Samu-Urgences de France voit dans le SAS, déjà déployé sur vingt-deux sites pilotes en France, qu’il une solution de désengorgement efficace des urgences. Explications.

Quel regard portez-vous sur la situation actuelle des urgences en France ? 

Nous avons actuellement une situation extrêmement critique au niveau des services d’urgences avec au moins 1,5 à 2 établissements sur les six cents et quelques en France qui se trouvent en grande difficulté ou en phase de fermeture par manque de personnel. La régulation médicale apparaît donc comme une solution extrêmement pertinente pour continuer à garantir la qualité de la prise en charge, essentiellement dans les situations d’urgence vitale ou d’urgence fonctionnelle. 

Qu’est-ce que le SAS et quel est son rôle ? 

Le Service d’Accès aux Soins, le SAS donc, relève du principe d’une porte d’entrée unique pour toute personne qui considère qu’elle a une situation d’urgence. Porte d’entrée unique va orienter vers différents types de réponses, vers différents parcours de soins, les plus adaptés à la demande. Cette adaptation du parcours de soin est faite par un médecin régulateur qui, classiquement dans les SAMU, est un médecin régulateur urgentiste, mais qui dans le SAS va pouvoir être un médecin régulateur généraliste, voire un psychiatre, voire, pourquoi pas, un gériatre. 

Avant d’avoir affaire au SAS, on compose le 15 ? 

Alors le SAS c’est le 15 quelque part. C’est l’évolution de la régulation médicale du SAMU en n’étant pas uniquement basée sur l’aide médicale urgente mais en y associant la médecine générale. Pourquoi ? Parce qu’on sait très bien que beaucoup de personnes se précipitent vers les urgences pensant avoir un problème de santé qui relève des urgences. Or, lorsqu’on a l’apparition de symptômes de façon urgente, dans la plupart des cas cela peut être simplement traité par un médecin généraliste ; cela sera d’ailleurs mieux traité par un médecin généraliste que par un service d’urgences surchargé.

Crédit photo : Réseau CHU

Comment est né le SAS et combien en existe-t-il en France ? 

Le SAS, c’est la mise en place de sites pilotes à l’issue des travaux du pacte de refondation des urgences, travaillé avec la ministre Agnès Buzyn. Ses vingt-deux sites pilotes ont été mis en place il y a un peu plus d’un an maintenant. Ils sont amenés, après une phase d’évaluation, à se généraliser. Toute la la population française (actuellement c’est 40%), l’ensemble des départements vont déployer ce Service d’Accès aux Soins.

Le SAS relève-t-il uniquement de l’aide médicale urgente ?

Il peut toujours répondre de la filière de l’aide médicale urgente et de la médecine générale, mais s’y greffent au fur et à mesure des filières comme la psychiatrie que nous sommes en train de déployer (c’est déjà le cas à Lille et à Rennes par exemple), le centre anti-poison (comme à Bordeaux), ou les plateformes territoriales d’appui (comme à Poitiers). On voit qu’il y a des possibilités extrêmement étendues.

Qu’en est-il des résultats observés dans le SAS de Moselle ?

On a pu constater une augmentation d’un peu plus de 20% de l’activité sans augmentation parallèle de passages aux urgences, donc on considère que le SAS joue son rôle, d’autant que les appels pris en charge par nos collègues médecins généralistes représentent six appels sur dix. Ces appels ont majoritairement pour réponse un simple conseil médical qui n’est pas d’aller aux urgences, et c’est un des objectifs du SAS.

Adrien Morcuende 

Cette interview a été réalisée le mardi 17 mai, soit quelques jours avant que François Braun soit nommé responsable de la “mission flash” voulue par Emmanuel Macron. 

Commentaires

Il n’y a pas encore de commentaire pour cet article.

Sur le même sujet

Dossier : L’obésité

Elle concerne 17% des adultes en France, a des origines multiples et peut entraîner de nombreuses complications – cardiovasculaires, hépatiques, rénales, respiratoires, dermatologiques, cancers, diabète – : cette maladie, c’est l’obésité. Alors que la journée mondiale le l’obésité a eu lieu le le 4 mars, la rédaction a souhaité lui consacrer un dossier.

CHU de la Réunion, se préparer au cyclone

Au cours de la nuit du 20 au 21 février dernier, l’île de la Réunion a évité le choc qu’aurait pu causer le cyclone baptisé Freddy, finalement passé à environ 190 km de ses côtes. Face à l’alerte orange, le CHU de la Réunion a lancé son plan cyclone pour anticiper les conséquences d’une potentielle catastrophe. Retour sur les mesures mises en place.

MARADJA, une décennie à accompagner les jeunes atteints de cancers

En France, environ neuf cent adolescents (15-18 ans) et mille quatre cent jeunes adultes (18-25 ans) sont touchés chaque année par le cancer. Au CHU de Bordeaux, un lieu particulier leur est destiné, MARADJA (Maison Aquitaine Ressources pour Adolescents et Jeunes Adultes), qui fête ses dix ans. Nous y avons rencontré Lucile Auguin, traitée à vingt-trois ans pour une leucémie aiguë.

Lactarium Raymond Fourcade, la page se tourne à Bordeaux

Le 5 décembre dernier, sur le site de l’hôpital Haut-Lévêque (Pessac), était posée la première pierre du futur Lactarium Raymond Fourcade. Le projet qui sera livré l’an prochain, 1200 m2 de bâti neuf doté d’équipements dernier cri, doit venir “conforter la place du CHU de Bordeaux comme le plus important lactarium au niveau national” ; et prendre le relais de l’actuel site de production basé à Marmande (Lot-et-Garonne), en fonctionnement depuis près d’un demi-siècle et que le CHU avait acquis en 2012.